Le gouvernement du Docteur Boubou Cissé a bouclé ses cent premiers jours de gestion des affaires publiques. S’il serait tôt de parler de bilan, il y a des indices tangibles qui nous permettent de porter un jugement sur la conduite des affaires par l’équipe dite de mission issue de l’Accord politique de gouvernance. Ce jugement semble plaider en faveur du gouvernement, même si les attentes restent encore grandes, d’où les sentiments d’espoirs et d’impatience. De la crise socio-politique à celle liée à l’insécurité, en passant par les projets de réformes et l’application de l’Accord d’Alger, ce sont là les grandes lignes de la feuille de route du gouvernement et sur la réalisation desquelles missions il nous sied de jeter un regard critique. L’équipe de Boubou Cissé a-t-elle fait mieux que celle de son prédécesseur SBM ?
On pourrait répondre à la question par l’affirmative, car rien que l’Accord politique de gouvernance, même si certains n’ont pas encore paraphé, qui a précédé la composition du gouvernement, il n’y a pas de doute que l’équipe de Boubou Cissé est nettement mieux lotie que celle de SBM. Autres aspects positifs qui ont retenu l’attention de l’opinion, c’est la présence dans l’équipe de certaines figures, qui symbolisent non seulement l’audace, l’intégrité et la probité morale, vertus qui doivent caractérisées toutes les actions d’un bon serviteur, mais aussi et surtout, sont sources d’espoir. S’agissant des autres grandes prouesses engrangées par Boubou Cissé et son équipe, c’est d’abord les accords à l’arracher avec les syndicats des enseignants et ceux des autres travailleurs, mettant ainsi fin à plusieurs semaines voire mois de grève. Par ces différentes signature, ils ont non seulement décrispé le climat social, et du coup ils ont sauvé l’année scolaire avec la tenue des examens. A la fin du mois d’Août les travailleurs doivent sentir les premières retombées des accords sur leurs salaires.
Sur le plan politique, en plus de la signature de l’Accord de gouvernance, qui n’aurait malheureusement pas recueilli l’assentiment de tous les acteurs politiques, le Dialogue politique inclusif serait le cadre idoine permettant à chacun et à tous de s’exprimer sur les grands maux de la Nation. Ce dialogue qui fait l’unanimité est d’ailleurs sur le point de combler le vide laissé par l’Accord politique de gouvernance, car beaucoup d’acteurs se sont engagés à y participer. Si ce dialogue a lieu, il devra permettre, à terme d’aboutir à un gouvernement de large consensus ou gouvernement de transition pour juguler les crises majeures et procéder aux réformes indispensables pour notre démocratie et pour la stabilité de notre pays.
S’agissant de la lutte contre l’insécurité au nord et au centre, l’espoir semble désormais permis car si tous les trois derniers premiers ministres sont allés au centre, Boubou Cissé est en passe de réussir là où ses deux prédécesseurs ont échoué. Il est en train d’atténuer les violences intercommunautaires et surtout susciter de l’espoir avec le redéploiement de l’armée, le don des vivres et surtout permettre le retour des déplacés. Ses visites ont véritablement porté leur fruit en faisant renaitre l’espoir d’une paix durable car si les armes ne se sont pas tus totalement, elles ont diminué d’intensités et les morts ne se comptent plus par centaines.
A côté de ces quelques bonnes actions posées en un laps de temps, il faut rappeler qu’il y a aussi un océan de problèmes non résolus. Parmi lesquels il y a la lutte contre la corruption et la délinquance financière, ce fléau qui fait du Mali la risée du monde parce qu’il est parmi les pays les plus corrompus. Pourquoi ne pas évoquer le chômage endémique des jeunes touchant deux jeunes sur trois qui sortent de nos Universités, grandes écoles et instituts de formation. Que dire de la gravissime crise sociale, qui place le Mali en peloton de tête des Etats les plus pauvres au monde. Ces défis n’étant pas au-dessus de leurs capacités, Boubou Cissé et son équipe doivent surtout s’armer de courage et de volonté politique.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept