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Bangui: retour au calme après les violences d’une coalition inattendue

La situation est quasiment revenue à la normale mardi 12 mai dans la capitale centrafricaine, après le coup de colère de certains anti-balakas et ex-Seleka lundi. Mais la manifestation de colère qui a terni la cérémonie de clôture du Forum de Bangui a vu une première : l’alliance, face aux autorités de transition, d’éléments anti-balaka et ex-Seleka. Les ennemis d’hier sont côte à côte pour faire prévaloir des préoccupations communes.

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Le trafic a repris mardi place de la Réconciliation à Bangui et les motos taxis ont de nouveau chargé leurs clients. Les commerces étaient ouverts au marché du kilomètre 5. Un barrage a été installé par des jeunes en milieu de matinée à l’entrée du marché combattant, mais deux heures plus tard, un fort déploiement de casques bleus de la Minusca le démantelait.

Retour au calme, donc, et les leaders anti-balaka assurent qu’ils ont joué un rôle dans cet apaisement. Sébastien Wenezoui, le numéro 2 de la coordination anti-balaka affirme que des officiers ont fait le tour des troupes pour dissuader les velléités de manifestation. Il lance un message d’apaisement : « Le message que je donne aux éléments anti-balaka, c’est de se calmer au maximum, d’observer le silence et d’approuver le résultat de ce Forum. Ca ne sert à rien de revendiquer leurs droits par la force ou par des manifestations. »

Sébastien Wenezoui confirme par ailleurs que lundi les éléments anti-balaka qui ont manifesté leur colère étaient bien aux côtés d’ex-rebelles Seleka. C’est donc une coalition inattendue qui s’est formée pour protester contre les conclusions du Forum de Bangui. Composé d’éléments des deux camps, ce rassemblement les a réunis notamment pour demander la libération de leurs compagnons actuellement en détention. « On a des intérêts communs avec les ex-Seleka, a expliqué à RFI un chef anti-balaka. Certains m’ont même appelé ce matin pour me demander des conseils. »

Qui paye commande

De nouveaux défis vont-ils rapprocher les belligérants d’hier ? Le fait est que ex-Seleka et anti-balaka seront concernés par le même processus de désarmement et qu’ils font désormais face, ensemble, à une revendication de justice affirmée avec force lors du Forum de Bangui.

Les lignes de partage sont d’autant plus floues qu’au sein même des groupes, la cohésion est très faible. Des éclats de voix ont eu lieu entre dirigeants politiques et militaires d’une des ailes de l’ex-Seleka lors de la cérémonie de signature de l’accord de désarmement, démobilisation, réinsertion. Après la lecture des recommandations du Forum, le porte-parole d’une autre faction ex-Seleka quittait la salle en colère tandis que son chef prononçait une motion de remerciement.

Un responsable anti-balaka, lui, fait le constat d’un grand éclatement de sa mouvance : « Chez nous, qui paye commande, dit ce leader. Chacun a ses éléments, ils sont dispersés. Comment pouvons-nous contrôler ces combattants ? C’est impossible. »

Le ras-le-bol de la population

Les échauffourées de lundi sont la preuve une nouvelle fois des divisions au sein même des anti-balaka et des ex-Seleka. Pour Gaston, c’est la population qui fera les frais de ces violences : « Ils n’obéissent à personne. Ce qui est sur c’est que ceux qui sont radicaux ont quelqu’un qui les pousse plutôt à agir mal contre la population et en général c’est la population qui paie les pots cassés. Donc moi je crois que c’est un danger pour la population. »

Pour Pierre, un habitant du 5e arrondissement, les éléments armés obéissent à ceux qui les payent. Et ce ne sont pas forcément les chefs officiels : « Ce sont des rebelles. Ils ont pris les armes parce qu’ils ont une cause. On dit souvent qui paie commande. Et si leurs chefs ne paient pas très bien ils vont se tourner vers quelqu’un qui paie très bien. »

Jean lui, n’est pas surpris par ces évènements. Le Forum de Bangui s’est bien passé, dit-il, il veut garder la foi : « C’est une situation qui ne me surprend pas du tout. Tout simplement parce que ex-Seleka, anti-balaka, c’est toujours des groupes désordonnés, désorganisés qui n’ont aucune coordination. Les chefs étaient en train de parler et pendant ce temps d’autres éléments faisaient ce qu’ils voulaient. L’espérance me fait vivre, mais la réalité sur le terrain quelquefois me désole. »

Le sentiment général qui domine au sein de la population, c’est le ras-le-bol. « J’en ai marre,confie un habitant. Marre de voir ce pays détruit par une minorité. »

 

Source: RFI

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