Treize morts ; cinq blessés ; des habitations et autres biens des populations totalement calcinés ou emportés. C’est là, le bilan macabre d’une attaque lâche perpétrée, le 23 février 2023, par des groupes armés terroristes contre le village de Kani-Bonzon, situé dans la région de Bandiagara au centre du Mali.
Le 23 février 2023, aux environs de 16 heures, des hommes armés à motos ont fait irruption dans le village de Kani-Bonzon. « Les assaillants ont tiré sur tout ce qui bougeait avant d’incendier des boutiques, des habitations et des greniers. Ils ont aussi emporté le bétail », confie un habitant à nos confrères du Studio Tamani.
Selon plusieurs témoins, ce massacre aurait pu être déjoué, puisque la zone était en alerte maximum depuis deux semaines. Joint par téléphone, le président du Conseil de Cercle de Bankass, Amadou Yaro, a témoigné : « Le village de Kani-Bonzon a été victime hier (jeudi 23) soir d’une attaque terroriste faisant treize morts et cinq blessés dont deux cas graves. Nous avons rassemblé les corps qui étaient éparpillés un peu partout. Trois blessés graves ont été évacués au centre de santé de référence de Bankass. Ce qui s’est passé est horrible, lâche, barbare et inhumain. Le village a été entièrement incendié. Ils ont brûlé toutes les boutiques du village, calciné des motos et incendié des greniers.»
Parmi les victimes de ce massacre, figurent des leaders du village, notamment le secrétaire général par intérim de la mairie ; l’imam par intérim du village ; le vice-président du conseil local de la jeunesse de Kani Bonzon…
Dès le lendemain de cette attaque, des populations de Bankass sont massivement sorties pour réclamer une fois de plus la présence effective de l’armée dans les zones à fortes menaces terroristes. Ce fut le même cas à Bandiagara, où les manifestants ont même barricadé les entrées et les sorties de la ville. « Nous sommes mécontents du travail de nos militaires », scandaient des manifestants en larmes, réclamant justice et paix.
Aujourd’hui, au centre du Mali, jamais il ne passe une seule semaine sans qu’il n’y ait des morts provoqués par des groupes armés terroristes. Le plus souvent, il s’agit des enlèvements de bus voyageurs ; des attaques contre des villages et des poses des engins explosifs improvisés. Dans toutes ces attaques, ce sont des pertes en vies humaines et en biens qui sont enregistrées.
Les autorités fortement interpellées !
Pour sa part, Adaman Diongo, président du Collectif des associations du pays dogon affirme que « les autorités n’ont pas la même lecture de la situation sur le terrain que les populations. À Bankass sur douze communes, neuf ont fait des accords d’allégeance avec les terroristes. Malheureusement, cette situation fait que les autres communes qui ne sont pas dans les accords subissent des représailles », a-t-il déclaré. Cet accord d’allégeance, selon lui, est aussi une réalité pour les autres cercles et communes des localités du centre du Mali.
C’est ainsi que dans une note d’information, le Collectif des associations des jeunes du pays dogon exige au président de la transition de reprendre en main la situation sécuritaire dans le pays dogon. Aussi, le collectif recommande au chef de l’Etat la mise en place d’un mécanisme officiel de collaboration entre les Forces armées maliennes (FAMa) et le mouvement d’autodéfense, Dan Na Ambassagou.
Amadou Kodio
Source : Ziré