Correspondant à Jérusalem
La réaction du gouvernement israélien ne s’est guère fait attendre. Trois heures seulement après l’annonce de l’accord conclu à Genève par les négociateurs iraniens et les grandes puissances du G5+1, le bureau de Benyamin Nétanyahou a publié un communiqué dans lequel il dénonce un «mauvais texte qui offre exactement ce que l’Iran voulait».
Naftali Bennett, l’ultranationaliste ministre de l’Économie, a fait savoir qu’«Israël n’est pas engagé par un accord qui menace sa propre existence», rappelant au passage que son pays «a le droit de se défendre». Avigdor Libermann, qui vient de retrouver son fauteuil de ministre des Affaires étrangères après plusieurs mois d’absence, a pour sa part jugé que cette issue constitue «la plus grande victoire diplomatique de l’Iran», avant de lancer, énigmatique: «Nous entrons dans une nouvelle ère».
Depuis la relance du dialogue entre l’Administration américaine et le régime iranien, qui a pris forme fin septembre à l’Assemblée générale des Nations unies, le gouvernement israélien n’a cessé de mettre en garde contre la tentation de signer un accord au rabais. Aux yeux de Benyamin Nétanyahou, une solution négociée doit impérativement prévoir le démantèlement intégral des infrastructures permettant d’enrichir l’uranium, ainsi que la mise en sécurité des importants stocks de minerais déjà enrichis.
À défaut, le premier ministre israélien martèle que son pays saura se défendre seul, menaçant implicitement de lancer des raids aériens contre les sites nucléaires iraniens. Des telles opérations ont par le passé été menées par l’armée israélienne, en 1981 contre le réacteur irakien d’Osirak et en 1987 contre les installations syriennes d’al Kibar. Pour autant, de nombreux experts mettent en doute la capacité des forces israéliennes à infliger des dommages durables aux infrastructures nucléaires iraniennes, dont plusieurs composantes ont été enterrées en profondeur.
Soucieux, à l’évidence, d’éviter une escalade, Barack Obama a indiqué dans la nuit de samedi à dimanche que «la résolution des États-Unis restera forte, tout comme nos engagements envers nos amis et nos alliés, en particulier Israël et nos partenaire du Golfe, qui ont de bonnes raisons d’être sceptiques vis-à-vis des intentions de l’Iran». Le président américain prévoit d’ailleurs d’appeler Benyamin Nétanyahou dans le courant de la journée.
La conclusion d’un accord intérimaire constitue une épreuve politique pour le premier ministre israélien qui, depuis de longues années, fait de la lutte contre la prolifération iranienne la pierre angulaire de son action gouvernementale. Plusieurs voies se sont récemment élevées pour mettre en doute sa stratégie, qui s’est soldée par une dégradation des relations avec les Etats-Unis et montre aujourd’hui cruellement ses limites.