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Calamités, crises, dépressions, recessions et résilience economique : “Systèmes de gestion” et des “institutions fortes”, une nécessité pour les pays africains (2ème partie, les “mécanismes de résilience”)

Une économie à grande capacité de résilience, dispose sans doute de mécanismes de détection et d’anticipation des difficultés : gérer, c’est prévoir dit-on. De nombreux pays disposent des mécanismes de surveillance de l’environnement : les observatoires, la veille économique et la veille sécuritaire par exemples, permettent d’anticiper sur les menaces de l’environnement. Des mécanismes comme les fonds de résilience, les stocks nationaux de sécurité permettent de faire face aux difficultés à moyen, court et très court termes.

 

I – DES DES FONDS DE RESILIENCE.

Dans de nombreux pays à économie libérale, les politiques publiques soucieuses du maintien et de la continuation des activités économiques, ont mis en place des fonds de résilience dans des branches d’activités dites “stratégiques”.

 

1.1. Les fonds de stabilisation 

Nombreux sont les acteurs de la “filière coton” qui ont découvert ou perçu l’importance du “Fonds de stabilisation coton” lors de la crise qu’a traversée la Compagnie malienne pour le Développement des Textiles (CMDT) dans les années 1996-1997. Les cours du coton sur le marché mondial ont fondu, de sorte que la Compagnie ne pouvait plus acheter le coton graine aux prix d’achat convenus avec les paysans en début de campagne. A ces prix, la CMDT vendrait son produit fini, le “coton égrainé” avec “perte” sur le marché mondial du coton côté à la bourse de Londres.

Plutôt que de baisser de façon drastique, le prix d’achat aux producteurs, le “Fonds de Stabilisation Coton” mis en place pour “garantir”, un prix minimum devrait permettre de maintenir les prix convenus pour les “trois choix” respectifs et de sauvegarder le pouvoir d’achat des paysans.

En Côte d’Ivoire, la “Caisse de Stabilisation Café – Cacao”, aurait fait le bonheur des producteurs de cacao et maintenir la Côte d’Ivoire parmi les trois grands producteurs mondiaux de cacao ave le Brésil et le Ghana.

Dans notre pays, l’opérationnalisation des “fonds de résilience” pose de sérieux problèmes. Au moment de la mobilisation du “fonds de stabilisation coton”, quelle surprise ? Ce fonds n’était plus disponible.

Autre constat inquiétant, des “fonds de résilience” sont en place pour la survie et le développement de la micro-finance, véritable mécanisme “d’inclusion financière”, c’est-à-dire l’accès des “pauvres aux services financiers”.

 

Les nombreux réseaux de “Systèmes Financiers Décentralisés” ouverts dans les années 2000, sont en train de fermer les portes les unes après les autres. Que fait-on des fonds de résilience, notamment le Programme de Micro-finance Rurale (PMR) ? La BMS qui a absorbé la BRS devrait être une “structure de financement” des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). Dans une concurrence sans merci, des SFD se sont retrouvés dans des financements qui dépassent leur capacité, notamment le financement d’écoles et des Banques n’ont pas hésité à aller prospecter des Entités “informelles”, relevant des capacités des SFD, avec des risques de dégradation de portefeuille très élevés.

Dans  ces conditions, à quels taux d’intérêts, des banques peuvent prêter aux SFD qui vont prêter à leur tour à leurs clients pour être rentables ?  Les frais financiers au final sont devenus insupportables pour les clients des SFD.

Ce pays a besoin d’être pris en mains. Cela se fera sans doute dans la douleur, aux prix de grands sacrifices. Le jour où la grande majorité des Maliens comprendront que personne ne viendra faire le Mali à leur place, et qu’ils sont en train de faire des enfants qui risqueraient de vivre dans la misère, ils vont réagir. Sinon autant ne pas avoir des enfants. Quand votre enfant rentre tard, qu’est-ce cela vous fait ? A se plaire dans le statuquo et ne rien faire, il est possible que le pire leur arrive après votre mort.

