La folie « Sista Rockett »
Pyeongchang, février 2018. La cité sud-coréenne s’apprête à accueillir pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques d’hiver, une équipe nigériane. Moriam Seun Adigun, Akuoma Omeoga, et Ngozi Onwumere, à 31, 25 et 26 ans, forment l’équipe de bobsleigh du pays qui se positionne comme la première économie d’Afrique. Le chemin a été long pour en arriver là. Toutes trois nées aux États-Unis de parents nigérians, les jeunes femmes sont avant tout férues d’athlétisme. Moriam Seun Adigun a même représenté le Nigeria aux Jeux de Londres en 2012 dans l’épreuve du 100 mètres. Mais en 2016, le trio lance une campagne participative dans le but de récolter des fonds pour financer leurs entraînements et leur équipement de bobsleigh. Elles récoltent 15 000 dollars, se lancent dans l’aventure des sélections, et gagnent leur ticket pour la Corée du Sud. Et même si l’équipe n’a pas fait de résultats lors de la compétition, l’objectif était ailleurs. La pilote Seun Adigun avait expliqué au « Parisien » vouloir « montrer qu’il est important de réaliser quelque chose plus grand que vous ». « C’est cela que je veux que l’on retienne », avait-elle indiqué.
Joseph Areruya gravit des montagnes
Cette année, le cycliste rwandais en a avalé des kilomètres. En janvier, il a remporté la Tropicale Amissa Bongo, un des Tours africains les plus difficiles. Puis, il a enchaîné avec les Championnats d’Afrique de cyclisme sur route catégorie Espoirs, avant de s’imposer sur le Tour de l’Espoir et de gagner la manche camerounaise de la Coupe des nations de l’Union cycliste internationale (UCI). Une année impressionnante donc pour un palmarès qui l’est autant. De quoi en faire le « cycliste africain de l’année » juste avant Noël, le 21 décembre dernier. À 22 ans, Joseph Areruya, tout nouveau professionnel, a ainsi conquis le jury de vingt-cinq spécialistes du vélo africain sous la présidence de Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France. Désormais, tous les espoirs sont permis pour le jeune prodige rwandais.
Muriel Ahouré sur le toit du monde au Royaume-Uni
Le 2 mars dernier, l’Ivoirienne Muriel Ahouré a déjoué tous les pronostics et fait mentir la malédiction qui semblait la poursuivre. Cette éternelle seconde a enfin remporté l’or du 60 mètres lors des 17e championnats d’athlétisme en salle qui se sont tenus à Birmingham. Devant sa compatriote Marie-Josée Ta Lou, elle a bouclé la distance en 6”97, meilleure performance mondiale de l’année et record d’Afrique en salle. Une performance inespérée pour l’athlète ivoirienne qui revenait d’une grave dépression après la mort de son père adoptif, le général Mathias Doué, événement survenu un an auparavant. Ce qui est formidable, c’est que l’Ivoirienne, qui vit et s’entraîne aux États-Unis, a su être prête le jour J. De quoi jeter un beau coup de projecteur sur l’athlétisme ivoirien souvent dans l’ombre du football.
Le sacre d’Eliud Kipchoge
Record battu le 16 septembre dernier pour l’athlète kényan. Le 16 septembre dernier, il a couru le marathon de Berlin en 2 heures, 1 minute et 39 secondes, soit une minute et 18 secondes de moins que son prédécesseur et compatriote, Dennis Kimetto. À 34 ans, le champion du monde et champion olympique est invaincu sur la distance depuis 2013. Entraîné depuis plus de quinze ans par son « idole », le Kényan Patrick Sang, vice-champion olympique de 3 000 steeple en 1992, Eliud Kipchoge a trusté plusieurs premières places au compteur. Trois fois vainqueur des éditions de Londres et de Berlin et une fois de celle de Chicago, le recordman du monde du marathon est bien l’actuel roi de la distance. Et depuis début décembre, l’« athlète de l’année ». Un prix qui lui a été remis par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) lors de la cérémonie des Athletic Awards à Monaco.
Les Nigérianes réitèrent l’exploit
Et de onze ! Le 1er décembre, les joueuses de l’équipe nationale du Nigeria ont remporté une nouvelle fois la Coupe d’Afrique des nations féminine (CAN)organisée depuis 1991. Face à l’Afrique du Sud, les Super Falcons ont donc décroché le titre, à 0-0, 4 à 3 sur tirs au but. À Accra, au Ghana, la gardienne Tochukwu Oluehi s’est révélée décisive. En sélection pour la neuvième fois, la Nigériane a impressionné par sa manière de défendre ses buts et a été l’auteure d’un penalty décisif. Ce nouveau sacre a largement enflammé la toile et donné à l’équipe son billet pour le Mondial 2019 qui sera organisé en France au mois de juin. L’Afrique du Sud et le Cameroun, troisième du tournoi continental, seront également de la partie.
Didier Drogba quitte la scène
Riche en exploits individuels et collectifs, cette année 2018 a également été marquée par la retraite de l’un des plus grands joueurs que l’Afrique ait connus. Dans la nuit du 21 novembre, la nouvelle est tombée : Didier Drogba met un terme à sa carrière de footballeur. À 40 ans, l’attaquant ivoirien – 106 sélections et 65 buts – aura disputé le dernier match de sa carrière le 9 novembre 2018 à Louisville aux États-Unis, en finale de l’USL Cup, une compétition nord-américaine. Formé au Mans, l’ex-international ivoirien a notamment joué à l’OM (France), à Chelsea (Angleterre) et à Galatasaray (Turquie). Et il a collectionné les distinctions : sacré meilleur joueur africain en 2006 et 2009, il est élu meilleur joueur de l’histoire de Chelsea en 2015. En 2010, il figure même parmi le « Time 100 », la liste des 100 personnalités mondiales les plus influentes publiée par le magazine Time. Didier Drogba s’apprête désormais à consacrer son temps à la solidarité, toujours en lien avec le sport.
Le combat de Caster Semenya contre la IAAF
Cet été, l’athlète sud-africaine est devenue championne d’Afrique du 800 mètres à Asaba. Si la performance de cette année s’ajoute à la longue liste des médailles remportées par la jeune femme, 2018 a plutôt été marqué par des événements sortant du cadre de l’exploit sportif pour Caster Semenya. Car la Sud-Africaine s’est lancée dans un véritable combat judiciaire contre l’Association des fédérations internationales d’athlétisme (IAAF). En cause : de nouvelles mesures prises par l’institution concernant les athlètes féminines ayant un taux trop élevé de testostérone. Ces dernières pourraient donc être alignées, en compétitions officielles, avec des hommes. De nouvelles règles que l’IAAF avait l’intention d’introduire dès le 1er novembre pour finalement les reporter à mars 2019, notamment à cause d’un recours déposé par Caster Semenya. Car l’athlète est, depuis 2009, régulièrement confrontée au problème. Après sa victoire aux Championnats du monde à Berlin, elle a subi un « test de féminité », lequel a révélé un taux plus élevé de testostérone par rapport à la moyenne féminine. Depuis, la Sud-Africaine traverse les années entre victoires sportives et polémiques sur son métabolisme. En mars 2018, la double championne olympique a décroché son diplôme de sciences du sport, ce que certains observateurs prédisent comme le début d’une réorientation professionnelle. Réponse en 2019.
Source: lepoint