Quelques semaines après la prise de fonction du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba comme président de la Transition burkinabè, les chefs d’État de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest – CEDEAO menace les autorités du pays des nouvelles sanctions. La conférence a donné jusqu’au 25 avril prochain pour proposer un « chronogramme acceptable de la transition ». Alors que les assises nationales ont déjà adopté depuis mars, une période transitoire de 36 mois. Cette durée est jugée « inacceptable » par les Chefs d’État. En effet, le pays des hommes intègres est aussi sommé de libérer l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré de façon « inconditionnelle et sans délai ».
Par ailleurs, cette durée adoptée lors des assises nationales est l’aspiration du peuple, selon les burkinabè. Aussitôt l’adoption, une “charte constitutionnelle de la transition” a été signée par le chef de la junte au Burkina Faso, fixant à trente-six mois la période de transition avant de nouvelles élections pour lesquelles le président de la transition ne sera pas éligible. Cela, deux semaines après avoir prêté serment devant le conseil constitutionnel.
Les récentes directives de la CEDEAO portant notamment sur la libération de l’ancien président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et un agenda acceptable de la Transition au Burkina étaient au cœur des préoccupations du Conseil des ministres tenu, hier mercredi.
Décision de la CEDEAO, le gouvernement burkinabè prend acte
Le Gouvernement du Burkina Faso dans un communiqué ce jeudi dit prendre acte de l’analyse de la situation sociopolitique faite le vendredi 25 mars 2022, à Accra, République du Ghana, par les participants lors du Sommet extraordinaire de la conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO. Ensuite de la volonté de l’organisation de nommer un médiateur pour le Burkina Faso dans l’objectif de faciliter le dialogue entre les parties prenantes et d’assurer une transition réussie.
Les autorités de la Transition burkinabè ont aussi réaffirmé que leur plus grande préoccupation demeure la sécurisation du pays, une réponse efficace et urgente à la crise humanitaire et aux drames socioéconomiques et communautaires provoqués par l’insécurité sans oublier le renforcement de la gouvernance et la lutte contre la corruption.
« C’est fort de cette volonté primordiale, qu’une Charte consensuelle assortie d’un agenda de la Transition a été adoptée à l’issue des Assises nationales composées des Forces vives de la Nation et le Gouvernement s’attèle à la mise en place des organes », déclare le porte-parole du Gouvernement burkinabè, Lionel Bilgo dans un communiqué.
En ce qui concerne le délai de la CEDEAO sur la libération du président déchu Roch Marc Christian Kaboré, le porte-parole du Gouvernement Lionel Bilgo a indiqué à une conférence de presse qu’il a animé, jeudi, que « le gouvernement du Burkina est dicté par un seul délai, celui de bien faire les choses (…) Nous on croit au bon sens de la CEDEAO ».
En effet, la période de transition avant un retour à l’ordre constitutionnel au Burkina Faso, où un coup d’État a eu lieu le 24 janvier, a été fixée à trois ans par des assises nationales qui ont rassemblé les “forces vives” du pays. Une charte de la transition a été signée sous les acclamations par le chef de la junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, à l’issue de plusieurs heures de travaux des assises.
Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a déjà prêté serment le 16 février devant le Conseil constitutionnel, a été investi mercredi par la table ronde qui a impliquée toutes les forces vives de la nation burkinabè, notamment les militaires au pouvoir, les partis, syndicats, organisations de la société civile, de la jeunesse, des femmes et des personnes déplacées par les attaques djihadistes qui frappent le Burkina Faso depuis 2015.
L’aspiration du peuple burkinabè
A la Suite du Sommet extraordinaire de la CEDEAO tenue le jeudi 3 février dernier, les dirigeants de l’organisation avaient demandé aux militaires au pouvoir au Burkina Faso la mise en place des organes de transition et l’adoption d’un chronogramme électoral pour favoriser un retour à l’ordre constitutionnel. En effet, les nouvelles autorités ont par ailleurs, rempli certaines conditions demandées par les dirigeants de la Communauté Économique des États de l’Afrique l’Ouest – CEDEAO. Cependant, aux cours des Assises nationales, les forces vives Burkina Faso ont validé, la charte de la Transition et proposé une durée de 36 mois soit trois ans pour la période transitoire. Alors, l’organisation sous régionale avait demandé et continue toujours d’insister sur la mise en place un calendrier « raisonnable » pour un retour à l’ordre constitutionnel. Lors de sa séance du vendredi dernier, tenue à Accra, la CEDEAO juge cette période « inacceptable » et demande un « chronogramme acceptable de la transition », d’ici le 25 avril prochain, sous peine de sanctions « économiques et financières ».
Faut-il craindre scénario à la malienne?
Comme au Mali voisin et dans d’autres pays de l’Afrique subsaharienne, la Cédéao est perçue par les populations burkinabè comme « un clan de chefs d’États, pas comme une Cédéao des peuples ». La fermeture des chefs d’État semble intacte sur une chose, « la tenue des élections dans un bref délai ». Pourtant, les populations en colère contre les politiques réclament de plus en plus, la prise de pouvoir des militaires pour la « refondation » des États. C’est le cas du Mali, qui est en guerre froide, depuis quelques semaines, avec l’organisation sous régional, suite à la présentation d’un chronogramme d’une transition de 5 ans.
Par ailleurs, en Guinée Conakry, un autre pays voisin du Burkina Faso, théâtre aussi d’un coup d’État en 2021, jusque-là aucune durée n’a été présentée pour la transition. Cependant, elle est aussi visée par les menaces des sanctions de l’organisation sous régionale. Chose que, selon les autorités, le Conseil national de transition – CNT mis en place, il y a seulement quelques semaines, doit statuer. Les burkinabè emprunteraient-ils, le même chemin où, ils finiront par céder à la pression de la conférence des Chefs d’État de la CEDEAO ? Quand même, le forces vives de la nation burkinabè ont décidé de donner trois ans aux auteurs du coup d’État contre le président Roch Marc Christian Kaboré pour « refonder » l’État burkinabè.
Ibrahim Djitteye
Source : LE PAYS