 

1.2. Les fonds de garantie

La lutte contre le chômage des jeunes est plus que jamais une priorité dans les politiques publiques des Etats modernes. Les fonds de garantie sont des mécanismes de soutien, à la création d’entreprises et le financement de la croissance. Le redressement d’entreprises en difficultés relève en principe des missions des “fonds de résilience”.

Par les aides à la création d’entreprises et le financement de la croissance, sous forme de garanties offertes aux banques prêteuses, les “fonds de garantie” participent à étoffer l’écosystème d’entreprises nationales, boostent ainsi la production nationale, ce qui réduit la dépendance du pays à l’extérieur, renforçant ainsi sa “capacité de résilience”.

Comme indiquent leurs noms, les  fonds de résilience sont de vrais mécanismes qui permettent à un Etat de résister et de survivre à d’importants chocs et à des crises. De nombreux pays doivent le niveau de développement atteint par eux grâce aux  fonds de résilience.

Au-delà de cette mission classique, nous proposons, que les  fonds de garantie s’impliquent davantage dans la création d’Unités industrielles, sous forme de financement par capital risque en prenant des participations dans le capital social. Ainsi, ils pourront participer au Conseil d’administration, pour améliorer la gestion et la gouvernance. Une fois l’Unité définitivement sur les rails, ils se retirent.

 

II – LES STOCKS NATIONAUX DE SECURITE

Ce sont des stocks minima détenus, en permanence, par le pays pour pouvoir faire face aux situations difficiles. On peut citer :

 

  • le stock national de sécurité alimentaire, la quantité de denrées que le pays doit détenir pendant par exemple six (06) mois. Si le pays est autosuffisant, cette quantité est soustraite de la consommation et des exportations. Il doit être disponible physiquement en magasins. Dans le cas de pays importateurs de toutes ses consommations comme le nôtre, cette quantité doit être stockée, pour que le SNS joue pleinement son rôle. Disposer de l’équivalent de la quantité en somme d’argent n’est pas une bonne solution.

Dans la gestion de la pandémie du Covid-19, la Malaisie, le Vietnam, la Russie ont décidé de baisser volontairement leurs exportations de riz pour les deux premiers et de blé pour la Russie, au point que l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a commencé à vouloir protester.

 

  • le stock national d’hydrocarbures, la quantité de stocks de carburants que le pays doit détenir pour pouvoir continuer à fonctionner normalement, en cas de difficultés d’approvisionnement pendant un laps de temps de trois mois par exemple.

Après le stock national de sécurité alimentaire, ce stock national de sécurité en hydrocarbures nous semble le plus important. En effet, une rupture du stock d’hydrocarbures affecterait le fonctionnement des centrales électriques et la distribution d’électricité aux domiciles, usines et autres entreprises, du parc automobile du pays, des groupes électrogènes des hôpitaux, hôtels, des entreprises, des familles. C’est dire que c’est l’arrêt de toute activité dans le pays qui se retrouverait à genoux.

Au-delà des slogans politiques, il est de la plus haute importance que les Autorités prennent l’indépendance énergétique du pays à bras le corps en développant et en diversifiant les sources d’énergie : solaires, biocarburant, constructions de dépôts de grande capacité.

 

  • il en est de même des stocks nationaux de médicaments, d’engrais, etc.

 

Les stocks de sécurité font partie, sans doute, des outils des mécanismes de résilience à court terme. Notre pays ressemble à un Agent économique exerçant dans l’informel qui va chaque jour au marché pour avoir la popote de demain.

Un pays sans stock national de sécurité est permanemment, en danger d’asphyxie.

En France, lors de la longue crise sociale des gilets jaunes, nous avons entendu un Responsable dire que le pays de risquait pas de problèmes d’approvisionnement en hydrocarbures, car il en disposait d’au moins trois à quatre mois de consommation.

Aux Etats-Unis, chaque fois que les cours du pétrole deviennent insupportables pour les performances des entreprises, le gouvernement menace de recourir à l’exploitation de ses  réserves de pétrole.

