Face aux violences liées à la menace djihadiste, des soldats de l’armée burkinabée ont renversé le pouvoir lundi et plongé le pays dans l’incertitude.
Un dimanche pas comme les autres, écrivait lundi 24 janvier le site web burkinabé d’actualités Wakat Séra. Les dernières 24 heures avaient en effet été agitées au « pays des hommes intègres ». Après une journée marquée par des tirs nourris dans plusieurs camps militaires de la capitale Ouagadougou et d’autres villes du pays, des soldats de l’armée burkinabée ont annoncé lundi matin avoir arrêté le président Roch Marc Christian Kaboré ainsi que le chef du Parlement, Alassane Bala Sakandé, et plusieurs ministres.
Dans la soirée, des militaires en uniforme ont annoncé à la télévision nationale avoir pris le pouvoir au Burkina Faso, s’engageant au « retour à un ordre constitutionnel » dans « un délai raisonnable ». Un capitaine a également annoncé la fermeture des frontières à compter de minuit, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, ainsi que la suspension de la Constitution. « C’est un coup d’État », affirme Vincent Bado, correspondant de Reuters au Burkina Faso et ancien journaliste à La Nouvelle République.
« Des hommes en tenue militaire sont devant des points stratégiques »Dimanche matin, des soldats de plusieurs casernes du pays se sont mutinés pour réclamer plus de moyens pour lutter contre les djihadistes. Les attentats qui rythment le quotidien du Burkina Faso depuis plusieurs années et le retrait annoncé de l’opération Barkhane au Mali voisin ont accru le sentiment d’insécurité de la population et la défiance vis-à-vis du pouvoir, jugé impuissant pour protéger les habitants. L’ancien premier ministre Christophe Dabiré en a déjà fait les frais en décembre dernier lors de sa démission quelques semaines après l’attaque d’Inata – dans le nord du pays – par un groupe de djihadistes qui a fait cinquante-trois victimes parmi les militaires et quatre chez les civils.
Une situation confuseLa journée de lundi a été rythmée par une grande confusion dans les rues de la capitale alors que des militaires avaient pris le contrôle de la principale chaîne de télévision, la Radio télévision du Burkina (RTB), qui diffuse des programmes de divertissement. « Il y a une psychose visible ! Des hommes en tenue militaire sont devant des points stratégiques », témoigne Boureima Dembele, rédacteur en chef de Wakat Séra, pour qui cette situation découle d’un « ras-le-bol » de la population et de l’armée.
Selon plusieurs médias locaux, si aucune exaction n’a été commise, une partie de la population était dans l’expectative en milieu de journée alors que des manifestants défilaient dans les rues pour soutenir les militaires. « Il y a deux ambiances différentes », confirme Vincent Bado. D’un côté les habitants pour qui la vie continue, de l’autre ceux « en liesse » qui participent aux manifestations. « J’ai vu environ 200 manifestants place de la Nation (au cœur de la ville) afficher leur soutien à l’armée. Ils l’appelaient à prendre le pouvoir », ajoute le journaliste.
Le sort du président en questionLa coupure d’Internet et l’absence, en fin de journée, de toute déclaration de la part des soldats mutins ou des proches du chef de l’État rendaient difficile l’accès à l’information pour les journalistes locaux. « Les services de communication de la présidence et du premier ministre sont off », déplore Boureima Dembele. Vers 15 h, un message publié sur le compte Twitter de Roch Marc Christian Kaboré, dont il est impossible de savoir s’il a été écrit par lui directement, invitait « ceux qui ont pris les armes à les déposer dans l’intérêt supérieur de la Nation ».
Une source gouvernementale a affirmé que le président avait été « exfiltré » de sa résidence dimanche soir par des gendarmes de sa garde « avant l’arrivée d’éléments armés qui ont tiré sur les véhicules de son convoi ». Un journaliste de l’AFP présent sur place a cependant vu dans la matinée, près de la résidence du chef de l’État, trois véhicules criblés de balles. Des traces de sang étaient visibles sur l’un d’eux, ce que confirment plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
Dans la soirée, des militaires en uniforme ont annoncé à la télévision nationale avoir pris le pouvoir au Burkina Faso, s’engageant au « retour à un ordre constitutionnel » dans « un délai raisonnable ». Un capitaine a également annoncé la fermeture des frontières à compter de minuit, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, ainsi que la suspension de la Constitution. « C’est un coup d’État », affirme Vincent Bado, correspondant de Reuters au Burkina Faso et ancien journaliste à La Nouvelle République.
« Des hommes en tenue militaire sont devant des points stratégiques »Dimanche matin, des soldats de plusieurs casernes du pays se sont mutinés pour réclamer plus de moyens pour lutter contre les djihadistes. Les attentats qui rythment le quotidien du Burkina Faso depuis plusieurs années et le retrait annoncé de l’opération Barkhane au Mali voisin ont accru le sentiment d’insécurité de la population et la défiance vis-à-vis du pouvoir, jugé impuissant pour protéger les habitants. L’ancien premier ministre Christophe Dabiré en a déjà fait les frais en décembre dernier lors de sa démission quelques semaines après l’attaque d’Inata – dans le nord du pays – par un groupe de djihadistes qui a fait cinquante-trois victimes parmi les militaires et quatre chez les civils.
Une situation confuseLa journée de lundi a été rythmée par une grande confusion dans les rues de la capitale alors que des militaires avaient pris le contrôle de la principale chaîne de télévision, la Radio télévision du Burkina (RTB), qui diffuse des programmes de divertissement. « Il y a une psychose visible ! Des hommes en tenue militaire sont devant des points stratégiques », témoigne Boureima Dembele, rédacteur en chef de Wakat Séra, pour qui cette situation découle d’un « ras-le-bol » de la population et de l’armée.
Selon plusieurs médias locaux, si aucune exaction n’a été commise, une partie de la population était dans l’expectative en milieu de journée alors que des manifestants défilaient dans les rues pour soutenir les militaires. « Il y a deux ambiances différentes », confirme Vincent Bado. D’un côté les habitants pour qui la vie continue, de l’autre ceux « en liesse » qui participent aux manifestations. « J’ai vu environ 200 manifestants place de la Nation (au cœur de la ville) afficher leur soutien à l’armée. Ils l’appelaient à prendre le pouvoir », ajoute le journaliste.
Le sort du président en questionLa coupure d’Internet et l’absence, en fin de journée, de toute déclaration de la part des soldats mutins ou des proches du chef de l’État rendaient difficile l’accès à l’information pour les journalistes locaux. « Les services de communication de la présidence et du premier ministre sont off », déplore Boureima Dembele. Vers 15 h, un message publié sur le compte Twitter de Roch Marc Christian Kaboré, dont il est impossible de savoir s’il a été écrit par lui directement, invitait « ceux qui ont pris les armes à les déposer dans l’intérêt supérieur de la Nation ».
Une source gouvernementale a affirmé que le président avait été « exfiltré » de sa résidence dimanche soir par des gendarmes de sa garde « avant l’arrivée d’éléments armés qui ont tiré sur les véhicules de son convoi ». Un journaliste de l’AFP présent sur place a cependant vu dans la matinée, près de la résidence du chef de l’État, trois véhicules criblés de balles. Des traces de sang étaient visibles sur l’un d’eux, ce que confirment plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
Source: La Nouvelle République