D’abord, aucune liberté d’expression ne peut justifier “le droit de blasphémer” le prophète d’une religion, encore moins de l’islam, dont les fidèles s’interdisent catégoriquement la représentation de Mohamed sous quelque forme que ce soit. Faut-il rappeler que l’acceptation des uns et des autres passe nécessairement par le respect réciproque des préceptes de nos cultures et croyances. L’harmonie de notre vivre-ensemble nous y commande.
Ces caricatures du journal satirique parisien ont légitimement suscité beaucoup de réactions de colère et d’indignation à l’égard de la France à travers le monde, et particulièrement dans le Sahel, où ça gronde depuis dans les mosquées. Malheureusement, de tels actes irréfléchis servent d’arguments aux terroristes pour facilement renforcer leurs troupes, que nos armées neutralisent déjà avec beaucoup de peine. Dans des zones sans école depuis quelques années, les jeunes désœuvrés seront naturellement réceptifs à de tels discours.
Impossible de ne pas admettre que l’action de la France sera désormais compromise sous nos cieux. Par conséquent, les pays comme le nôtre, où l’armée française intervient, doivent prendre cette menace très au sérieux. A défaut de pouvoir atteindre Paris, nous sommes les premières cibles à portée de main pour les futures éventuelles représailles des radicaux. Nous sommes à cet égard plus concernés que les auteurs mêmes de cette publication, aujourd’hui confortablement assis dans leurs bureaux sécurisés de Paris.
Donc, non, le Sahel ne peut pas être Charlie. Il en pâtit surtout.
Dr Aboubacar Abdoulwahidou MAIGA
Enseignant-chercheur à L’ULSHB.