Le dialogue de sortie de crise pour le Burundi doit reprendre samedi à Arusha (nord de la Tanzanie) mais les pourparlers risquent de tourner court, la principale coalition d’opposition affirmant ne pas y avoir été invitée, a appris l’AFP mercredi auprès des parties et de sources diplomatiques.
Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président Pierre Nkurunziza a annoncé sa candidature en avril 2015 pour un troisième mandat, avant d’être réélu en juillet.
Ces violences ont déjà fait plus de 500 morts depuis le début de la crise, et le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés estime désormais à plus de 270.000 le nombre de Burundais qui ont fui leur pays.
La reprise du dialogue interburundais a été fixée du 21 au 24 mai à Arusha par l’équipe du médiateur tanzanien, l’ancien président Benjamin Mkapa.
La médiation tanzanienne “nous avait annoncé qu’elle envisageait d’organiser dans un premier temps des séances séparées en invitant d’abord le gouvernement et sa mouvance le 21 mai, ensuite l’opposition et enfin la société civile avant d’organiser une plénière avec toutes les parties”, a expliqué à l’AFP Pancrace Cimpaye, porte-parole du Cnared, une coalition qui réunit la quasi-totalité de l’opposition burundaise.
“Mais aujourd’hui, nous avons appris qu’elle a invité, en même temps que le gouvernement, quelques partis du Cnared et non le Cnared en tant que tel”, a-t-il poursuivi.
“Tous les partis du Cnared à l’exception d’un seul ont déjà écrit au facilitateur pour lui annoncer qu’ils n’iront pas à Arusha dans ces conditions”, a martelé son porte-parole.
Malgré les pressions et sanctions de la communauté internationale, le pouvoir burundais refuse de s’asseoir à la même table que la coalition d’opposition, qu’il accuse d’être liée à une tentative de coup d’Etat en mai 2015 et aux violences actuelles.
Mercredi, le ministre burundais des Relations extérieures Alain-Aimé Nyamitwe a confirmé à l’AFP que “le gouvernement a reçu une invitation pour le 21 mai”, sans plus de commentaires.
Des diplomates de l’Union africaine et de l’ONU ont fait part mercredi à l’AFP “de l’amateurisme et de l’impréparation de l’équipe de la médiation”.
“Nous sommes à trois jours du début de la reprise du dialogue et nous ne savons même pas qui est invité ou quel est le programme, alors que nous sommes censés les épauler. Le président Mkapa est en voyage et ne sera là que jeudi ou vendredi”, a souligné un diplomate onusien, sous couvert d’anonymat.
Il a regretté que “l’organisation de ce rendez-vous si crucial soit laissée aux soins du secrétariat de l’EAC (Communauté des Etats d’Afrique de l’Est), qui est dirigée par un Burundais”, proche du pouvoir à Bujumbura, a-t-il ajouté. “Le Cnared l’accuse d’être derrière son exclusion et veut le récuser”, a précisé le diplomate.
Source: AFP