L’Etat malien se trouve dans une situation très déplorable. Le pays cède du terrain progressivement à ses pourfendeurs. Une cacophonie généralisée s’est installée entre les citoyens, et entre les citoyens et les dirigeants. Le premier des maliens reste dans les effets d’annonce, sans que les services de sécurité n’arrivent à réellement trouver une solution à l’engrenage mortuaire. Les partenaires du pays Barkhane et la Minusma comptent leurs morts, gardent leur posture stoïque malgré les contestations de la population malienne.
Le pays va mal.
Comment une nation carrefour, établie sur des étendues vastes et magnifiques, avec des populations soudées bien que plurielles culturellement peut se trouver dans cette position ?
Le Mali pendant des années s’est maintenu dans une mauvaise gouvernance, qui a progressivement, mais surement aboutie sur une situation de quasi-faillite. Les gouvernants ont adopté une posture de facilité, la corruption s’est ancrée dans les mœurs et surtout le trafic d’influence s’est érigé en mode de gestion publique. L’instabilité chronique au nord en a profité pour s’enflammer jusqu’à complètement anéantie les fondements de notre Etat, ce qui s’est accentué avec l’invention par les djihadistes en 2012. Du Nord, la crise existentialiste s’est installée au centre et a commencé à ballotter dangereusement le pays.
Le Centre du Mali est ainsi devenu une poudrière.
L’Etat ne l’avait pas anticipé, donc n’avait pas prévu de plan, le seul qu’il a pu envisager, lui a totalement échappé et est devenu même le problème. En effet, faute d’assez de militaires, et de militaires bien formés, et d’un service des renseignements moderne à souhait, les responsables chargés de la sécurité nationale ont eu de la peine à solutionner, cela malgré 1.230 milliards alloués à la défense sur cinq ans sur le budget national en faveur de la loi d’orientation et de programmation militaire. Les difficultés ont alors amené nos décideurs à dupliquer le cas du nord. A l’instar de Ganda Izo et de GATIA ils ont créé des milices au centre.
Malheureusement la différence des réalités démographiques et l’existence sur fond ethnique du groupe djihadiste terroriste principale de la zone ont apporté les premières difficultés, la mauvaise organisation de l’initiative et la prolifération des armes dans le pays ont fini par écrouler le plan.
Désormais dans la région de Mopti les milices dogons et peulhs détruisent les villages des uns et des autres, de Douentza à Koro en passant par Bandiagara. Dans la zone inondée, les milices Bambaras et Bozos sont dressés contre les villages peuls. La plupart de ces milices locales ethnicisées ont des récépissés, leurs membres ont des cartes officielles et elles ont souvent des états-majors hiérarchisés.
Faute de pouvoir les entretenir elles sont en train d’échappées à l’Etat. Elles ont aussi compris que le business de la terreur paye. Elles attaquent des villages en prônant la vengeance ou la défense de leur ethnie, mais en réalité, elles pillent les villages attaqués de leurs troupeaux, tuent les habitants, dépouillent les maisons et brûlent tout. Ces derniers temps des milieux de bovins venant du Mali sont vendus sur les marchés ivoiriens et autres ghanéens.
Nos gouvernants savent que la situation est en train de muer, ils doivent dire la vérité, se cacher au peuple et lui cacher la vérité peut conduire dans une autre dimension conflictuelle qui pourra nous dépasser tous.
Globalement tous les assaillants qui opèrent au Burkina Faso, au Niger, même ceux qui ont agi au Bénin dernièrement ont tous pour base arrière le Mali, cela est grave et nous montre en même temps l’étendue du désastre.
Nous n’avons plus le choix, nos dirigeants doivent sortir de leur position de fuite en avant, ils doivent mobiliser les maliens autour du Mali sur fond de vérité, ou ils doivent capituler patriotiquement parce qu’ils ne peuvent plus.
Macké Diallo
Source: L’Aube