Boko Haram a lancé dimanche dans l’Extrême-nord du Camerounun nouveau raid meurtrier, enlevant une soixantaine de personnes, alors même que l’armée tchadienne se déploie dans cette zone avec l’objectif de stopper les attaques du groupe islamiste nigérian.
“Des combattants de Boko Haram ont fait irruption ce matin (dimanche) dans deux villages de la zone de Tourou, dans l?arrondissement de Mokolo (région de l’Extrême-nord). Ils ont incendié les concessions et sont repartis avec une soixantaine de personnes. La plupart de ces personnes sont des femmes et des enfants”, a affirmé à l’AFP un officier de policier basé dans la zone, précisant que “l?attaque a fait des morts” sans pouvoir donner de chiffre.
“L?armée (camerounaise) a lancé une opération”, a-t-il ajouté sans plus de précision.
Il s?agit du plus important rapt perpétré dans la région camerounaise de l’Extrême-Nord par les insurgés islamistes nigérians, dont les incursions dans ce secteur sont récurrentes depuis des mois.
Beaucoup d’habitants de la zone, de même que la plupart de policiers et gendarmes en poste dans les localités proches de la frontière, ont fui plus à l?intérieur des terres afin de se prémunir de ces raids.
Boko Haram avait lancé lundi dernier une offensive contre une base militaire camerounaise à Kolofata, également dans l’Extrême-Nord du pays. Cette attaque semble avoir été un des déclencheurs de l’intervention du Tchad, qui a demandé aux pays d’Afrique centrale de former une large coalition pour lutter contre le groupe islamiste.
– Les Tchadiens s’installent –
La nouvelle attaque de Boko Haram dimanche intervient alors que le Tchad a commencé à déployer ses troupes au Cameroun, affichant aussi sa volonté de reprendre Baga.
Située dans le nord-est du Nigeria, cette ville stratégique sur les rives du lac Tchad, est tombée aux mains du groupe islamiste début janvier. Des témoignages glaçants sur les exactions perpétrées par Boko Haram ont horrifié la communauté internationale. Le président français François Hollande et le secrétaire d’Etat américain John Kerry ont dénoncé des “crimes contre l’humanité”.
Selon Amnesty International, l’attaque de Baga est “la plus grande et la plus destructrice” jamais perpétrée par Boko Haram depuis le début de son insurrection en 2009. Celle-ci a fait plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés.
Baga abritait un temps le quartier général d’une force armée régionale regroupant des détachements nigérians, tchadiens et nigériens. Mais Tchadiens et Nigériens s’étaient retirés bien avant l’attaque, et la force régionale est en réalité peu active.
Samedi, un convoi de 400 véhicules militaires tchadiens, accompagné d’hélicoptères de combat, a pénétré au Cameroun, le président Idriss Deby soulignant que ces troupes devaient être “opérationnelles” dès ce dimanche.
Un journaliste de l’AFP a constaté dimanche soir que ce contingent s’installait à Maltam, située juste en face de N’Djamena, à l’ouest de Kousseri.
“Les travaux d’aménagement vont être engagés par le génie militaire” camerounais, a indiqué à l’AFP une source sécuritaire camerounaise à Kousseri.
Le Nigeria, qui n’arrive pas à stopper seul Boko Haram, a exprimé samedi un soutien conditionnel à la perspective de l’arrivée de soldats tchadiens sur son territoire.
“Tout soutien à nos opérations sera bienvenu mais il doit se conformer à nos propres opérations en cours étant donné qu’il s’agit du territoire nigérian”, a déclaré Chris Olukolade, porte-parole de l’armée nigériane.
source : AFP