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Bamako: De véritables tableaux roulants, les transports en commun !

Dans la circulation routière à Bamako, vous ne pouvez pas ne pas voir le florilège de messages sur les carrosseries ou les pare-brise arrière de véhicules de transport en commun ou de taxi ou même de gros porteurs. Si les savoureuses orthographes et grammaires ou du calligraphe ne vous attirent, vous le serez, à coup sûr par les couleurs criardes et vives mais, surtout, par le sens des messages tout autant fleuris. « Dieu Merci ; Merci Maman ; Merci frère, Merci grand frère », en reconnaissance du geste d’un bienfaiteur qui a donné un outil de travail au chauffeur, une source de revenu.

 

Quand c’est du « Mogo magni, Faden sago, Fote mogo ban, le travail assure l’indépendance, le bien fait n’est jamais perdu », ce sont des leçons de vie et des conseils pour celui qui regarde et arrive à lire le message. Entre www.teliman.net, le même transporteur, Air Zana trans, le jeune Fomba, Bonne chance, Mamy Trans, Bakaryba, Santoro, Yadiabar, Champion », on est dans le registre de la réclame pour soi ou de l’autopromotion. En matière de pub aussi, on n’est mieux servi que par soi-même !!!

Et on n’oublie pas « Dieu (qui) est grand : Allah ka bo » à qui on s’en remet « Nia to Alla mah », quand l’hommage à « Mylmo N Sahel (un rappeur) » côtoie, « Excellence », « l’Enfant de Fana », « N’enfant douman : le bon fils ou le fils agréable ??? On ne saurait le dire ». Il faut, peut-être demander à « Fatou den » pour trouver « Qui sait l’avenir ?»,

En fait, « Le premier sera reconnu par son travail », avec la « Nouvelle génération », ou le « Lybien, (un migrant de retour de l’enfer libyen) ». Il peut enseigner que « Sabalikagni » « Sabali » « Sete Dion yé » autant de leçons vécues qui peuvent servir.

On peut devenir philosophe en décrétant que « dion bé ni dakan : Chacun à son destin » ou « wasso magni : la vantardise est un vice ». C’est le fils de Oumou (« Oumou  Den ») qui le dit ou encore « Jeune premier » diont le vehicule est un « F16 » roulant pas volant, heureusement !!!

C’est alors que l’on apprend que « Mah mangni : les gens sont mauvais » et qu’il « Ya foyi : Il n’y a rien, c’est l’homme qui a peur ». « Maman den », « Papa den », il faut savoir que « Mogo magni : les gens sont méchants ou mauvais ». « Sabou gnouman : circonstances heureuses », « Le retour de Saba » « Bè ki ta fo : Laissez les gens jaser », « Moise le boss » ne fait « Pas de commentaire » puisqu’il a la foi : « Limania », il dcrit : « Je me confie à Dieu » et crie « Vive l’armée malienne », un cri d’un patriote ou « Maliden gnouman : Digne fils du Mali ».

Les Sotrama, taxi et autres gros porteurs portent ces mots et phrases pour se faire identifier dans la circulation bamakoise, au-delà de leur caractéristique de couleur verte (pour les Sotrama), jaune (les taxis).  Certains bus interurbains se singularisent par leurs messages slogans ou devises.

La circulation routière à Bamako est une mine d’enseignements à ciel (ou à tombeau ?) ouvert, à travers différents messages au flanc des véhicules de transports en commun, les Sotrama et les taxis. Du  genre, selon les chauffeurs, à s’identifier, à se glorifier ou encore à exposer leur passé, les péripéties de leur vie, avec ces slogans. De telle sorte que chacun (usager) à tendance à s’y retrouver parmi ses messages, soit on est interpellé, rappelé, conseillé, distrait, ou on en rigole. C’est une autre réalité de la circulation bamakoise, outre les embouteillages matinaux, a midi ou le soir.  Les mots sont souvent griffonnés comme ils entendent. C’est à l’image du milieu, on ne tient pas compte des fautes orthographiques ici.

