La Cedeao pour son incohérence, la France pour ses jeux troubles contre le Mali ; le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres pour avoir pris parti dans l’affaire des 49 militaires ; Umar Embalo Sissoco pour avoir été un dirigeant dirigé ; Bazoum pour ses multiples sorties contre le Mali, Alassane Dramane Ouattara, putschiste institutionnel pour avoir voulu donner une leçon de démocratie aux autorités de la transition…ont eu, chacun, sa part de dose dans le discours historique du colonel Abdoulaye Maïga dans le cadre de la 77ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Après Dr Choguel Kokalla Maïga en 2021, le Mali s’est fait remarquer cette année par son discours. Le Premier ministre par intérim, colonel Abdoulaye Maïga, a fustigé ceux qui, dans leurs pratiques et gestes, s’attaquent au Mali.
La dose de Guterres
Dans une interview accordée à certains médias français, le secrétaire général des Nations Unies a indiqué que les 46 soldats ivoiriens ne sont pas « des mercenaires ».
A cette sortie, le Mali a apporté une réponse cinglante. « Souffrez que je vous exprime mon profond désaccord suite à votre récente sortie médiatique, au cours de laquelle vous preniez position et vous vous exprimiez sur l’affaire des 46 mercenaires ivoiriens, qui est une affaire bilatérale et judiciaire, entre deux pays frères », a déclaré le Premier ministre par intérim du Mali. Pour le Mali, la qualification judiciaire des infractions liées à cette affaire ne relève pas des attributions du Secrétaire général des Nations Unies.
Le Premier ministre par intérim a, par la suite, souligné l’harmonisation des éléments de langage, consistant à faire passer le Mali de statut de victime à celui de coupable dans cette affaire des mercenaires.
La leçon de morale à Embalo
Le Mali a aussi répondu au président en exercice de la Cedeao, M. Umaro Sissoco Embalo, qui a déclaré qu’« on vient de voir avant-hier, la déclaration du Secrétaire général des Nations Unies qui dit que ce ne sont pas des mercenaires. Moi à la place des Maliens, j’aurais relâché ces 49 soldats ». Pour le Mali, le Secrétaire général des Nations Unies n’est pas un chef d’État et le Président en exercice de la Cedeao n’est pas un fonctionnaire. Ainsi, le président Bissau guinéen a été invité à ne pas banaliser la Cedeao. « Umaro Sissoco Embalo doit être conscient du fait qu’il est le dépositaire d’un lourd héritage et de plusieurs sacrifices qui ont fait la renommée de cette organisation. La dynamique ayant fait la grandeur de la Cedeao ne doit pas être brisée », a laissé entendre le colonel Maïga.
Bazoum, l’étranger qui se réclame Nigérien
Depuis 2021, le président du Niger et son ministre des Affaires et de la Coopération internationale multiplient les attaques contre le Mali. Le Premier ministre par intérim de la transition a donné à Bazoum une bonne dose. « A l’endroit de M. Bazoum, il remarquera que le Gouvernement de la Transition n’a pour le moment jamais réagi à ses propos injurieux pour deux raisons cumulatives. La première raison tient au respect de l’héritage laissé par nos ancêtres, qui consiste à ne pas répondre aux injures par des injures. La seconde raison relève de l’identité de M. Bazoum, l’étranger qui se réclame du Niger. Nous savons que le peuple nigérien frère du Mali se distingue par des valeurs sociétales, culturelles et religieuses très riches. M. Bazoum n’est pas un Nigérien, son comportement nous réconforte totalement dans notre constat », a déclaré le colonel Maïga.
La dose de la junte française
Même si l’ONU a refusé le débat entre le Mali et la France, le colonel Abdoulaye Maïga a fustigé l’attitude néo-colonialiste des autorités françaises. Si Choguel a accusé la France de Macron d’avoir abandonné le Mali en plein vol, Abdoulaye Maïga l’accuse de poignarder le Mali dans le dos. «Le monde se souviendra qu’après avoir été abandonné en plein vol, le 10 juin 2021, par la France qui a décidé unilatéralement de retirer la force Barkhane du Mali, mon pays a été ensuite poignardé dans le dos par les autorités françaises. La précision est d’autant plus utile que nous refusons tout amalgame avec le peuple français que nous respectons », a-t-il laissé entendre.
Une nouvelle qualification a été attribuée aux autorités françaises : la junte française. « Les autorités françaises profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme », a martelé le Premier ministre par intérim du Mali.
Pour le Mali, la junte française nostalgique de pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde, qui a commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la Cedeao et de l’Uemoa contre le Mali ».
Plus loin, le Mali accuse la France de s’être rendue « coupable d’instrumentalisation des différends ethniques, en oubliant si vite sa responsabilité dans le génocide contre les Tutsis au Rwanda, coupable également de tenter désespérément de diviser les Maliens, enfants d’une même famille ».
Le Mali est revenue, à l’occasion de cette 77ème assemblée générale, sur ses accusations contre la France. « Enfin, obscurantisme de la junte française qui a violé l’espace aérien malien en y faisant voler des vecteurs aériens tels que des drones, des hélicoptères militaires et des avions de chasse, plus d’une cinquantaine de fois, en apportant des renseignements, des armes et munitions aux groupes terroristes », a révélé Abdoulaye Maïga.
Le Mali a indiqué qu’il détient des preuves contre la France. «Plus grave, Monsieur le Président, le Mali sera en mesure de prouver que la junte française a fourni des renseignements et des armes à des groupes terroristes », a affirmé Abdoulaye Maïga.
La part de vérité à Alassane Ouattara
Le Premier ministre de la transition n’a pas épargné le président de la République de Côte d’Ivoire. Il a été demandé à ce dernier de ne pas encourager le 3ème mandat. Le Mali, aux dires de son Premier ministre, prête une attention particulière au 3ème mandat qui ne sera pas possible. Selon le Mali, pour un public moins averti, le 3ème mandat consiste pour un Président de la République d’effectuer une manœuvre en 4 temps, en vue de conserver le pouvoir pour lui seul et son clan. « Dans un langage plus simplifié et en référence à une métaphore footballistique, le 3ème mandat est une magie, c’est l’art de se dribbler soi-même tout en gardant le ballon. Excellence M. le Président Ouattara, vos conseils nous rappellent la triste histoire du chameau qui se moque de la bosse du dromadaire », a-t-on indiqué.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS