Les bouillons culinaires sont devenus incontournables pour la ménagère africaine. On les retrouve dans toutes nos recettes bien qu’ils ne soient, selon les spécialistes, pas sans conséquences sur la santé.
Beaucoup de personnes s’interrogent sur les effets à long terme de ces bouillons sur la santé. Les avis divergent, et Awa, ménagère, affirme ne pas croire à ce qu’elle appelle « une diabolisation de ces produits que nous consommons depuis Mathusalem » (sic). Certains sont sceptiques sur sa prétendue dangerosité. Pour en avoir le cœur net, j’ai décidé de m’intéresser à ce sujet très présent dans le débat actuel notamment à travers des articles partagés tous les jours sur les réseaux sociaux, mettant davantage de l’eau au moulin des contempteurs de ses bouillons.
A Bamako, le vacarme autour de ces bouillons appelés « Cube Maggi », était tel que Mahamadou Sangaré, chef de famille, les a interdit. Cette décision sans appel a été précipitée par le fait qu’un jour, il a vu un berger castrer son taureau et lui en donner après. Pour lui, il n’y a pas de doute : cela provoque la baisse de libido. Il n’est pas le seul à penser cela. Pour beaucoup de personnes, plusieurs types de maladies comme celles de l’estomac, les problèmes sexuels et l’hypertension artérielle sont très souvent provoqués par la consommation de ces produits.
Siaka Touré vit de la vente de ce produit depuis trois ans. Pourtant, il a arrêté d’en consommer parce que pour lui, il y a des « non-dits » sur leur fabrication. « Il est évident que la consommation en quantité importante de bouillons culinaires peut provoquer l’hypertension, troubler la sexualité, parce qu’ils comportent beaucoup de sel, un produit qui favorise ces maladies », prévient Issa Traore, un pharmacien.
Des pubs qui agacent
Pourtant, il est impossible de rater les publicités, à la limite agressives, de ces produits sur les radios et télévisions. Les entreprises de fabrication parrainent aisément leurs activités, incitent tout le temps à la consommation de leurs produits, mais ne communiquent presque jamais sur les effets néfastes qui y sont liés.
Pour Mme Sylla, endocrinologue et nutritionniste à l’Hôpital du Mali, « les bouillons culinaires sont des produits faits à base de sel et de glutamates, un concentré d’amidons, de sucres et d’autres aliments. Ce sont des additifs de goûts, et donc en les ajoutant aux autres aliments, on augmente la dose en sel et en sucre, c’est un excès. »
Mme Sylla est catégorique sur le fait qu’il faudrait éviter ces produits sinon en diminuer fortement leur consommation. Elle ajoute, par ailleurs, que ces bouillons pourraient être la cause de plusieurs maladies comme le trouble de comportement chez l’enfant, le gonflement de la prostate appelé « Adénome », et confirme qu’ils peuvent être à la base de l’hypertension artérielle…
Un manque d’études
Mais jusqu’ici, aucune étude sérieuse n’a été menée pour infirmer ou confirmer les effets néfastes de ces produits devenus incontournables dans notre alimentation.
Au Mali, du fait de la corruption et de la faiblesse de nos institutions, très souvent les industriels ne sont pas inquiétés. Mais il est important de savoir que le ventre ne se lave pas comme un ustensile de cuisine. L’État doit sérieusement vérifier les produits industriels alimentaires. C’est une question de sécurité sanitaire nationale. En attendant une étude sérieuse sur la question, consommons ces bouillons avec modération.