«Qui vous a dit ça» ? C’est la question que nous a posée un officier de police du 5è Arrondissement quand nous lui avons demandé si le procureur du Tribunal de grande instance de la Commune IV a ouvert des enquêtes préliminaires sur les allégations de harcèlement et d’abus sexuels qui secouent actuellement le monde du basket-ball malien. Malgré notre insistance, notre interlocuteur n’en dira pas plus, il s’est juste contenté d’ajouter que même s’il y a enquête, «on ne peut rien dire pour le moment».
Ces propos de l’officier de police du 5è Arrondissement peuvent paraître ambigües, mais à en guger par sa réaction quand nous lui avons appris que l’information a été donnée par les réseaux sociaux, il ne fait guère de doute que quelque chose se passe actuellement du côté de la police. Un rappel des faits est nécessaire pour comprendre cette affaire qui fait déjà couler beaucoup d’encre dans le monde du sport malien, en général et de celui du basket-ball, en particulier.
Dans sa parution du 10 juin, le quotidien américain, New York Times publie un article sur les allégations de harcèlement sexuel systémique au sein de la Fédération malienne de basket-ball, conduisant FIBA-Monde à ouvrir une enquête sur ces allégations.
Dans sa déclaration, FIBA explique également qu’il est signalé que Hamane Niang “connaissait ou aurait dû connaître les abus sexuels au sein de la Fédération malienne de basket-ball, en particulier lorsqu’il était à la tête de cette Fédération de 1999 à 2007”. Mais dans sa publication, le quotidien américain a tenu à préciser que Hamane Niang, 69 ans, “ n’a pas été accusé d’avoir commis des abus sexuels, mais que ses détracteurs disent qu’il a largement ignoré l’agression des femmes pendant une douzaine d’années entre 1999 et 2011, lorsqu’il a d’abord été président de la Fédération malienne de basket-ball, puis ministre des Sports du pays»”.
Quelques heures seulement après la publication de l’article et l’annonce de l’ouverture d’une enquête par FIBA, Hamane Niang a décidé de se retirer de la présidence de FIBA et ce, jusqu’à la fin de l’enquête. Dans une lettre qu’il adressera ensuite au New York Times, l’ancien président de la FMBB nie fermement les accusations et assure vouloir coopérer à l’enquête que la Fédération internationale va elle-même mener.
“Je n’ai jamais été impliqué et je n’ai jamais eu connaissance des accusations décrites dans votre correspondance”, a écrit Hamane Niang dans un email envoyé au quotidien américain. Depuis, l’affaire est entre les mains de l’agent indépendant, le Professeur Richard McLaren qui doit rendre son rapport après les J.O de Tokyo.
En attendant, FIBA a décidé de suspendre trois responsables maliens de toutes les activités liées au basket-ball. Il s’agit des coaches Amadou Bamba et Cheick Oumar Sissoko et de l’ancien arbitre international, Ario Maïga,
La semaine dernière, la population de Kayes a organisé un grand meeting de soutien à Hamane Niang au cours de duquel elle a exprimé sa colère et dénoncé «un complot parti de Bamako». «Cette affaire ternit l’image de notre famille, voire du Mali. Hamane Niang n’a rien à se reprocher et il est serein. Nous sommes sûrs qu’il sera blanchi», a clamé un frère cadet de l’ancien ministre des Sports.
Souleymane B. TOUNKARA