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Campagne cotonnière 2022-2023 : Le Mali pourrait être premier producteur malgré les difficultés

Un champ de coton au moment de la floraison
La campagne cotonnière 2022-2023 a connu un évènement exceptionnel marqué par la forte pullulation des jassides depuis fin juillet 2022. Après constat de ce phénomène, le PDG de la CMDT, Dr. Nango Dembélé, et ses techniciens ont immédiatement pris des mesures urgentes pour limiter les dégâts.

« L’encadrement et les producteurs ont été immédiatement informés pour changer de stratégie de protection phytosanitaire du cotonnier sur la réduction de l’intervalle de traitement de 14 à 07 jours, l’utilisation des produits indiqués contre les jassides », informe la CMDT.

L’espèce de jassides a été identifiée par le Programme Coton et la commande par le GIE C-Scpc/Cmdt/Ohvn et la mise à disposition des quantités d’insecticides contre les jassides recommandés par le Programme Coton de l’IER.

Le Mali n’est pas seul. Ce phénomène de pullulation de jassides est un problème sous-régional. Les pays touchés sont le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo. Le Bénin, le Cameroun et le Tchad sont moins touchés.

Ainsi, la production de coton de l’Afrique de l’Ouest et du Centre devrait sensiblement diminuer lors de la campagne 2022/2023 pour se situer à environ un million de tonnes de coton-graine selon des chercheurs. D’après les estimations de plusieurs négociants, comparativement au niveau de production de 2021/2022, la baisse pourrait dépasser 20%. Cette chute est due en partie à cette pullulation de jassides.

« Face à l’envergure de la pullulation, les Programmes Coton des Instituts de Recherche Agronomique de huit pays membres du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-Pica) ont tenu des réunions afin de proposer des stratégies et des produits appropriés pour maitriser les nouvelles espèces de jassides méconnues dans nos pays dès la campagne prochaine », annonce la CMDT.

En effet, l’espèce de jassides habituellement connue dans la sous-région est Jacobiella fascialis. Les produits insecticides disponibles permettent de la maitriser. La capture et l’analyse des individus de jassides de cette campagne dans les pays infestés a abouti à l’identification de deux espèces dominantes : Jacobiasca lybica et Amrasca biguttula. Ces deux espèces font leur apparition pour la première fois au Mali.

Selon les techniciens, c’est l’espèce Amrasca biguttula qui était beaucoup plus dominante. Cette espèce se multiplie très rapidement et fait plus de dégâts que la Jacobiella fascialis. Les attaques sévères de l’Amrasca ont amené les producteurs à abandonner 90 971 ha.

Toutefois, d’autres causes d’abandon des superficies de coton d’environ 32 523 ha sont les parcelles qui n’ont pas pu être entretenues à cause de la fréquence élevée des pluies, les parcelles endommagées par les animaux et quelques cas de reconversion en d’autres cultures.

« La conjonction de tous les facteurs défavorables fait que 158 090 ha ont été abandonnés au total. La production de coton graine attendue sera en deçà des prévisions fixées au début de la campagne agricole et inférieure à la production de la campagne 2021/2022 », s’inquiètent les techniciens.

Rappelons qu’au Mali, la campagne agricole 2022/2023 a démarré dans un contexte difficile marqué par la flambée des prix des intrants agricoles sur le marché mondial et l’embargo imposé au Mali par la Cedeao et l’Uemoa de janvier à juillet 2022, privant le Mali de l’accès aux principaux ports d’approvisionnement du pays.

Les engrais du système coton (coton, maïs, mil et sorgho) ont connu des augmentations. Le prix fournisseur du complexe coton est passé de 383 000 FCFA en 2021/2022 à 620 000 FCFA/tonne, Le complexe céréale est passée de 380 000 FCFA/tonne à 615 000 FCFA/tonne et celui de l’urée est passé de 370 000 FCFA à 640 000 FCFA/tonne. Il faut noter l’insuffisance de cet engrais sur le marché mondial.

Pour faire face à cette situation inédite, le Président de la Transition, lors de la 12ème session du Conseil supérieur de l’agriculture en mars 2022, a pris des décisions fortes qui ont encouragé les producteurs.

Le prix d’achat du coton graine a été fixé à 285 FCFA/kg de premier choix (une première au Mali). Le prix de cession du sac de 50 kg d’engrais chimiques (complexe coton, complexe céréales et urée) a été fixé à 12 500 FCFA contre un prix fournisseur moyen de 32 000 FCFA/sac. Le prix de cession du sac de 50 kg d’engrais organiques a été fixé à 2 500 FCFA contre un prix fournisseur moyen de 5 750 FCFA. Pour motiver davantage les producteurs de coton, l’Interprofession du Coton (IPC-Mali) a subventionné le prix de cession des pesticides, de la chaux agricole et du PNT granulé.

La motivation était au rendez-vous car les producteurs ont pu semer au total 743 824 ha. Néanmoins, l’embargo imposé au Mali par l’Uemoa et la Cedeao a eu un impact négatif sur le rythme d’approvisionnement des producteurs en intrants agricoles. En effet, ces intrants sont acheminés au Mali à partir des ports de la sous-région notamment Abidjan, San Pédro et Dakar.

« Les contrats de fourniture des engrais devraient être exécutés avant la fin du mois de mai 2022. Avec l’embargo, le rythme de la livraison des intrants (engrais et pesticides) s’est fortement ralenti. La livraison s’est poursuivie jusqu’en fin août 2022 pour les engrais et jusqu’en mi-septembre pour les insecticides », explique la CMDT.

Aussi, de fortes pluies ont été enregistrées dans toutes les zones de production. Elles ont causé des cas d’inondation dans les parcelles situées au bord des cours d’eau et dans les bas-fonds. Les recensements effectués par l’encadrement en début du mois d’octobre font état de 34 596 ha de coton inondé.

Il faut noter que le cotonnier n’aime pas les fortes pluies et les fréquences élevées de pluies. Pendant les campagnes similaires, la production du coton a baissé. A titre d’exemples, on peut citer les cas suivants : campagne 1999/2000 : la pluviométrie a été très excédentaire et a occasionné des inondations.

« Partant de ces deux cas, on constate que le seul fait de la forte pluviosité entraînant les inondations, favorisant l’enherbement des parcelles et le lessivage peut occasionner une baisse de production de plus de 10% par rapport à une campagne normale », remarque la CMDT.

Adama DAO

Source: Tjikan

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