Comme au Mali, en 2022, et comme au Niger, plus récemment, la France suspend toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Burkina Faso. Écho de la crise nigérienne.
Les agents du ministère français des Affaires étrangères n’ont manifestement guère droit aux vacances « aoûtistes », qui ont vidé une bonne partie de la capitale française de ses habitants. Ni même à la pause dominicale propice à la grasse matinée. C’est ce dimanche 6 août que les autorités diplomatiques de la France ont annoncé la décision de suspendre « jusqu’à nouvel ordre toutes les actions d’aide au développement et d’appui budgétaire » au Burkina Faso. Des devoirs de week-end qu’impose la montée des tensions entre une alliance putschiste nigéro-burkinabo-malo-guinéenne et une Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) taxée d’occidentalisme. Car c’est aussi ce dimanche que s’achevait l’ultimatum lancé par le président Bola Tinubu à la junte du général Abdourahamane Tiani.
Le régime « nationaliste panafricaniste » burkinabè devrait employer un ton souverainiste pour commenter cette suspension de 482 millions d’euros de projets de développement et de 13 millions d’aide budgétaire. De même que le Mali, le Burkina et le Niger semble désormais en communion de pensée, les tenants de l’aide française alignent aujourd’hui les trois pays sahéliens au fronton des cibles du Quai d’Orsay.
Les premiers discours du capitaine Traoré étant jugés moins outranciers que ceux des thuriféraires du colonel Goïta, les actions d’aide au développement et d’appui budgétaire n’avaient pas été, jusque-là, annulés au Burkina. C’est donc bien la crise politique au Niger – où Paris a suspendu, quasi instantanément, ces mêmes actions – qui justifie la mesure dirigée, cette fois, contre le Burkina.
Vers une fédération Mali-Burkina-Niger ?
Le Faso victime collatérale ? Le « pays des hommes intègres » est volontaire au statut de cobelligérant d’un éventuel conflit entre le Niger et la Cedeao, en particulier depuis qu’il a déclaré, par voie de communiqué, qu’une intervention militaire au Niger serait considérée comme « une déclaration de guerre contre le Burkina Faso ».
Intervention ou non, la guerre des nerfs continue de dérouler son feuilleton d’été. Et c’est bien le ministère français des Affaires étrangères qui finit d’unifier graphiquement l’image des trois pays sahéliens ciblés, dans ses « conseils aux voyageurs » : dans un monochrome rouge-feu, les cartes du Mali, du Niger et du Burkina sont désormais toutes trois présentées comme des « zones formellement déconseillées »… aux Français.
Cette image d’épouvantail pour touristes aura de quoi faire sourire davantage les partisans des putschistes. En février dernier, la communion idéologique entre Ouagadougou et Bamako inspirait au Premier ministre burkinabè Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla un projet de fédération Mali-Burkina. Cette dernière pourrait-elle s’élargir au Niger ?
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