La région de Mopti qui accueille du 6 au 16 juillet la biennale artistique et culturelle 2023 n’a pas l’esprit à la fête. Des habitants de la localité confessent que leurs préoccupations sont plutôt d’avoir l’eau et l’électricité dont ils n’ont pas régulièrement accès depuis le mois de février dernier.
La région de Mopti abrite du 6 au 16 juillet les activités de la reprise de la biennale après quelques années d’arrêt. L’événement annoncé en grande pompe sera lancé par les autorités politiques du pays aujourd’hui où est attendue la participation des centaines de personnes.
Si ce rendez-vous culturel et de brassage entre les communautés est généralement très attendu par la localité qui l’accueille, à Mopti la présente édition crée moins de ferveur et d’enthousiasme auprès d’une frange importante de la population. Selon eux, à l’image de Abdoulaye SANGHO, la ville est préoccupée par des problèmes criards et préoccupants.
« Depuis février dernier, la ville de Mopti n’a pas d’eau ni électricité régulièrement. Nous avons manifesté en vain pour que la situation change. À cause de la forte chaleur dont les conséquences ont été doublées à l’absence d’électricité, de nombreuses personnes ont perdu la vie. Ce n’est pas dans ce contexte qu’il fallait tenir cette rencontre regroupant tout le Mali », a indiqué le jeune SANGHO, ajoutant qu’à cause de ces difficultés des habitants de la ville n’ont pas l’esprit à la fête, mais plutôt à la corvée d’eau qui les coupe le sommeil.
« Malgré notre soutien à la transition, nous ne comprenons pas la démarche des autorités pour la tenue de la biennale à Mopti. La logique voudrait qu’elles pansent d’abord la plaie des habitants avant de songer à cet événement ou de réunir les conditions de sa bonne organisation », a-t-il déclaré.
Certes, il y a eu des efforts en vue d’améliorer la situation, mais ils sont insuffisants au regard de l’ampleur des besoins.
Il a insinué que des responsables de la société civile de la ville n’avaient pas été associés à la décision de la tenue de ladite édition. En lieu et place de la biennale, il aurait proposé d’autres activités en lien avec la prise en compte des préoccupations légitimes de la population.
« Je suis vraiment dégoûté parce que nos préoccupations sont le dernier souci de nos autorités ou bien on les a cachés la réalité de la région », a indiqué M. SANGHO.
Ce calvaire sera tout naturellement vécu par des délégations venues de toutes les régions du Mali qui doivent compétir durant les 10 jours de ce rendez-vous dans diverses disciplines artistiques (chant, chorographies) comme en témoigne le sous-préfet de l’arrondissement de Ber, Moïla Mohamed Ousmane, accompagnant les représentants de la région de Mopti au micro de La Voix de Mopti.
« Nous avons eu une école propre, même si les gens sont serrés à l’intérieur. A notre arrivée, l’électricité a été notre premier problème. Les régions de Kayes et de Tombouctou partagent deux blocs alimentés par des panneaux mal installés », a décrit Moïla Mohamed Ousmane. Ils sont au moins 80 personnes à être hébergées sur ce site.
Pour pallier au problème, les ressortissants de la région de Tombouctou résidant à Mopti regroupés au sein d’une association, a-t-il souligné, ont loué un groupe électrogène et le mettre à la disposition de la délégation.
« C’est avec ce groupe électrogène que la délégation de Tombouctou fait des répétitions », a affirmé Moïla Mohamed Ousmane.
Une source anonyme soutient en revanche que des actions et initiatives sont en cours depuis quelques jours pour atténuer les difficultés d’eau et d’électricité.
« Nous avons bénéficié de nouveaux groupes électrogènes. On espère qu’ils vont contribuer à prendre des charges et améliorer les conditions d’hébergement et de travail pour tous les participants », espère notre source.
L’information est confirmée sur la page Facebook du gouvernorat de Mopti. « Enfin, un ouf de soulagement pour la population avec l’acquisition de quatre nouveaux groupes électrogènes d’une capacité totale de 5 mégas qui pourront désormais couvrir les besoins de la commune urbaine de Mopti en électricité et mettre un terme à la pénurie d’eau qui liée en grande partie à la crise d’énergie », a posté la cellule de la communication du gouvernorat.
Ces machines mises à la disposition d’EDM-SA, est la concrétisation d’une promesse tenue par les plus hautes autorités de la Transition au premier rang desquelles le colonel Assimi GOITA, président de la transition.
Ces investissements pourraient être le début de solutions aux calvaires des délégations.
En dépit des défis à relever, la tenue de la biennale est aussi un signal pour rassurer la population affectée par l’insécurité.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin