Depuis quelques semaines, c’est la lune de fiel entre le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, et son ex-ministre de la Défense et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maiga. Naguère très conviviales, les relations entre les deux hommes sont devenues tièdes depuis les évènements de Kidal du 17 au 21 mai dernier. L’ex-ministre de la Défense serait d’ailleurs en résidence surveillée pour les besoins de l’enquête en cours.

Depuis quelques jours, les deux hommes sont comme chien et chat et le chef de l’Etat ne rate plus d’occasion pour le démontrer à son ex-allié. En effet, plus rien ne va entre IBK et Soumeylou Boubèye Maiga. Si, en apparence, les deux personnalités n’affichent pas, l’un envers l’autre, de grandes inimitiés, c’est bien peut être pour camoufler certaines choses. Sinon, dans la réalité, c’est une vraie guerre froide que se livrent les deux hommes. Tout est parti des événements survenus à Kidal lors de la visite du Premier ministre, Moussa Mara, le 17 mai dernier. Lors de ce voyage qui a occasionné l’hostilité des responsables du Mouvement national de libération de l’Azawad dont le Premier ministre a essuyé des tirs nourris, ainsi que l’assassinat lâche et barbare d’officiels et de civils maliens. S’en suivra un combat acharné entre les forces armées maliennes et les rebelles touaregs le 21 mai, où ces derniers, avec l’aide des mouvements jihadistes et des islamistes, ont repris le contrôle de la huitième région du Mali. La tension est depuis montée d’un cran entre le désormais ancien ministre de la Défense et le Premier ministre, avant que le chef de l’Etat s’invite dans la danse. Face à un peuple qui exprime des sentiments d’incompréhension et de déception face à la multiplication des scandales de corruption et de malversation et face à l’inaction apparente des responsables et services compétents.

A Koulouba et dans l’entourage du président IBK, on parle de trahison et on devise allègrement sur les tractations personnelles menées par Soumeylou Boubèye Maiga pour faire endosser la responsabilité au Premier ministre Mara.

Ce qui les renforce dans leur conviction, c’est la posture plus ou moins clair-sombre que l’ex-ministre de la Défense a prise pour expliquer ce qui s’est passé exactement à Kidal sur les chaînes de radio étrangères et de l’Ortm. A cela s’ajoute son interpellation au niveau du Camp I, après son limogeage, pour lui enjoindre de se retenir. Malgré son départ forcé du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maiga fait toujours peur au pouvoir en place. Surtout quand on sait que certaines sources révèlent que l’homme n’aurait pas dit toute la vérité sur les événements de Kidal. Les mêmes sources affirment que M. Maiga connaissait parfaitement l’effectif des cellules dormantes des rebelles touareg du Mnla qui rodaient toujours dans l’Adrar et aurait pourtant fait un rapport biaisé aux autorités militaires à Bamako.

Certains observateurs de la scène politique estiment que la volonté d’IBK d’affaiblir politiquement son ex-allié se traduit par le fait que ce dernier n’a pas été convié à la rencontre que le chef de l’Etat a eue, mercredi dernier, avec la classe politique.

Aussi, au cours de ladite rencontre, le président IBK a déclaré  l’avoir limogé du gouvernement, contredisant ainsi la thèse de la démission, soutenue par les partisans du président de l’Asma.

Pire, depuis quelques jours, les autorités ont engagé  une enquête autour des événements de Kidal afin d’éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur le degré d’implication de l’ex-ministre de la Défense dans cette énième débâcle de l’armée malienne. Et c’est pour mener à bien cette enquête que l’ex-ministre de la Défense serait en ce moment en résidence surveillée, selon des sources bien introduites. Une façon de réduite son champ d’action de nuisance.

Il nous est aussi revenu que le lieutenant Mohamed Ouattara du Régiment des commandos parachutistes, récemment mis aux arrêts pour « tentative de déstabilisation des institutions », a des liens avec Soumeylou Boubèye Maiga. Si jamais ce dernier venait à être accusé de complicité dans cette affaire, ce sera sûrement la fin d’un homme politique qui en savait un peu de trop et qui prenait du plaisir à rouler les leaders politiques dans la farine.

Affaire à suivre.     

Paul N’GUESSAN

SOURCE: Le Prétoire