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Campagne référendaire : Aléa Jacta Est

Disons-le tout net, la campagne référendaire qui débute aujourd’hui pour durer deux semaines est pour le moins drôle. Une drôle de campagne qui est semble-t-il terminée avant que de commencer; une drôle de campagne qui commence en laissant intactes toutes les incertitudes quant à sa tenue.

 

Après avoir battu campagne pour le OUI, le gouvernement lance aujourd’hui la campagne pour le référendum du 18 juin. Ne nous arrêtons pas sur la date qui sonne comme un double écho à l’Appel du 18 juin du Général De Gaulle (ici ce sont des colonels majors) et au référendum de juin 1974 de Moussa Traoré, 6 ans p r è s son coup d’état contre Modibo Kéita (le Président de la Transition et le Premier ministre sont tous les deux liés à GMT). On peut noter que le gouvernement, faute de tenter à rassembler tous les Maliens autour du projet, a jeté toutes ses forces dans ce qui semble être acquis pour lui. Il a pris la précaution de mettre toutes les chances de son côté, alors que ce n’est pas une compétition.

On se rappelle par exemple de cette histoire de faire voter les forces armées, une semaine avant dans des conditions qui méritent d’être éclaircies pour la transparence. A cette affaire qui sent bon la fraude pour certains observateurs, se sont ajoutés de nombreux couacs qui ne rassurent pas beaucoup. Parmi ces couacs, il y a la dérogation apportée qui autorise l’usage de toutes pièces pour voter contrairement à ce que la loi électorale prévoit qui limite le champ exclusivement à la carte biométrique. On peut également citer l’indisponibilité pour le moment des listes électorales (ne parlons pas de l’opacité qui entoure le marché des listes).

Même si personne n’interpelle le gouvernement et les autorités ouvertement, il n’en demeure pas qu’il y a une sorte de gêne au sein de la classe politique, y compris celle qui s’est collée aux autorités. Au moment où les autorités lancent la campagne référendaire, il y a deux questions qui taraudent presque tous les Maliens. Il s’agit d’abord de la question sécuritaire. L’insécurité est présente partout, malgré la montée en puissance des forces armées. L’implication de l’armée dans l’acheminement du matériel électoral sert peu à exorciser les craintes d’une impossibilité de tenir le référendum mais, elle ne dissipe pas les interrogations concernant la maîtrise du terrain. Il y’a ensuite la question des zones tenues par la CMA, notamment Kidal. La CMA n’a pas montré un enthousiasme débordant pour le projet de Constitution. Malgré les messages envoyés de Bamako et les missions des amis du Mali, elle est inflexible. Sauf si elle change de pied avec la rencontre annoncée aujourd’hui de toutes les composantes. Ce qui serait une bonne chose pour les autorités. La campagne pourrait être animée par ceux qui sont contre le référendum. Et ils sont nombreux, hommes politiques, hommes de la société civile comme hommes de loi. Ils ont les arguments à faire valoir. Sans compter qu’on ne peut pas présumer du comportement d’une large couche silencieuse. En tous les cas, le sort en est jeté.

Aly Kéita

Source: Nouvelle République

 

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