Dans une atmosphère rythmée par des chahuts des apprentis chauffeurs et des klaxons,  surtout des « bouchons » des usagers des Sotrama, des vendeurs de sachets d’eau fraiche et conducteurs de moto à trois roues (Katakatani), nous parvenons à s’introduire dans un des grands parcs ou stationnements  de transports en commun à Bozola. Communément appelé ‘’placi koro’’ qui veut dire ancien terminus. Ici, presque tous les véhicules sont calligraphiés avec à l’appui, sur certains, des croquis des aigles ou des images de personnalités comme, Alpha Blondy, Che Guevara, Hugo Chavez, Chérif Ousmane Madani Haidara, le Chérif de Nioro Bouyé Haidara, notamment.

« Par www.teliman.net, explique le chauffeur Balla Diakité assis au volant, je veux afficher la rapidité de mon véhicule aux clients à travers ce slogan ». Selon lui, c’est une façon de se distinguer des autres. Pour Soloni, un autre chauffeur sous le hangar à attendre son tour, à travers ‘’Vive l’armée Malienne’’ sur mon transport en commun, il s’agit de soutenir les Forces armées maliennes (FAMAs) et d’inviter les clients à être fier des soldats maliens ».

Quant à Madoudjan, il souligne que c’est un plaisir pour lui de maquiller son véhicule par le dessin de Chérif Ousmane Madani Haidara. « Sinon, précise-t-il, je ne suis pas un membre de la communauté Ançardine ». Dernière lui, Man Show, ayant le nombre de passagers prévu,  se prépare à quitter la place. Ce chauffeur porte le slogan ‘’Ya foyi’’ sur son Sotrama, avec l’image de Hugo Chavez. Il indique qu’il s’identifie à la personnalité de Chavez. « Raison  pour laquelle, se justifie-t-il, je l’ai dessiné sur mon véhicule ». Djak, jeune apprenti chauffeur, dit ‘’Merci grand frère’’ sur son véhicule. A l’en croire, son patron entend magnifié le geste de bonne volonté de son frère qui lui a offert le Sotrama.

En dehors de ce tohu-bohu, sur la rive gdroitede la ville de Bamako, à  l’arrêt de Sotrama devant le Palais de la culture Amadou Hampathé Ba, à Badalabougou, les responsables syndicaux sont très clairs sur le sujet. Selon Ousmane Traoré, chaque phrase ou slogan sur un Sotrama identifie le conducteur dudit véhicule. « Certains se vantent de leur position actuelle par rapport à leur passé et aux difficultés qu’ils ont vécues. Et d’autres critiques leurs anciens patrons (aussi chauffeur de Sotrama) pour cause de trahison de leur part », détaille-t-il, entouré de ses collègues syndicalistes et apprentis venus voir leur position sur la liste de remplissage des véhicules. Et d’ajouter : « ces écritures sont utiles. Car, parfois, les personnes qui oublient leurs effets dans les transports en commun arrivent à les mémoriser. Il suffit qu’ils nous précisent ces écritures. Du coup, on parvient à reconnaitre facilement le véhicule en question et de retrouver leurs bagages ».

« Par contre, fait-il remarquer, il est inadmissible de porter atteinte à la dignité des populations dans les messages portés sur nos véhicules ». Selon ses révélations, un des chauffeurs sur leur ligne a été interpellé par les policiers pour avoir écrit des choses outrageantes sur son sotrama.

«Une fois, un conducteur de Sotrama avait mentionné sur son véhicule : ‘’Farafin Nganiya magni’’ c’est-à-dire, le noir est hypocrite. Il a été arrêté par les policiers et conduit au commissariat parce qu’il a porté atteinte à la dignité des Noirs », signale notre interlocuteur.

Par ailleurs, ces messages sur ces véhicules de transport en commun dans la capitale malienne entretiennent un business lucratif. Les calligraphes s’en sortent pas mal. Vieux Ba alias Toupac gagne de l’argent dans ce métier. Il est très bien connu de tous dans le milieu. Ce qui élargi le cercle de sa clientèle. Nous l’avons trouvé sur place, au même arrêt, devant le Palais de la culture, en train de prendre son café noir. De ses explications, il ressort que les prix varient en fonction des styles et des dessins, dans une fourchette de 2.000 à 20.000 Fcfa.

OD/MD

(AMAP)

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