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Barkhane: une ambiguïté toxique

Le janotisme lexical autour de l’opération Barkhane est aussi déroutant que la soudaine fébrilité qui s’est emparée de Paris à la suite de l’acte qui a été qualifié de ‘’coup d’Etat dans un coup d’Etat’’. Les contorsions et les discours décousus trahissent des dessous scabreux quant à l’objectif de cette mission militaire dans notre pays. Quelle était donc la vraie mission de l’opération Barkhane ?

 

Selon la rhétorique officielle servie aux opinions nationale et internationale, l’opération Barkhane est une opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française, avec une aide secondaire d’armées alliées, qui vise à lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans toute la région du Sahel. Lancée le 1er août 2014, elle remplace les opérations Serval et Épervier.
Elle s’inscrit dans le cadre d’une stratégie des forces prépositionnées dans la région, en partenariat avec les États de la zone. Elle mobilise plusieurs milliers de soldats contre des groupes djihadistes affiliés à al-Qaïda ou à l’État islamique.
Mais, apparemment, le ‘’coup d’Etat dans le coup d’Etat’’, dont la gravité tient surtout de l’offense de démissionner un président de transition qui semblait avoir des atomes crochus avec Paris, a levé le voile sur le secret le mieux gardé de la coopération militaire entre deux pays.
Dans une impétuosité rarement égalée, Paris annonce coup sur coup la suspension des opérations militaires conjointes avec les Forces armées maliennes (FAMa) et un désengagement progressif au Sahel.
La ministre des Armées, Florence Parly, a toutefois assuré vendredi que cette «transformation» ne «signifie pas le départ du Sahel», ni que la France allait «ralentir (ses) opérations de contre-terrorisme» dans la région.
Paris n’a pas encore dévoilé les détails de cette nouvelle configuration, mais la force antijihadiste française Barkhane (5.100 hommes actuellement) va disparaître au profit d’un dispositif resserré, focalisé sur la lutte antiterroriste et l’accompagnement au combat des armées locales.
Cette déclaration est un séisme sous nos tropiques: un ‘’dispositif resserré, focalisé sur la lutte antiterroriste et l’accompagnement au combat des armées locales’’.
Ainsi, la Force Barkhane déployée au Sahel depuis le 1er août 2014 avait une vocation autre que celle de lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes dans toute la région. C’est la déduction logique que l’on peut faire de cette annonce stupéfiante.
Barkhane ne peut revendiquer d’autres missions, d’autant plus que d’autres forces sont présentes sur le territoire national pour d’autres missions spécifiques.
Par exemple, il y a la MINUSMA qui, en vertu de son mandat, est autorisée à prendre toutes les mesures requises pour s’acquitter du mandat suivant : stabilisation de la situation dans les principales agglomérations et contribution au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays ; contribution à l’application de la feuille de route pour la transition, y compris le dialogue national et le processus électoral ; protection des civils et du personnel des Nations unies ; promotion et défense des droits de l’homme ; soutien de l’action humanitaire ; appui à la sauvegarde du patrimoine culturel ; action en faveur de la justice nationale et internationale.
Il y a également l’EUTM-Mali qui constitue le pilier militaire de la stratégie de l’UE dans le pays, qui comprend d’autres domaines tels que le développement politique et humanitaire. La mission est née en 2013 pour répondre à la nécessité de renforcer les capacités des Forces Armées Maliennes, en les rendant autonomes et capables de contribuer à la défense de leur population et de leur territoire.
Depuis l’adoption du cinquième mandat en 2020, les objectifs stratégiques de la mission ont évolué: contribuer à l’amélioration des capacités des Forces Armées Maliennes sous le contrôle des autorités politiques pour: consolider les améliorations réalisées depuis 2013 ; contribuer à la stabilisation politique et à l’amélioration de la situation en matière de sécurité de l’État en aidant à la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger ; soutenir le rétablissement du contrôle de l’Etat et de l’Etat de droit sur l’ensemble du territoire malien ; soutenir le G5 Sahel, par la consolidation et l’amélioration des capacités opérationnelles de sa Force Conjointe, en renforçant la coopération régionale pour faire face aux menaces communes à la sécurité, dont celle du terrorisme et à la traite illégale, dont celle des êtres humains.
Pour atteindre ces objectifs, EUTM Mali articule ses activités autour de 4 piliers : instruction des unités militaires maliennes ; conseils, à tous les niveaux, des Forces Armées Maliennes ; contribution à l’amélioration du système d’enseignement de la formation militaire, des établissements d’enseignement au niveau ministériel ; conseils et formation au Quartier Général de la Force Conjointe de G5 Sahel.
Comme on peut le constater, la seule Force internationale présente sur le sol malien qui a une mission exclusivement tournée vers la lutte anti-terroriste est Barkhane.
C’est avec stupeur que l’on apprend, seulement à l’annonce de son désengagement, que sa mission était plutôt excentrée, qu’elle avait d’autre chat à fouetter que de courir exclusivement derrière les jihadistes.
Il y a de quoi se pencher plus sérieusement certaines thèses jugées jusqu’alors farfelues et fantasmagoriques sur des activités suspectes menées dans certaines zones du territoire, à l’abri des regards indiscrets des FAMa. Tout finira par se savoir…

PAR BERTIN DAKOUO

Source : INFO-MATIN

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