En perspectives d’une sortie du F CFA, nous ne cessons de recommander, aux Autorités, la constitution de stocks nationaux de sécurité pour faire face inévitablement au choc consécutif à cet abandon, même bien longtemps programmé

L’industrialisation est sans aucun doute, la première “clé succès” de la résilience économique d’un pays. Quand un pays produit et fabrique “sur place” l’essentiel de ce que les populations consomment, il résiste à beaucoup de chocs. L’Iran doit servir de leçons à nous les pays Africains. La résistance à l’embargo qui “lui est imposé”, même, pour de nombreux analystes et observateurs occidentaux, c’est que la République islamique produit et fabrique l’essentiel de sa consommation nationale. Il est certain que les usines dont les matières premières sont importées en souffrent beaucoup, mais le pays est aussi un grand producteur de pétrole au point que les observateurs ont évoqué la possibilité de “pétrole contre matières premières” à l’instar du programme Onusien “pétrole contre nourritures” en Irak. Enfin la souveraineté monétaire aide énormément ce pays qui a son “Rial Iranien”, qu’il gère à sa guise.

L’expression “fabriqué sur place” a gagné toute son importance, avec le Covid-19. En effet, des industries de fabrication (de masques et d’appareils respiratoires) délocalisées dans le cadre de la mondialisation, ont été incapables d’approvisionner leurs propres pays. Pire, elles seraient rachetées par des investisseurs locaux du pays d’accueil.

 

III – DES STRUCTURES DE VEILLE ET DE SURVEILLANCE POUR ACCROITRE LA RESTANCE AUX CHOCS.

Dans un environnement de plus en plus risqué, où les risques sont de plus en plus transnationaux, la “Veille” est un “mécanisme de résilience” efficace.

 

2.1. La Veille Economique : les Observatoires.

Un système de gestion efficace exige l’anticipation sur les difficultés internes et externes qui pourraient survenir à l’Entité, au pays.

La maîtrise des conditions d’exploitation et de fonctionnement suffisent à anticiper des difficultés internes. A titre d’illustration, un responsable averti, compétent est susceptible de détecter les mouvements de grève à l’avance pour désamorcer. Par une analyse “objective” des difficultés de travail, il sait anticiper sur les difficultés, les sérier, pour résoudre rapidement celles qui pourraient entrainer l’arrêt de la production et / ou du fonctionnement de l’Entité.

Quant aux difficultés “externes”, elles dépendent très généralement de l’évolution de l’environnement, c’est-à-dire l’ensemble des lois nationales, internationales, des textes réglementaires à caractère commercial, financier, technologiques, des calamités, etc., toute chose qui échappe au contrôle du pays ou de l’Entité.

Les techniques de détection et d’anticipation des conséquences sont nombreuses. Elles se résument en la mise en place de structures “d’observatoires” et “veille économique”.

Par l’observation de l’évolution des faits, les tendances statistiques, par des études approfondies sur l’environnement communautaire, et mondial, les structures chargées de la “Veille Economique” sont des “mécanismes d’alerte” des Autorités sur les risques et menaces qui pourraient peser sur le pays.

On pourrait citer l’Observatoire national de l’Emploi et de la Formation (Onef), par des analyses pertinentes sur la “classification des chômeurs” : chômage de premier emploi, chômage d’anciens travailleurs, chômeurs de précarité, niveau de formation des chômeurs, spécialités de formation, etc., cet Observatoire est un vrai conseil du Gouvernement et peut contribuer à l’adéquation “Programmes-Emplois” améliorant ainsi l’employabilité des sortants de nos Ecoles et Universités.

 

On pourrait aussi citer l’Observatoire du Développement Humain Durable (ODHD), qui conseille sur le niveau de la pauvreté par secteur et branche d’activités, par localité, âge, sexe, etc. Ses rapports sont assortis de propositions de solutions à court et moyen termes, de recommandations portant sur le long terme, toutes choses qui contribuent à la réduction de la pauvreté dans le pays.

