La France maintient une mission navale permanente dans le golfe de Guinée, nommée Mission Corymbe. Elle est habituellement composée de deux navires en patrouille qui permettent une intervention rapide en cas de crise.
La mission a aussi pour but la protection des intérêts pétroliers français offshore, le soutien aux opérations d’évacuation de non-combattants et le soutien aux opérations de maintien de la paix.
Cette mission navale collabore étroitement avec la Station Africaine de Partenariat de NAVEUR (United States Naval Forces Europe-Africa). NAVEUR travaille en coopération avec des partenaires américains et internationaux pour améliorer la sécurité maritime en Afrique dans le cadre du programme de coopération en matière de sécurité. Au total et à l’exclusion des forces françaises stationnées sur l’île de la Réunion, il y a environ 10 000 soldats français en garnison ou déployés en Afrique subsaharienne.
Bien avant l’annonce par Sarkozy d’une nouvelle politique française en Afrique, les responsables français avaient dit vouloir réorienter la présence militaire française loin des relations bilatérales et vers une coopération accrue avec les groupements sous régionaux, selon des documents déclassifiés provenant de l’Ambassade américaine à Paris. Ce changement permettrait à la France de traiter ses relations militaires avec l’Afrique sur une base plus large et non pas par une série de relations bilatérales étroites, chacune avec ses propres particularités et son histoire.
En 2006, c’est-à-dire avant l’élection de Sarkozy, les français commencèrent à mettre en place une nouvelle structure de commandement en Afrique, comportant quatre commandes géographiques. Cette nouvelle structure permettrait une meilleure coopération avec AFRICOM.
Le commandement des forces françaises à Djibouti (FFDJ) : est responsable du Djibouti, de l’Érythrée, de l’Éthiopie, de la Somalie, du Kenya, du Soudan et de l’Ouganda.
Le commandement des forces françaises au Cap-Vert (FFCV) : malgré son nom, est un commandement situé au Sénégal, responsable du Sénégal, du Cap-Vert, de la Gambie, de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Nigeria, du Burkina Faso, du Bénin, du Togo, de la Sierra Leone et la Guinée, à peu près parallèle aux frontières de la CEDEAO.
Le commandement des forces françaises au Gabon (FFG) : est responsable du Gabon, du Tchad, de la République centrafricaine, du Cameroun, de la Guinée équatoriale, de la RDC, du Congo Brazzaville et de l’Angola, correspondant aux états de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).
Le commandement des forces armées dans la zone méridionale de l’océan Indien (FAZSOI) : est basé à la Réunion et responsable du Rwanda, du Burundi, de la Tanzanie, du Malawi, de la Zambie, du Zimbabwe, du Mozambique, du Botswana, de la Namibie, du Swaziland, du Lesotho, de l’Afrique du Sud et de Madagascar, correspondant aux Etats de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).
La mise en place des quatre commandements est la première étape de la France pour consolider et centraliser sa présence militaire en Afrique. Le Livre blanc de la Défense stipule : « La France conservera une capacité de prévention des conflits et d’action sur les frontières occidentale et orientale du continent africain ainsi que dans la région du Sahel, notamment pour lutter contre le trafic illicite et les actes terroristes. La France va transformer radicalement le système actuel d’accords de défense et de coopération militaire afin d’évoluer vers un partenariat entre l’Europe et l’Afrique et vers une coopération en matière de défense et de sécurité, favorisant le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix. »
Le scénario impliquant un retrait militaire à grande échelle, à court terme, de l’Afrique, reste cependant spéculatif. En effet, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait déclaré publiquement que dans quinze ans, il n’y aurait peut-être plus une présence militaire française en Afrique. Selon Joubert, un diplomate français, si la force de réserve de l’UA était pleinement opérationnelle, la France aurait pu fermer plus de bases. Mais avec la situation actuelle, il est évident que ces prédictions étaient un peu trop optimistes.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
Source: infosept