Les autorités maliennes, à travers le gouvernorat du district de Bamako, ont commencé le mois de juillet 2016, l’opération de libération des voies publiques. Cette opération, il faut le rappeler, initiée par le gouverneur du district de Bamako, Mme Sacko Aminata Kané a rencontré de sérieux problèmes. Il y a même eu des échauffourées, ayant occasionnées des blessés graves, entre les forces de l’ordre et les commerçants. Après ce remue-ménage, une commission ad hoc pour la gestion de la situation des déguerpis a été mise en place. Bamba Tidiane Kanadji, deuxième vice Président du syndicat national des commerçants détaillants du Mali (SYNACODEM), est membre de ladite commission. Au cours de cet interview qu’il a bien voulu nous accordé, il revient sur la gestion de cette crise, surtout les difficultés auxquels ils font face aujourd’hui à savoir la prise en compte de leur doléances. Selon lui, le département de tutelle et la Chambre de Commerce n’ont pas honoré leurs engagements. A l’en croire, l’opération de déguerpissement a fait plus de 13.000 déguerpis. Par ailleurs, il a invité les autorités à prendre en charge le traitement d’un des leurs qui a été blessé par balle au moment du déguerpissement. Lisez !
Qu’est-ce qui a été fait réellement pour régler la situation des déguerpis ?
Après le début des déguerpissements nous avions mis en place un comité de crise. Nous avions été sollicités par l’Assemblée Nationale qui après avoir écouté tous les protagonistes, a produit un rapport. Nous avions aussi été sollicités par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali sous l’égide du Ministre du commerce et nous avions voulu répondre à cet appel, car nous trouvons que c’est la structure faitière. En réalité, certains par lesquels moi-même avions dit en son temps qu’il n’était pas nécessaire qu’on mette notre comité en veilleuse pour aller à la CCIM. Par ce que c’est quand il y’a le feu à la maison qu’ils viennent en sapeur pompier pour l’éteindre. Mais une fois le feu éteint, on se rend compte que nos préoccupations ne sont pas prises en compte. Quand la majorité a décidé, donc nous avions dit qu’il n’ya pas de problèmes, nous allons écoutés la Chambre de Commerce.
Qu’est-ce qui a été décidé après cette rencontre avec la Chambre de Commerce et d’Industrie ?
La Chambre de Commerce a mis en place une commission ad hoc et cette commission comprend toutes les organisations faitières. Et cette commission a mis en place cinq (5) sous commissions dont la commission information et sensibilisation, commission recensement, commission loi, commission indentification des sites etc. A la suite de ces travaux, il y’a certains sites qui ont été identifiés réellement pour dire que c’est des sites qui peuvent abriter les déguerpis. Mais, malheureusement sur le terrain, nous nous sommes rendus compte que ces sites sont très souvent cédés à des particuliers ce qui fait qu’à la date d’aujourd’hui, on n’a pas pu avoir de sites qui puissent abriter les commerçants et les artisans. On nous avait dit aussi qu’il y’avait la devanture de la mairie de la commune III, malheureusement ce site est en veilleuse. Le seul lieu qui pour le moment est en construction, c’est celui de Darsalam, mais il faut dire qu’avant même les opérations de déguerpissent, la chambre de commerce était en pourparlers avec la mairie de la commune, c’est à la suite de ces pourparlers qu’il avait été décidé d’aménager ce lieu qui peut abriter à peu près 440 personnes alors qu’on a plus de 13.000 déguerpis, selon un rapport d’étape. Actuellement, tous les sites qui on été identifiés et notamment les six sites qui avaient été identités par la commission et les autorités, ne sont pas encore mises à la disposition des commerçants, ni de la chambre de commerce pour les amener, ce qui crée un problème au niveau de la base.
Selon vous, est-ce que les autorités ont failli à leurs engagements ?
Vraiment, on peut le dire clairement, le département de tutelle et la Chambre de commerce, n’ont pas honoré leurs engagements. Et pourtant c’est la Chambre de commerce qui doit plaider pour nous auprès des autorités comme le ministre du commerce a eu à le dire lors d’une de nos réunions dans ses locaux. Il nous avait dit que le Premier ministre a instruit cinq départements ministériels pour la gestion de cette situation.
Que demandez-vous aux autorités?
Nous avons nos doléances, la première des choses, c’est de dédommager ceux qui ont des pertes. Ensuite, il faut dire que lors des opérations de déguerpissement, il ya un des notres qui a été blessé par balle. Donc, nous demandons à ce qu’on puisse prendre en charge le traitement de celui-ci. Et si nécessaire faire une évacuation sanitaire. Parce ce qu’aujourd’hui, le monsieur est pratiquement paralysé. Ça c’est des points sur lesquels nous demandons l’implication de l’Etat afin de trouver des solutions. Nous demandons à ce qu’on mette à la disposition de notre organisation faitière les lieux qui sont nécessaires, disponibles pour pouvoir abriter ceux qui ont été déguerpis. Vraiment qu’on envisage de régler le problème, le prendre à bras le corps et qu’on fasse un travail acceptable qui puisse satisfaire aux besoins de tout les déguerpis.
Propos recueillis par Ousmane B Dramé
Source: Le Républicain