Suite à la tentative d’assassinat d’un gendarme français, vendredi, la question de la sécurité à Bamako se pose plus que jamais. D’autant que des élections législatives se tiennent dimanche 24 novembre dans tout le pays.
“J’invite la communauté française à une vigilance accrue”, a annoncé, vendredi 22 novembre, l’ambassadeur de France au Mali, après qu’un gendarme français a été la cible d’un tireur embusqué à Bamako. Alors que les élections législatives se tiennent dimanche 24 novembre, le quai d’Orsay invite en outre les Français à “rester très vigilants, y compris à Bamako [en vigilance orange depuis septembre, NDLR], pendant toute la période électorale jusqu’à l’annonce des résultats.”
Un gendarme français a été pris pour cible et légèrement blessé à la tête et à l’épaule, vendredi matin, par un tireur devant son domicile. C’est la première fois qu’un militaire français est attaqué par un homme armé dans la capitale malienne, située pourtant hors de la “zone rouge”. Cette attaque a laissé craindre le pire des scénarios : un attentat ciblé à caractère terroriste et le risque d’une contagion de la violence qui s’exerce dans le nord du pays jusqu’à Bamako.
Dans le Nord-Mali, en périphérie de la ville de Kidal, la présence de groupes armés est avérée. 150 soldats français ont été envoyés en renfort aux 350 militaires déjà sur place, après l’assassinat le 2 novembre, des deux journalistes de RFI, revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Une « haine du blanc »
Une première perquisition effectuée par les forces spéciales maliennes au domicile du tireur a permis de retrouver une arme artisanale et des livres religieux. Des indices qui ont laissé penser dans un premier temps que l’individu pouvait avoir été influencé par les djihadistes du Nord-Mali. Mais cette fois, l’homme qui a tiré sur un gendarme français serait un individu isolé. Les premiers éléments de l’enquête de la police malienne écartent la piste terroriste.
D’après des sources proches de la police, l’agresseur, Mohamed Kané ne serait pas “en possession de tous ses sens”. L’homme a justifié son geste par une “haine du blanc”. L’agresseur n’en est pas à sa première tentative d’assassinat d’un Occidental, puisque l’an dernier il aurait tenté de poignarder une ressortissante d’un pays européen.
Ce malien de 43 ans a raconté aux enquêteurs avoir été marqué par une expérience douloureuse vécue à l’étranger au moment de ses études. Il dit avoir été victime “d’injustices” et de “brimades” de la part d’étudiants russes par le passé.
Dans le contexte actuel, les forces de l’ordre maliennes ont toutefois décidé de renforcer les mesures de sécurité à Bamako. D’autant que des élections législatives doivent se tenir dimanche dans tout le pays.
Ces élections sont cruciales pour le Mali, car elles représentent l’espoir d’un retour à la stabilité. Fragilisée, l’économie malienne à bout de souffle aurait bien besoin d’un rebond d’activité.
Mais les électeurs maliens risquent de boycotter cette nouvelle échéance électorale, inquiets face à l’insécurité grandissante au Nord, et peu encouragés par une campagne électorale terne. En effet, les meetings politiques se sont faits rares ces dernières semaines.
Dans le nord du pays, à Kidal, aux côtés des soldats maliens et des forces africaines de la mission de l’ONU, les militaires français assureront la sécurité dans les bureaux de vote, où les infiltrations d’islamistes armés font craindre des attentats pendant le scrutin.
Craignant que les violences empêchent la tenue correcte des élections, une coalition de partis politiques maliens, qui s’étaient opposées au coup d’État de mars 2012 ayant précipité la prise du Nord-Mali par les djihadistes, a demandé au gouvernement de reporter le scrutin de dimanche à Kidal.