La centrale dirigée par Philippe Martinez, qui se repositionne en tête du mouvement social, a obtenu un ralliement de choix : celui de Force ouvrière. Cette organisation, qui avait pris ses distances depuis plusieurs mois avec l’intersyndicale, a décidé de la rejoindre à la suite des réquisitions de grévistes dans les raffineries : « C’est l’élément déclencheur », confie Patricia Drevon, secrétaire confédérale, en rapportant que beaucoup de ses camarades ont été choqués par la décision de l’exécutif, synonyme, à leurs yeux, de violation du droit de grève. Jeudi matin, sur BFM-TV, M. Martinez avait déclaré que le pouvoir en place « faisait une connerie » en maniant l’arme des réquisitions. « Il faut généraliser les grèves », avait-il insisté.

Le pari des leaders syndicaux

Les leaders syndicaux impliqués dans la contestation reconnaissent, en aparté, qu’ils font un pari en impulsant une journée nationale d’action dans des délais courts, moins de trois semaines après les manifestations du 29 septembre – centrées, elles aussi, sur la préservation du pouvoir d’achat. Mais ils considèrent qu’« il se passe quelque chose » dans le pays, selon la formule de Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires. En dehors de la filière carburant, d’autres secteurs sont déjà sous tension – notamment celui l’énergie. Depuis quelques semaines, des arrêts de travail, sur fond de revendications salariales, perturbent l’activité de plusieurs centrales nucléaires : Cattenom (Moselle), Tricastin (Drôme), Cruas (Ardèche), Bugey (Ain)… Des conflits qui pourraient, à la longue, compliquer la tâche d’EDF pour éviter les coupures de courant durant l’hiver.