A la réponse à cette question, les populations de la Commune rurale de Dialafara (85 Km de Kéniéba et 160 km de Kayes), de Sitakily et de Kéniéba, sont unanimes. A Dialafara, l’or brille pour les populations à travers leurs propres efforts de l’exploitation traditionnelle, la commune n’ayant pas encore de mine de production d’or. A Kéniéba, si les autorités de Kéniéba estiment que les retombées de l’or sont senties dans la communauté dans certains secteurs, c’est le contraire chez les populations qui pensent avec insistance qu’elles ne profitent nullement des rémunérations de l’or. En somme, selon le peuple de Kéniéba, l’or ne brille pas pour lui, mais pour l’Etat malien et les sociétés minières exploratrices. Car, regrettent solidement les populations, malgré la présence des mines d’Or de Loulo, Gounkoto, de Tabakoto, de Fadougou, dans le cercle, il n’y a pas de réalisations d’infrastructures socioéconomiques dignes de ce nom par l’Etat dont peuvent se vanter les habitants de la zone, c’est-à-dire des routes bitumées, de l’électricité, de l’eau, etc.
A Dialafara où l’exploitation de l’or se fait toujours de manière traditionnelle, n’ayant pas une usine de production d’or encore, les citoyens pensent que l’or ne brille pas pour eux comme on le dit. Abou Camara, réparateur de moto à Dialafara depuis une quinzaine d’années, souligne qu’aujourd’hui, à Diafara, c’est la disette pour les chercheurs, pour des gens comme lui qui ne partent aux placers, mais qui vivent de ceux qui trouvent de l’or. «Il y a un moment de cela, l’or brillait ici, il y avait une ruée vers l’or par plusieurs personnes. Étant dans mon garage, je sentais qu’il y avait de l’or. Parce que je trouvais du travail. Certains dormaient ici pour m’attendre le lendemain tellement que j’étais débordé. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas comme vous le voyez vous-mêmes. Pour répondre à votre question si l’or brille pour nous, je dirai que l’or brille pour nous quand il y a des nouvelles zones découvertes, tout le monde trouve son compte (mécaniciens, réparateurs, commerçants, etc.) L’or brille pour nous quand les gens s’y trouvent. Mais quand il n’y a pas d’or, ça ne peut briller pour nous. Et les marchés sont arrêtés», a-t-il dit.
Dans les communes rurales de Sitakily et de Kéniéba, malgré la présence des sociétés minières, les populations ne semblent pas se réjouir de l’impact très positif des retombées de l’or dans leurs communes. «C’est vraiment heureux pour un cercle comme Kéniéba avec autant de ressources minières de ne pas avoir d’électricité digne dans la ville, d’adduction d’eau à hauteur de souhait, de voir la ville goudronnée de même que les tronçons de ces routes, notamment celle de Sadiola, Kéniéba, presqu’impraticable, surtout en période hivernale. Malgré les promesses faites par les autorités du pays de réaliser cette voie, jusqu’à présent, c’est le silence radio sur le démarrage des travaux. Aujourd’hui, à Kéniéba, le courant est fourni secteur par secteur. La société privée KAMA-SA qui produit le courant ne semble pas être capable d’assurer l’électricité à toute la population. L’arrivée de l’EDM annoncée avec pompe depuis longtemps, peine à se réaliser. Idem à Sitakili où l’eau, le courant font partie des denrées rares. Les populations doivent leur salut à leurs propres efforts avec l’installation des panneaux solaires pour avoir la lumière, les forages d’eau, etc. Et pourtant, avec ce que l’Etat gagne avec les sociétés minières, les populations doivent se dire que l’or brille pour elles, s’il injecte une part importante des recettes de l’or dans ces infrastructures citées dessus qui manquent cruellement aux populations. Mais hélas, nous sommes laissés pour compte. Comme on le dit, le chien aboie, la caravane passe. Nous crions, mais personne ne nous écoute, nous entend, pour porte secours, assistance», déclare avec désolation, Moussa Kéita, habitant à Kéniéba et travaillant à Sitakily (30 Km de Kéniéba).
Sakaméra Fainke, secrétaire général de la Mairie de la Commune rurale de Dialafara, confirmera les propos tenus par Abou Camara. «L’or brille pour les populations de Dialafara. Car dans notre commune aujourd’hui, il y a des maisons qui sont construites dans les familles avec l’argent de l’or, il y a des forages, des aménagements faits par les citoyens dans leurs maisons, et des champs par l’argent de l’or, etc. » Mais, poursuit le secrétaire général de la Mairie de Dialafara, en termes d’infrastructures, c’est-à-dire de réalisations de route, d’électricité, d’eau, de centre de santé, d’école, l’or ne brille guère pour nous. Parce que la Commune ne possède pas d’usine de production d’or pour que les retombées soient injectées dans ces infrastructures socioéconomiques. «Ici à Dialafara, quand on trouve l’or, on l’injecte dans la famille. Mais pas dans les centres de santé, pas dans les écoles, pas dans l’eau, dans l’électricité, ni dans les routes. On pense ici que ce rôle revient à l’Etat. L’illustration en est que de Sadiola à Dialafara (75 km), la route n’est pas goudronnée, elle est totalement délabrée. Les quelques réalisations faites par la Mairie dans ces domaines ne suffisent pas d’abord pour qu’on puisse affirmer sans se tromper que l’or brille pour les populations de Dialafara», indique l’administrateur.
Selon le 2ème adjoint de la Mairie de Kéniéba, Mme Niaboula Touré, la population de Kéniéba n’arrive plus à exploiter comme avant. Parce qu’avec les matériels industriels avec lesquels les nouveaux arrivants travaillent (détecteurs, cracheurs, etc.), les femmes ne trouvent plus d’or comme les hommes. Par contre, elle estime que l’or a changé un peu les choses. «L’impact positif de l’or dans la commune est qu’à chaque village, il y a la réalisation d’une école, d’un centre de santé communautaire. Il y a eu également la création des forages pour faciliter l’accès à l’eau potable par les populations. Et de regretter qu’au niveau de l’électricité, qu’il n’y ait pas eu de retombées satisfaisantes, de même qu’au niveau de la réalisation des routes du cercle», a fait savoir Mme Touré Niaboula.
Hadama B. FOFANA
Source: Le Républicain