‘‘Avec le retrait russe de l’accord céréalier, l’Afrique fait face à un risque d’accroissement de l’insécurité alimentaire’’, voilà le message de propagande véhiculé par certains médias occidentaux depuis la décision de la Russie de mettre fin à l’accord céréalier avec l’Ukraine. Ces médias font croire que les pays du continent africain seront exposés à des problèmes d’approvisionnement et un possible envolé des prix.
Une information balayée d’un revers de la main par Franklin NYAMSI (universitaire) sur son compte twitter qui estime que cela n’en est rien. Celui-ci explique que cette information est une pure arnaque céréalière dans le dos de l’Afrique.
« Je vous ai dit que l’Afrique subsaharienne n’a rien à foutre des céréales ukrainiennes », a-t-il déclaré avec à l’appui le tableau sur le volume des exportations de céréales dans le cadre de l’initiative de la mer noire.
En effet, le 17 juin, une délégation de chefs d’État africains s’est rendue en Russie pour plaider auprès de Vladimir Poutine la fin de la guerre en Ukraine. Ils auraient aussi demandé au Président russe le maintien de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes, que Moscou menaçait de quitter.
Un mois après cette mission de la délégation des chefs d’État africains en Russie, le Kremlin a annoncé, le lundi 17 juillet, son retrait de l’accord signé en juillet 2022.
« Je regrette la suspension de l’Initiative céréalière de la mer Noire, que l’Union africaine avait soutenue très tôt », a déclaré le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, sur son compte Twitter.
« L’Afrique de l’Est nous inquiète particulièrement. La Russie et l’Ukraine fournissent la majorité des céréales de cette région », déclarait Akinwumi Adesina, le président de la banque panafricaine de développement, début 2022.
Mais de son côté, Franklin NYMSI estime que ce cri d’alarme qui fait croire que l’Afrique sera le continent le plus exposé avec le retrait de la Russie de l’accord céréalière avec l’Ukraine est juste une arnaque céréalière sur le dos de l’Afrique.
Pour lui, ce sont d’abord les grandes puissances occidentales qui ont besoin de ces céréales.
«Pour déguiser leurs appétits réels, elles se camouflent derrière des besoins imaginaires attribués à l’Afrique appauvrie. Je suis désolé, mais les Russes ne sont pas bêtes, ils savaient que depuis le début eux comme les occidentaux utilisent le nom de l’Afrique pour traiter entre eux », a soutenu l’universitaire Franklin NYAMSI.
Qu’est-ce que l’accord sur les céréales avec Kiev ?
En effet, la Russie avait demandé aux pays occidentaux d’assouplir leurs sanctions en échange du renouvellement d’un accord permettant à l’Ukraine d’exporter des céréales via la mer Noire.
Cet accord a permis à l’Ukraine d’exporter des millions de tonnes de denrées alimentaires, malgré la guerre, mais la Russie affirme qu’à moins de faire des concessions, elle ne prolongera le régime que de 60 jours.
Selon les chiffres des Nations unies, seul un quart des exportations alimentaires de l’Ukraine est destiné aux pays les plus pauvres du monde :
47 % sont destinées à des «pays à revenu élevé», dont l’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas ; 26 % sont destinés à des «pays à revenu moyen supérieur» tels que la Turquie et la Chine ; 27 % sont allés dans des «pays à revenu faible ou moyen inférieur» comme l’Égypte, le Kenya et le Soudan.
En 2022, le président russe, Vladimir Poutine, avait affirmé que les exportations de céréales ukrainiennes allaient majoritairement vers les pays européens et non pas vers les pays pauvres. Ce qui pose, selon lui, un risque de « catastrophe humanitaire ».
« Presque toutes les céréales exportées d’Ukraine sont envoyées non pas aux pays en développement et aux pays les plus pauvres, mais aux pays de l’Union européenne », a fustigé Vladimir Poutine lors d’un forum économique à Vladivostok (Extrême-Orient russe), le 6 septembre 2022.
« Ce que nous observons est une tromperie […], une attitude grossière et imprudente envers ces partenaires pour qui tout cela était censé être fait », a-t-il enchaîné devant de nombreux responsables économiques et politiques asiatiques.
Lors dudit forum, le président russe a dénoncé une attitude « colonialiste » de la part des pays occidentaux, et notamment de l’Union européenne, et qui « pensent d’abord à (leur) propre peau, à (leurs) propres intérêts ». « Ils s’en fichent ! », a-t-il lâché.
« Regardez le compte : 80 navires, et deux seulement vers les pays en développement », soit « 3 % uniquement », a fustigé Vladimir Poutine dans son discours. Et d’ajouter qu’il avait « parlé avec un dirigeant européen » de ce sujet « il y a un mois. Mais la quantité de céréales envoyée aux pays en développement n’augmente toujours pas ».
PAR MODIBO KONE
Info Matin