Le ton est monté entre Paris et Bamako après le discours du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, le 25 septembre dernier, à la tribune des Nations Unies. Loin des dissentiments classiques inter-Etats où les torts sont généralement partagés, c’est un Etat malien dos au mur qui se voit dans l’obligation de braver l’ex-puissance coloniale qui rechigne visiblement à admettre ses errements.
Mardi 5 octobre dernier, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a, dans un communiqué, convoqué l’ambassadeur de la France au Mali, pour lui signifier « l’indignation et la désapprobation du Gouvernement du Mali et élevé une vive protestation contre les propos regrettables » d’Emmanuel Macron, « qui sont de nature à nuire au développement des relations amicales » entre le Mali et la France.
Selon le communiqué, les propos tenus par Emmanuel Macron, Président de la République française, sur les institutions de la République du Mali sont des « propos inamicaux et désobligeants ». « Le ministre a invité les autorités françaises à la retenue, en évitant des jugements de valeur et appelé à une approche constructive basée sur le respect mutuel, en vue de se concentrer sur l’essentiel, notamment la lutte contre le terrorisme dans le Sahel », lit-on dans le communiqué.
Enfin, ajoute le communiqué, le ministre Diop a réitéré la disponibilité du Gouvernement à bâtir avec les partenaires qui le souhaitent, des relations sincères et concertées, respectant le principe de non-ingérence conformément aux aspirations légitimes du peuple malien.
« L’armée française n’a pas à se substituer au non-travail de l’État malien; nous nous reconcentrons sur la stricte lutte contre les groupes terroristes… Sans la France au Sahel, il n’y aurait plus de gouvernement au Mali », a déclaré le président français, lors d’une interview accordée à la RFI.
Emmanuel Macron avait aussi qualifié de « honte » les accusations d’ « abandon » du Mali par la France, portées par le Premier ministre de transition Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’ONU. « J’ai été choqué. Ces propos sont inacceptables. Alors qu’hier, a été rendu l’hommage national à Maxime Blasco (tué au combat au Mali) ; c’est inadmissible ! C’est une honte et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement « issu de « deux coups d’État », a indiqué le chef de l’État français à l’antenne de la RFI.
Le point de non-retour est atteint, car, il est difficile d’imaginer une réconciliation prochaine entre Bamako et Paris, au regard des coups de boutoir et menaces proférées par le ministre français des Armées à l’endroit du Premier ministre malien. Il y a lieu plutôt de s’interroger si les autorités de Transition ne se feraient pas harakiri en rebroussant chemin, au regard du soutien populaire dont elles bénéficient présentement du seul fait de leur hostilité face à la politique française. Les dés paraissent davantage jetés avec la réception récente au Mali de quatre hélicoptères de type MI-171 et des munitions de la Russie, contrariant ainsi l’Elysée. Comme quoi, le divorce entre les deux pays prend forme, à la grande satisfaction d’un peuple malien qui ignore peut-être la lourde conséquence pouvant découler d’une rupture brutale avec une France, capable de pactiser avec le diable pour que le cas malien soit une leçon pour d’autres pays de son pré-carré.
Solo Minta
Source : Tjikan