De façon ostensible et provocatrice, Sidi Brahim Ould Sidatt, Secrétaire Général du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA Dissident), Président en exercice de la CMA, a décidé de boycotter l’exécution de l’Hymne national du Mali. Une façon de marquer qu’il est Azawadien et non Malien ? C’est la défiance de trop.
Ce samedi 25 mai, notre pays, à l’instar des 54 États africains, a célébré la journée de l’unité africaine. L’événement a été marqué par une réception offerte par Pierre BUYOYA, Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, dans le cadre douillet de l’hôtel Sheraton. L’éclat de cet événement a été rehaussé par la présence de Tiébilé DRAMÉ, ministre des Affaires Étrangères et la Coopération Internationale ; Ibrahima Dahirou DEMBELE, ministre de la Défense et des Anciens Combattants ; le Corps Diplomatique ; et plusieurs membres de la société civile malienne.
Un fait insolite allait perturber l’ambiance de cette soirée copurchic. Le représentant de la Coordination des mouvements armés (CMA), au moment de l’exécution de l’Hymne national du Mali, s’est mis en marge des invités, poussant la défiance à ne pas observer la posture debout (dans un premier temps) comme c’est le cas en pareille solennité. L’acte était spectaculaire pour échapper à l’attention de l’assistance.
Réponse du berger à la bergère, le petit monsieur devenu grand, Tiébilé DRAME, a recadré sèchement ce rebelle non encore reconverti aux valeurs de la République : « l’Accord d’Alger, c’est un tout. On ne peut pas le saucissonner. L’Accord d’Alger, c’est l’armée nationale reconstituée, ce sont les zones de développement économique, ce sont les réformes politiques pour renforcer la réconciliation nationale et la démocratie. L’Accord d’Alger, beaucoup l’oublient, c’est le respect de l’intégrité du territoire national, c’est le respect de l’unité nationale, c’est le respect de la forme républicaine et laïque de l’État.
L’Accord d’Alger, c’est le respect du drapeau national, le respect de l’hymne national, le chant du Mali.
Or, quand le chant du Mali était entonné au début de la cérémonie, alors que tous les diplomates et les Maliens étaient debout, avec respect et solennité, le président de la CMA, mon frère Sidi Brahim Ould Sidati était d’abord assis, ensuite quand il s’est levé, avec désinvolture, il avait les bras croisés.
L’Accord d’Alger, c’est le respect de l’hymne national du Mali ».
En s’offrant de la sorte en spectacle, Ould Sidatt se tourne en dérision et révèle à la face de l’Afrique que la CMA n’est ni fréquentable ni recommandable, parce qu’en tout moment, ce Mouvement peut te planter un couteau dans le dos. L’attitude désinvolte de ce samedi n’est que la pointe de l’iceberg des coups de poignard que l’Accord pour la paix et la réconciliation reçoit au quotidien, depuis 4 ans.
Est-ce une manière spectaculaire de marquer son appartenance à une chimérique république de l’Azawad ? Si tel était le cas, et il est fort de gager que c’est le cas, alors ce porteur du germe de l’irrédentisme a tiré à terre et s’est tiré une balle dans le pied. Et pour cause, c’est en toute liberté et connaissance de cause que la CMA a signé l’Accord pour la paix et la réconciliation au MALI (non dans la prétendue Azawad) qui stipule en son article 1er : ‘’les Parties, dans l’esprit de la Feuille de route, réitèrent leur attachement aux principes ci‐après : a) respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’État du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïc (…)’’.
Azawadien ? Voici ce que dit l’article 5 de l’Accord : ‘’l’appellation AZAWAD recouvre une réalité socio culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du nord Mali, constituant des composantes de la communauté nationale’’.
L’Azawad n’a jamais été décrété État, il n’est et ne restera qu’une composante de la Communauté nationale. L’Azawad est un sous-élément qui ne saurait avoir ni une prétention nationale, ni supranationale. La CMA a donc l’obligation de respecter les couleurs nationales.
Azawadien ? C’est paradoxalement avec le passeport malien que ces rebelles impénitents voyagent, battent les estrades internationales à des fins de publicités mensongèrement insidieuses contre son pays.
Nulle prime à la promotion de la chienlit et du séparatisme primaire. N’en déplaise aux parrains de la CMA.
Azawadiens ? Pourtant, ils ne déclinent pas les subsides et autres projets de développement de l’État, les logements sociaux à Bamako (pas à Kidal).
Azawadiens ? Qu’ils nous disent, depuis 5 ans, quelle a été leur contribution au budget national (zéro franc de recouvrement pour les Douanes) pour prétendre avoir le droit de boycotter l’Hymne national du Mali ?
Par ailleurs, l’utilisation récurrente de l’expression ‘’la partie malienne’’ est révélatrice de tout un état d’esprit. C’est l’illustration la plus parfaite que la CMA se met en marge de la République. On n’a pas besoin de microscope pour le voir.
Quel est alors l’avenir des principes de respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’État du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïque ? That is the question.
PAR BERTIN DAKOUO