La Côte d’Ivoire vient de mettre en place un Observatoire National de la Population, pour connaitre le niveau d’évolution de la population et les besoins correspondantes en infrastructures. Jusqu’à un passé très récent, le mot “Maliens de l’extérieur” signifiait, dans les Ecoles maliennes, les élèves et étudiants qui se mettaient à la fenêtre pour prendre le cours.

 

2.2. La Veille Sécuritaire : on fait la paix en préparant la guerre

Les populations ont besoin de quiétude pour travailler dans la sérénité, se déplacer paisiblement sur le territoire national pour leurs activités personnelles et professionnelles : livraison de marchandises, visites, etc.

La paix est un facteur clé dans le développement d’un pays. Il est très difficile d’envisager le développement dans l’insécurité. Pour cela, un Etat se doit de contrôler ses frontières pour savoir en permanence les entrées et les sorties de ses propres populations, mais surtout des étrangers.

J’étais à Nouakchott en Février 2018, dans les formalités administratives de la “Police des frontières”, on remplit un “document jaune” à l’entrée, que vous devrez présenter au départ du pays. De la sorte, on maîtrise les frontières aériennes du pays. On sait en permanence, les étrangers vivant sur le territoire, leurs professions et les motifs de leurs voyages.

Combien d’étrangers vivent sur le sol Malien ? Malin celui qui peut répondre à cette question. J’ai fait plusieurs fois le voyage Bamako -Ouagadougou, par voiture, quelle surprise ? Aucun contrôle à la frontière HEREMAKONO, à tel point qu’un membre de l’équipe, un Chef d’entreprise, énervé, a appelé le Directeur régional de la Sécurité intérieure à Sikasso. Et de Sikasso à Bamako nous n’avons fait l’objet d’aucun contrôle. Nous avons oublié le Mali en cherchant nos petits conforts individuels.

L’Etat se doit d’identifier chaque Malienne et chaque Malien à travers des “documents civiles” comme la Carte d’Identité nationale, et de contrôler les mouvements des populations à l’intérieur des frontières. “Les cartes de séjours pour étrangers font partie de ce dispositif d’identification des personnes vivants sur le territoire”. La sécurité dans les villes relève des missions de la Police nationale, celle entre les villes est du ressort de la Gendarmerie Nationale.

La sécurité à l’intérieur du pays et au niveau des frontières est une condition nécessaire au développement. Tout Etat qui somnole en cette matière se verrait rapidement envahi, déstabilisé et ses populations poussées sur les routes de l’exode et des réfugiés.

Dans le cadre du Traité de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), chaque Etat doit mettre en place un “Mécanisme National d’Alerte Précoce et de Réponses aux Risques Sécuritaires” chargé de collecter des informations et des données pouvant constituer des menaces à la bonne gouvernance, à la sécurité et la paix.

 

L’efficacité des mécanismes de résilience, en général et des veilles économiques et sécuritaires, en particulier, est fonction de la capacité des animateurs de la structure à :

 

  1. mettre en place un bon système d’informations, capable de collecter des informations sur tout le territoire national,
  2. centralise, classer et traiter les informations collectées en temps réel,
  3. mener des analyses de qualité,
  4. assortir les rapports de pertinentes propositions et recommandations.

 

Ce qui nécessite des ressources humaines de grandes compétences dotées de moyens adéquats. Si les autorités n’ont pas confiance aux préconisations, il est certain qu’elles ne les mettront jamais en œuvre. Dans ces cas, il vaut mieux supprimer la structure qui devient une “bureaucratie” budgétivore, très coûteuse pour les finances publiques.

 

En conclusion, en gestion privée, créer une Entité et la développer nécessite la mise en place d’outils et de mécanismes permettant de faire face à la concurrence et de résister aux crises extérieures. Il en est de même des Etats. Nous avons oublié ces règles de précaution et de survie, nous avons perdu le contrôle de notre pays./ A suivre.

 

Siné DIARRA

Expert-Comptable

Enseignant de Comptabilité de finances et d’Audit

Tel : 66 89 69 69 / 76 89 69 69.

Site : www.finauditsarl.ml

 

Mali Tribune 

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