Aucune petite fille ou jeune femme ne sera plus jamais excisée dans ces localités
Le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, par l’entremise du Programme national de la lutte contre l’excision (PNLE), a signé hier au CICB une convention d’abandon de la pratique de l’excision avec 45 villages des zones d’intervention de Plan-Mali. La cérémonie présidée par le chef du département, Mme Sangaré Oumou Ba, s’est déroulée en présence du ministre français des Droits des Femmes, Mme Najat Vallaud-Belkacem, en visite depuis mercredi dans notre pays. La directrice de Plan-Mali, Mme Fadimata Alainchar, celle du PNLE, Mme Keïta Joséphine Traoré, les maires des différentes communautés qui ont abandonné la pratique ainsi que les 45 chefs de villages signataires de la convention étaient également présents.
Cette cérémonie nationale intervient après une signature locale entre les villages concernés et Plan-Mali. L’excision était autrefois un sujet tabou dans ces communautés mais le combat, le courage ainsi que la patience de Plan-Mali ont permis d’éliminer les barrières culturelles. Ainsi après des séances de formation et de sensibilisation, les 45 villages de la zone d’intervention de Plan-Mali ont décidé d’abandonner la pratique. La présente cérémonie, dira la directrice de l’ONG, Mme Fadimata Alainchar, est donc le résultat d’un long combat et de plusieurs actions de plaidoyer, de sensibilisation et d’information sur les méfaits de cette pratique néfaste pour les femmes et les jeunes filles.
Depuis les années 1990, Plan-Mali, selon sa directrice, a fait de la lutte contre l’excision son cheval de bataille. Cela parce que le phénomène est une violation des droits et de la dignité des petites filles et des femmes. Notre pays, de son point de vue, doit pouvoir respecter l’intégrité physique et morale des filles et des femmes en conformité avec les nombreux accords et conventions signés et ratifiés en faveur des femmes et de la protection des enfants. Mme Fadimata Alainchar a plaidé en faveur d’une loi interdisant définitivement la pratique de l’excision dans notre pays.
Le représentant des 45 chefs de village a expliqué que l’excision était une pratique culturelle qu’il n’était pas question pour eux, dans un passé récent, d’abandonner. Cependant, constate-t-il, grâce aux nombreuses formations et sensibilisations, les uns et les autres ont compris et cerné tous les mythes qui entourent l’excision. « Nous avons surtout compris que l’excision pose un réel problème de santé publique et nuit à l’épanouissement de la petite fille et des jeunes femmes », a souligné le porte-parole des chefs de village. Plus jamais, promet-il, une petite fille ou une jeune femme ne sera excisée dans leurs villages respectifs. Pour ancrer cette décision dans les comportements, des sanctions sont prévues pour dissuader les éventuels récalcitrants et un comité de vigilance a été installé au niveau des 45 villages.
Le ministre français des Droits des femmes, Mme Najat Vallaud-Belkacem, a remercié et encouragé les 45 villages pour ce geste de sauvegarde des droits de la femme. Car, dit-elle, le premier droit de la femme est de ne pas souffrir au nom de la tradition. C’est aussi de ne pas mourir en donnant la vie à cause d’une pratique traditionnelle néfaste. Mme Najat Vallaud-Belkacem a jugé que la lutte contre l’excision était une bataille culturelle qui devait être menée avec intelligence sans heurter la sensibilité des uns et des autres. Elle a demandé à l’ambassadeur de son pays de bien vouloir soutenir les initiatives de ce genre afin de faire toujours reculer la pratique de l’excision néfaste pour les filles et les femmes.
Le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a félicité et encouragé Plan-Mali pour les brillants résultats obtenus qui honorent et encouragent toutes les communautés qui ont abandonné la pratique et tous les intervenants qui œuvrent inlassablement à l’éducation des populations sur les conséquences néfastes de l’excision. Mme Sangaré Oumou Ba a estimé que la déclaration solennelle d’abandon de la pratique de l’excision témoignait à suffisance de la réussite de la stratégie de communication et de sensibilisation jusque là privilégiée dans notre pays. Elle a promis que tout sera entrepris afin de bannir à jamais la pratique de l’excision de notre pays pour le bien-être de la femme et de la petite fille.
M. A. Traoré