Après trois mois de transition assurée par Oumar Togola, le village de Diogo a enfin un nouveau chef. C’est Bakary N’Golo Coulibaly. Il a été intronisé le dimanche 27 février 2022 dans une ambiance festive marquée par des centaines de coups de fusil, de tam-tam, de chant et de danse. Un honneur digne d’un chef de village de Diogo. C’était sous la supervision des représentants des villages, des invités venus de contrées lointaines, pour témoigner le passage de pouvoir traditionnel de Diogo.
Le nouveau chef de village Bakary N’Golo Coulibaly est un aventurier qui s’était installé en Côte d’Ivoire précisément à Tingréla depuis sa jeunesse où il avait fondé une famille. Puisque dans la tradition de la chefferie de Diogo nul n’est ignoré, il s’est rendu à Diogo pour porter la couronne de chef de village pour le restant de sa vie. Il a été intronisé après trois mois de transition suite au décès de Bamadou Coulibaly. La chefferie de Diogo est inédite. Elle est assurée par une lignée de Coulibaly mais la transition est assurée par une famille Togola. Pour l’intronisation de Bakary N’Golo, rien n’a été occulté. Il a bénéficié de tous les honneurs et des rites dont ses prédécesseurs ont bénéficié. Le dimanche 27 février, Diogo était plein à craquer. C’est dans la nuit de dimanche que les choses commencent jusqu’au matin. A une certaine heure de la nuit, tout le monde est sommé de rentrer chez soi. C’est le moment d’une étape qu’on appelle ‘’TJIRISSI’’ (en français attachement de paille). Gare à celui qui pointe la tête sans être dans ce secret. Il s’agit de l’aménagement d’une statuette confectionnée en paille mais à un seul pied. Un mystère qui frappe les cœurs mais bon à regarder. Tôt le matin, ils appellent les gens à aller voir. Juste après ce moment, le chef de village se rend à la place publique pour distribuer des cauris, symbole fortune. A partir de cela on connaît le successeur du chef car, celui qui porte son sac de cauris le succède. Pendant cette distribution de cauris, les gens se bousculent, chacun voulant en avoir pour ses besoins ou ses vœux.
Après le repas, à 14 heures, démarre la cérémonie d’intronisation. Tous ensemble, autochtones et invités sur la place publique. Le chef de village depuis sa maison avait fini de se préparer, paré de ses habits de chef et coiffé d’un bonnet mystique. Ce bonnet hors du commun nous a-t-on dit, est extrêmement lourd. Difficile de le soulever par une seule personne. Seules les incantations mysthyques et les bruits assourdissants des fusils aident le chef du village à tenir ce fardeau. A la place publique, avant de s’asseoir, il fait trois fois le tour des tombeaux des chefs de village décédés. Le chef de village de Diogo est intronisé sur la peau de bœuf mais pas n’importe quel bœuf. C’est pendant les trois mois de transition que cela est recherché partout avant la fin de la transition. Intronisé, le chef de village a l’obligation d’être stable. Fini les déplacements dans les villages voisins, même pas la foire. Il détient ainsi la clé du village.
Salif Togola rassure des invités
En cette période de nouvelles technologies de l’information et de la communication, beaucoup d’invités craignaient de faire des images. Il a fallu l’autorisation de Salif Togola, une des figures de proue de l’organisation, pour rassurer les gens.
Drissa Togola
Source : Le Challenger