C’était un événement très attendu. Après quatre mois de pause pour cause de Covid-19, les berges du fleuve Niger allaient vibrer la nuit de la fête de Tabaski, le 31 juillet dernier, jusqu’au 2 août, au son de la musique. Mais le rêve a été de courte durée. Faute d’autorisation, Bama’Art spécial Tabaski a été annulé. Les organisateurs et les faîtières du secteur culturel sont consternés par ce qu’ils appellent un « manque de considération ».
Alors que certains jeunes de la capitale s’étaient préparés à y passer la nuit de la fête de Tabaski, le « Spécial show » a été annulé, faute « d’autorisation exceptionnelle » par la Primature. Organisateurs et faîtières de la culture voient en cette annulation un « mépris ». « Les autorités n’ont pas daigné répondre par mépris pour les hommes de culture, car nous ne sommes pas la priorité du moment. Nous éduquons, nous employons et nous procurons de la joie à tout le monde », s’indigne Abou Amadou Guitteye, Directeur général d’Africa Scène, promotrice de Bama’Art.
Consterné, il a déclaré le 31 juillet sur la page Facebook de Bama’Art, être dans l’attente d’un « vrai ministère de la Culture ». Car, selon lui, ceux qui s’y sont succédé semblent ne pas défendre la cause des acteurs culturels. « Sans manquer de respect à quiconque, nous ne voyons sincèrement aucune utilité à ce ministère, aucune politique culturelle. S’il y en a, nous sommes nombreux à ne pas être au courant. Nous avons l’impression d’être laissés à nous-mêmes, sans personne pour défendre nos intérêts et cris de cœur ». « La réalité est que les autorités n’ont vraiment pas conscience des enjeux de la culture dans le monde d’aujourd’hui. Elles continuent dans les faits à nous classer dans la case du folklore », renchérit Alioune Ifra N’diaye, Président de la Fédération des artistes du Mali (FEDAMA). La FEDAMA et l’UAAPREM (L’Union des associations des artistes, des producteurs et des éditeurs du Mali) ont commis un huissier pour constater les conséquences de l’annulation et les organisateurs affirment avoir déjà remboursé tous les tickets vendus.
Au ministère de la Culture, on assure multiplier les rencontres avec la Primature pour l’ouverture prochaine des infrastructures culturelles. « De façon unilatérale, je ne peux pas le faire, surtout quand ça engage la vie des gens. J’ai une hiérarchie », se dédouane Yamoussa Fané, Secrétaire général du ministère.
Boubacar Diallo
Journal du Mali