113ème place sur 180 pays au classement mondial de reporters sans frontières sur la liberté de presse, voilà le Mali rétrogradé de deux places comparativement au classement de l’année passée. Une réalité non reluisante mais qui reflète tout de même l’état de la presse malienne confrontée à des tentatives d’intimidation et de musèlement rarement vécues par le passé.
Considérée comme le 4ème pouvoir un peu partout dans le monde, la presse est pourtant au Mali traitée et perçue comme du menu fretin et ceux qui l’exercent des scélérats apatrides juste bons pour la pendaison à écouter souvent la vox populi. Cette situation peu enviable est la résultante d’une part du manque de professionnalisme et d’éthique qui sévit dans un microcosme médiatique qui n’a jamais su assainir et ordonner son domaine d’action et, d’autre part, par la malicieuse tendance inavouée des gouvernements successifs à décrédibiliser la presse qui constitue une sérieuse menace aux velléités autoritaristes et au penchant dictatorial des régimes. Toutes choses qui ont conduit le président de la maison de la presse, El Hadj Bandiougou Danté, à monter au créneau, à la faveur de la 30ème Edition de la journée mondiale de la presse célébrée sous le thème «Façonner un avenir de droit : la liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’homme». Le porte-voix de la faîtière a notamment pointé du doigt le rôle fondamental des médias dans le monde d’aujourd’hui, tout en rappelant aux gouvernants la nécessité de respecter leurs engagements en faveur de la liberté de presse avant de s’étendre sur les difficultés de la presse malienne : effets de la Covid-19, chantages, menaces, injures, intimidations, enlèvements extrajudiciaires, le tout couronné par la profanation de la Maison de la Presse en tant que haut-lieu des expressions le 20 février 2023.
La journée internationale de la liberté de la presse aura connu par ailleurs une célébration en demi-teinte au Mali, à cause de la sinistrose qui affecte actuellement la presse avec l’ascension fulgurante, dans la déperdition et le désordre, des réseaux sociaux qui auront été d’un apport ambivalent pour les médias traditionnels, à savoir : l’évidence de voir l’exercice de la profession prendre ses aises et la perplexe des journalistes devant l’émergence de nouvelles espèces de journalistes (vidéastes, activistes, blogueur…) aux missions hybrides, confuses et ambiguës qui leur volent déplus en plus la vedette.
Sans être exhaustif dans l’énumération des problèmes qui assaillent la presse malienne, il y a lieu d’attirer l’attention sur l’impérieuse nécessité pour les autorités de revoir leur posture vis-à-vis d’une presse appauvrie au point de ne pouvoir nourrir ses pratiquants, faute d’adaptation à la nouvelle donne créée par les nouvelles technologies.
Seydou Diakité
Source : Le Témoin