Les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont pris des sanctions contre le Mali pour le non-respect du délai de la transition. C’était lors du sommet extraordinaire de la CEDEAO tenu le 9 janvier 2022 à Accra.
Si l’organisation souhaite une transition courte pour voir un rapide retour des civils pouvoir, tel n’est pas le cas à Bamako. Ce qui a provoqué la colère des dirigeants et une grande partie de la population contestant énergétiquement la décision. C’est d’ailleurs ce qui a conduit la junte à faire appel à une mobilisation monstre à la Place de l’indépendance pour dire non à la CEDEAO le vendredi 14 janvier 2022.
Si des propos quelques fois colériques des autorités de la transition étaient sortis de leurs contextes en signe de répliques à la CEDEAO et l’UEMOA, après une semaine, les esprits se sont calmés de part et d’autres des protagonistes.
À Bamako, ce n’est plus “on va quitter la CEDEAO et l’UEMOA’’, mais l’on parle désormais d’ouverture et de disponibilité au dialogue avec ces organisations sous régionales. Toutefois, malgré son silence diplomatique, la CEDEAO ne ferme pas non plus la porte du dialogue, mais tente de reprendre la main à travers ces sanctions dans un espace en pleine expansion de coups de force.
L’Algérie, tout en proposant sa disponibilité à accompagner les deux parties en crise, avait lancé un appel au dialogue et même souligné la nécessité d’éviter une “transition top longue’’. Les Nations Unies, quant à elles, demandent au Mali de proposer “un calendrier acceptable’’ pour la prolongation de la transition.
Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre de la transition, a reconnu malgré sa colère contre la CEDEAO et l’UEMOA, sur la Télévision nationale ORTM, que le Mali n’est a pas “ingrat’’ et est reconnaissant vis-à-vis des chefs d’État de la CEDEAO malgré tout et que le pays reste toujours ouvert au dialogue. Ce qui veut dire que le principe est acquis. Maintenant, place à la forme pour permettre la tenue de ce dialogue.
Cependant, si plusieurs observateurs invitent les deux parties au dialogue, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir qui fera le premier pas quand on sait que la réplique du gouvernement n’a pas tardé juste après l’annonce des sanctions contre le Mali. Les autorités auront-elles le courage d’aller vers la CEDEAO ou c’est cette dernière qui doit faire le premier pas pour reprendre le dialogue ?
Autant d’interrogations que les deux parties doivent dissiper pour entamer les vraies négociations sur la durée de la transition. Il n’est un secret pour personne aujourd’hui que la transition sera prorogée quoiqu’on fasse, mais c’est le temps nécessaire qu’il convient de déterminer au moyen du dialogue.
Déjà, au niveau des frontières, la tension monte et la situation risque d’être intenable si les autorités de la transition ne prenaient pas le courage pour ouvrir les frontières. Il serait très compliqué dans les jours et semaines à venir pour le Mali de tenir.
C’est pourquoi, selon plusieurs observateurs, la voie du salut serait d’engager un dialogue auprès des chefs d’État pour sortir le pays de cette situation difficile. Si l’on doit attendre la CEDEAO pour faire le premier pas, le risque est très grand de voir le peuple affamé se rebeller à partir des frontières.
Kevin KADOASSO
Source: LE COMBAT