Depuis plus d’une année la population du cercle de Bafoulabé ne sait plus à quel saint se vouer à cause d’un hippopotame en furie contre les hommes. Hier, dans la même ville un hippopotame a forcé l’admiration de tous. Encore de nos jours les griots du Mandé n’ont toujours pas fini de le magnifier tant l’animal demeurait le pacifique ami des hommes. D’ailleurs l’amitié extraordinaire qu’il noua avec les humains fut transcrite dans les annales des légendes des trois pays que traversent le fleuve Sénégal à savoir la Guinée Conakry, le Mali et le Sénégal sous le nom de la légende de Bafoulabé Mali-Sadio.
Hippopotame atypique, une singulière tâche blanche ornait son front et ses quatre pattes. En son temps, il noua une amitié indescriptible avec l’une des filles du village du nom de Sadio chanté par les célébrités de la sous-région à l’image de Kouyaté Sori Kandia de la Guinée Conakry, Mah Kouyaté et feu Mangala Camara du Mali. De nos jours en lieu et place sur les rives du fleuve Sénégal un de ses descendants défraie la chronique en s’attaquant de manière régulière aux hommes. Son mode opératoire reste identique. Il surgit des profondeurs de l’eau et propulse quiconque s’aventure à extraire un grain de sable. L’année dernière à Baboroto, un homme fut sa victime. Il y’a deux semaines un second préoccupé dans l’extraction du sable a été grièvement blessé par le pachyderme. Actuellement le sort de l’animal est scellé par les services des eaux et forets qui sont à ses trousses.
Suite à une longue réflexion, l’agissement de l’hippopotame parait compréhensif. Il en résulte que l’animal supporte mal l’intrusion des hommes au cœur de son milieu naturel. Depuis plusieurs décennies les populations de Bafoulabé et Mahina se retrouvent retrancher dans leur localité par l’incapacité des tenants du pouvoir de doter le Transrail d’une tête de train digne de ce nom. N’ayant pas les moyens de transport adaptés ceux-ci se focalisent constamment dans le nid du fleuve. Et pourtant ce n’est pas tant les moyens financiers qui manquent à l’Etat Seulement il n’en a pas fait une priorité pour combler ce vide. Après tout, vingt milliards de FCFA a été investi pour offrir un avion au Président Ibrahima Boubacar Keïta. Cet investissement pouvait largement désenclaver l’ensemble des communes limitrophes de la voie ferrée de Kayes à Bamako qui ont toutes les peines du monde à se déplacer par le train.
En conséquence l’hippopotame sans être doté de la parole lance une invitation au gouvernement du Mali de mettre les petits pieds dans les grands pour résoudre cet épineux problème. Qui dit mieux ?
Aboubacar Eros Sissoko
Source: La sirene