Jair Bolsonaro “daltonien”

«On dirait qu’il n’y a pas d’issue. Même le jour de la conscience noire», se désolait Richarlison, attaquant métis de la Seleçao qui évolue à Everton, dans le Championnat de football d’Angleterre. «Ils ont tabassé à mort un homme noir devant les caméras. La violence et la haine ont perdu toute pudeur», a-t-il ajouté, égrainant les noms des Brésiliens Joao Pedro, 14 ans, et Evaldo Santos, un musicien de 51 ans, ainsi que celui de George Floyd, faisant référence à d’autres hommes noirs morts des suites de violences policières.

En revanche, le vice-président brésilien, Hamilton Mourao, a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un acte raciste, tout en qualifiant de «regrettable» le meurtre perpétré, selon lui, par «un agent de sécurité non préparé à l’activité». «Pour moi, au Brésil, il n’y a pas de racisme. C’est quelque chose qu’ils veulent importer ici au Brésil. Cela n’existe pas ici», a déclaré ce général à la retraite.

Pour sa part, le président Jair Bolsonaro, sans mentionner la mort de Silveira Freitas, a affirmé sur Twitter que les problèmes du pays «vont au-delà des questions raciales» et que le «grand mal» du Brésil continue d’être «la corruption morale, sociale et politique». «En tant que président, je suis daltonien : ils sont tous de la même couleur. Il n’y a pas de meilleure couleur de peau que les autres. Il y a des hommes bons et des hommes mauvais», a clamé le président d’extrême droite.

Au Brésil, le dernier pays des Amériques à avoir aboli l’esclavage, en 1888, plus de la moitié des 212 millions d’habitants sont noirs ou métis. Selon l’«Atlas de la violence» paru en août dernier, le nombre des meurtres de Noirs a augmenté de 11,5% entre 2008 et 2018, tandis que chez les non-Noirs il a diminué de 12,9%.