La capitale est prisée, depuis peu, par des émissaires venus de la sous-région. Une série de sollicitations qui semble indiquer que certains soutiens aux mouvements armés semblent rentrer dans les rangs : le coup d’État a redistribué les cartes !
Depuis la chute du régime conduit par le Rassemblement Pour le Mali (RPM), le Mali est dans une période d’exception. Si le défi de relance est essentiellement social avec des réponses politiques, la diplomatie n’est nullement pas en marge. La preuve : arrivée de ministres venus d’Alger et de Nouakchott. Des passages surmédiatisés quand on sait ce qu’incarnent ces deux (02) pays. Officiellement, l’Algérie reste le chef de file de la Communauté Internationale au Mali et gère le suivi de la mise en œuvre du processus de paix. La Mauritanie reste incontournable du fait d’être un des voisins le plus en vue, depuis l’éclatement de la crise de 2012. Nul n’ignore qu’avec la chute du Président Amadou Toumani Touré (ATT), les rebelles ont eu pour base arrière ce pays. Ils ne s’en cachent pas, y font leurs provisions et même leurs communications médiatiques. Au vu et au su de tous, sans que le pouvoir central ne dise mot.
Ce « soutien » voilé aux sécessionnistes du Mali continue d’ailleurs de faire polémique au-delà du fait que nos compatriotes sont victimes de barbaries. Des emprisonnements injustes et actes portant atteinte à la dignité humaine sont légion à l’endroit des Maliens vivant en Mauritanie. On se souvient de l’intervention surprise du Président d’alors, en 2014, afin de contenir les rebelles lors de la déconvenue armée de Kidal. Une fin des hostilités sur injonction de Nouakchott alors que le pouvoir central de Bamako fut ouvertement défié par les bandits armés dans sa quête de souveraineté. Mais la responsabilité de la Mauritanie est partagée avec l’Algérie qui reste un refuge à des acteurs de la rébellion comme Iyad Ag Aly. Pire, ce voisin qui a résisté aux heures de son indépendance grâce au Mali n’a jamais daigné intégrer le G5 Sahel.
Le temps donne bien raison à Amadou Toumani Touré (ATT) qui l’a dit sur l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM) : depuis 2006, il a averti la sous-région du fait d’avoir un front commun, hélas il n’a pas été écouté. « Ce qui ouvrira la porte à l’essor du terrorisme qui aura eu le temps d’occuper l’espace commun », a déclaré l’ancien Chef de l’État. Ironie du sort, c’était bien en Algérie que s’est tenu le sommet sur la question terroriste et frontalière. On n’oubliera pas qu’il y avait d’ailleurs un Accord d’Alger régissant les défis sécuritaires au Mali. C’est dire que la surprise fut grande, quand le contre-pied de ce voisin historique fut affiché, au lendemain du coup d’État conduit par Amadou Haya Sanogo.
Voir donc les ministres des Affaires Etrangères d’Algérie et de Mauritanie au chevet de Bamako n’est rien d’autre qu’une tribune de larmes de crocodiles. Ce défilé cache bien un jeu d’intérêts inavoués des deux (02) voisins controversés qui sont des soutiens affichés des ennemis du Mali. Il ne faut pas oublier que l’avènement du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) chamboule tout car la traque aux mouvements armés sera revue. Mieux, le coup d’État du mardi 18 août dernier est intervenu alors que la relecture de l’Accord d’Alger est d’actualité. Les mouvements signataires ont d’ailleurs été associés aux actions entreprises par la junte de Kati depuis son avènement. Enfin, la population affiche son soutien à l’endroit de la Russie : le désaveu à l’endroit de la France revient au goût du jour.
Avec la Transition de dix-huit (18) mois qui prônera la rupture sur plusieurs approches, y compris la refondation de l’armée ainsi que les relations diplomatiques, Alger et Nouakchott sont obligés de rentrer dans les rangs. Aux autorités de ces deux (02) pays d’aller dans le sens de la franchise afin que la lutte contre le terrorisme ne soit un cumul d’effets d’annonces. La donne a désormais changé avec la Transition qui prendra fin, en mars 2022.
Source: Nouvel Horizon