Parmi les chantiers du changement amorcé par le président IBK, le secteur de la justice est l’un des plus grands. Du moins celui sur lequel s’est focalisé de nombreuses attentes. Il s’est agi d’ » assainir » ce domaine foncièrement lié à la liberté des citoyens. Or, la liberté se trouve être une des mamelles nourricières de la démocratie et de l’Etat de droit.
En voulant assainir la justice, l’Etat se doit d’abord de prendre toutes les précautions pour ne pas porter atteinte à cette liberté à laquelle tous les citoyens et particulièrement les magistrats attachent le plus grand prix. Dans ce sens, le ministre de la Justice devient un acteur clé à qui incombe une grande responsabilité, une tâche assez délicate : assainir avec succès un secteur avec la célérité souhaitée tout en respectant scrupuleusement les textes de lois ?
Il semble que la question n’a pas eu les réponses appropriées. Le premier responsable du département de la Justice a opté pour une dose de populisme dans sa démarche. Comment comprendre que le ministre de la Justice puisse requérir l’emprisonnement d’un citoyen alors qu’au terme de la loi il ne peut que définir et conduire « la politique criminelle de l’Etat « . La mise en oeuvre de celle-ci incombe exclusivement aux officiers de police judiciaire Officiers de police judiciaires.
Conscient de la prédisposition d’une population (en majorité analphabète) à des attitudes de revanche, le garde des sceaux est souvent apparu comme celui qui veut que les » responsables corrompus soient mis en prison « . Dans cette démarche, les magistrats légalistes, qui trouveraient que la loi a été violée dans la poursuite d’un délit ou un crime, est tout de suite appréhendés par l’opinion comme « alliés des corrompus « . En procédant de la sorte, l’Etat, qui est censé être lié par la loi et défenseur de toutes les dispositions législatives contribue plutôt à la violer allégrement. Or, l’Etat de droit c’est justement le respect de la loi, de toute la loi. Dura lex sed lex (la loi est dure mais c’est la loi !).
A titre d’exemple, lorsque le ministre de la Justice suspend des magistrats alors que la loi ne lui reconnaît pas cette prérogative, il y a péril en la demeure de l’appareil judiciaire. C’est là une tentative de caporalisation de la justice.
Bruno Djito SEGBEDJI
SOURCE: L’Indépendant