Johan Cruyff (1971, 1973 et 1974), Michel Platini (1983,1984 et 1985) et Marco Van Basten (1988, 1989 et 1992), voici la prestigieuse liste de triples lauréats que Cristiano Ronaldo rejoint lundi en remportant le Ballon d’or 2014, la plus célèbre distinction individuelle du football. Après ses succès de 2008 et de 2013, sans surprise, le Portugais du Real Madrid a devancé Lionel Messi (Argentine/FC Barcelone) et Manuel Neuer (Allemagne/Bayern Munich).
A 29 ans, le natif de Madère profite encore une fois largement du changement du collège électoral opéré en 2010 (lorsque le vote des capitaines et des sélectionneurs est venu s’ajouter à celui des journalistes) qui met en avant les performances individuelles au détriment du palmarès collectif, en particulier en 2014, année de Coupe du monde. Comme les Espagnols Iniesta et Xavi, champions du monde en 2010, le gardien allemand Manuel Neuer n’est pas parvenu à convertir le sacre de sa sélection à son profit, pour devenir le deuxième gardien de l’histoire à récolter le Ballon d’or (Lev Yachine en 1963).
Et comme l’année dernière, malgré une Coupe du monde médiocre (élimination au premier tour et un seul but inscrit), les statistiques du Portugais sous le maillot du Real Madrid ont été plus impressionnantes que celles de Lionel Messi, pourtant plus performant pendant le Mondial brésilien (finaliste et auteur de 4 buts). En soixante rencontres jouées sur l’année civile 2014, Ronaldo a marqué 61 fois. Lors de la saison de Liga 2013-2014, conclue à la troisième place par le Real, le Portugais a terminé meilleur buteur avec 31 buts. Encore plus impressionnant, avec 17 buts inscrits en Ligue des champions en 2013-2014, il a largement participé au dixième titre européen du Real, la fameuse « Decima ».
En faisant abstraction du fiasco de la Coupe du monde, Cristiano Ronaldo a tout de même remporté quatre trophées avec le Real Madrid : la Ligue des champions, la Coupe d’Espagne, la Supercoupe d’Europe et le Mondial des clubs, même si cette dernière compétition disputée en décembre ne compte pas dans le vote clôturé en novembre. L’UEFA avait déjà à moitié tranché en lui décernant en août le prix du meilleur joueur d’Europe 2013-2014.
PLATINI VOULAIT UN ALLEMAND
Le 5 novembre, Ronaldo avait également reçu le Soulier d’or, qui récompense le buteur le plus profilique du Vieux continent. A cette occasion, il ne cachait pas ses ambitions : « Je ne me contente pas d’être le meilleur joueur du Portugal, je veux être le meilleur de tous les temps. Cela se produira ou non, mais je vais travailler pour cela. J’écris mon histoire pas à pas et il me reste beaucoup de temps. Quand j’arrêterai ma carrière, je regarderai les statistiques pour voir si je suis parmi les meilleurs, et j’y serai sûrement ».
Ce choix ne satisfait pas tout le monde à l’UEFA, à commencer par son propre président, le Français Michel Platini. « Je l’avais déjà dit il y a quatre ans. Il fallait alors que gagne un Espagnol puisque l’Espagne avait gagné la Coupe du monde. Cette année, c’est l’Allemagne », avait-il déclaré en novembre dernier. Très mécontents de cette prise de position qu’ils estimaient injustes, le Real Madrid et les nombreux supporteurs de CR7 peuvent à présent souffler : leur favori n’est plus qu’à une unité de Messi, quadruple Ballon d’or en 2009, 2010, 2011 et 2012.
Le triple Ballon d’or français pourra se consoler avec les titres de meilleur entraîneur et meilleure joueuse qui sont revenues respectivement au seléctionneur de l’Allemagne, Joachim Löw et à Nadine Kessler, la milieu de terrain de Wolfsburg, le vainqueur de la Ligue des champions féminine.
Le Monde.fr | 12.01.2015 à 20h02 • Mis à jour le 13.01.2015 à 09h49 | ParAnthony Hernandez