Le Premier ministre Boubou Cissé est passé pour très ridicule aux yeux des Maliens, la semaine dernière. En panne de vision et en manque d’arguments, Boubou Cissé a été secouru, dans un désordre indescriptible, par Moussa Diawara, DG de la Sécurité d’Etat.
Une grosse couleuvre. C’est le plat très froid servi au Premier ministre dans la gestion de la crise de la route de Kayes. Sur un ton va-t’en guerre et intimidant, Boubou Cissé a bombé le torse devant les jeunes de Kati qui ont barricadé les voies d’accès à la capitale. Il n’a pas hésité à brandir la répression dans un communiqué très inquiétant pour la suite des événements. D’un revers de main, celui qui préside aux destinées de l’administration publique et des finances a balayé les revendications légitimes des jeunes. Pris de panique, le Premier ministre est passé aux aveux face à ses interlocuteurs du jour. Il a avoué que c’est la route la plus porteuse pour le budget national, soit plus de 2,5 milliards de recettes journalières. Et d’ajouter que malgré tout, l’Etat n’a pas les moyens de démarrer les travaux tout de suite.
Sentant le danger pour la cohésion nationale que représentent les propos et l’attitude à la limite belliqueuse de Boubou Cissé, le chef de l’Etat a demandé à Moussa Diawara de prendre les choses en main. En deux heures, le patron des services secrets du Mali a résolu le problème. Il a désavoué le Premier ministre, et est même allé jusqu’à engager l’Etat. Un désaveu cinglant qui aurait fait démissionner n’importe quel homme de principe. Mais, au lieu de cela, il tente de se donner en spectacle dans une communication hasardeuse. Il tente de se donner un peu de contenance et de bonne conscience. Ses communicants ont tenté vaille que vaille de faire croire à l’opinion que la sortie du Général Diawara était une action concertée et collégiale.
L’intéressé lui-même a trouvé les moyens pour confirmer que l’action du patron de la SE n’a rien de collégial. Car le Premier ministre a annoncé un délai différent de celui promis par le patron de la SE. L’opinion, dans sa grande majorité, est persuadée que le fiasco de la semaine dernière n’a rien de concerté. Et de se fonder sur le fait qu’il y a un véritable malaise qui règne au sommet de l’appareil d’Etat. Sinon, pourquoi Diawara n’a pas évité à Boubou Cissé de menacer les jeunes. Mieux, pourquoi, n’a-t-il pas résolu le problème en toute discrétion, laquelle caractérise son service, et donner le mérite à Boubou Cissé ? Autant de questions qui prouvent à suffisance que rien ne va au sommet de l’Etat. Même si la Primature veut faire croire le contraire. Les Maliens ne sont pas aveugles au point de ne pas voir l’évidence.
Boubou Cissé peut toujours discourir. Il reste toujours qu’il a avalé une grosse couleuvre de la taille d’un requis.
Jean JACQUES
Source: Azalaï-Express.