Il ne fumait pas ; il ne buvait pas, il ne dansait pas ; il ne draguait… Il s’éclatait dans son idéal révolutionnaire et vivait de ses convictions progressistes : lui c’est CABRAL.
Pour ceux qui l’ont connu, Abdoul Karim Camara dit CABRAL était l’archétype du leader et du héros en herbe. Consciencieux et travailleur, Cabral était d’un extraordinaire réalisme, d’une fine maturité et d’un déroutant courage qui tranchaient avec la fougue de la jeunesse et le radicalisme révolutionnaire.
Visionnaire, révolutionnaire modéré et modeste, contre toute forme de « jusqu’au-boutisme », très équilibré, toujours prompt à jouer le rôle de conciliateur dans les débats, homme de devoir et conscient de tous les risques qui pesaient sur le mouvement estudiantin en ce mois de février 1980, Cabral accepte le 17 février de prendre la tête de l’UNEEM. À certains de ses camarades de lutte, il avait confié : « il faut approfondir l’analyse sur la stratégie, car le régime a été tellement secoué, qu’il est tellement aux abois et que la prochaine fois c’est la mort pour nous si on nous arrêtait »…
Un de ses compagnons de lutte, le Dr Modibo Bah Koné du BC/Amsuneem Bamako, disait de lui, dans un témoignage, chez notre confrère les Échos « Pour Abdoul Karim, et il nous le disait chaque fois, un militant c’est quelqu’un qui est sérieux et travailleur en classe. Comme quoi, il ne suffit pas d’être révolutionnaire au-dehors, il faut l’être d’abord et surtout au-dedans. Aucun d’entre nous ne peut nier cela, Cabral a vécu sa conviction même dans les comportements les plus élémentaires. Pourtant, beaucoup de militants n’arrivent pas à se libérer encore de ces petites aliénations quotidiennes.
Cabral avait pu se libérer de tout cela. Cela pourrait paraître assez naïf aujourd’hui, mais Cabral estimait que nous devrions même nous habiller en révolutionnaires avec le chéchia (d’Amilcar Cabral). Le combat de Cabral était donc un combat de tous les jours pour le sérieux, pour le travail, pour l’effort, pour la promotion de la femme pour la dignité et le nationalisme, contre le tabac, contre l’alcool, contre la vie facile.
Cela, le peuple et la jeunesse du Mali doivent savoir que ce ne fut pas une légende, mais une vie qui s’est réellement illustrée de cette façon et cette vie doit retrouver toute sa lumière pour nous éclairer, maintenant que les modèles importés ont fait la preuve de leur carence, maintenant que les masses déboussolées ne croient plus en rien, car tous les combats ont été récupérés par des élites malhonnêtes. Maintenant ou jamais.
Nul d’entre nous n’aura besoin un jour de chanter ou de magnifier Cabral, car le mythe repose sur la vérité et a rejoint l’actualité, car notre jeunesse aujourd’hui a besoin de références, de modèles de vie, d’un héros qui soit proche d’elle et qui l’interpelle constamment pour qu’elle se ressaisisse. Espérons que le monument dédié à sa mémoire à Lafiabougou soit une leçon de vie et que Cabral vive éternellement dans notre conscience révolutionnaire, car comme le dit le poète, « on a assassiné l’homme, mais on ne peut pas tuer l’idée »
Source: info-matin