Plusieurs centaines de manifestants ont entamé, le mercredi 22 mai 2019, un sit-in de 48 heures pour protester contre l’installation à Bamako du nouveau quartier général de la force conjointe anti-djihadiste de l’organisation régionale G5 Sahel.
Pour Mme Marian Keita, manifestante et représentante des femmes de militaires maliens, l’une des organisatrices du sit-in : « nous ne voulons pas du G5 ici. Si leur objectif est de lutter contre les terroristes, ils n’ont qu’à prendre la direction du nord du Mali, et non rester à Bamako ». Quant à Ousmane Traoré, responsable d’une association de jeunes du quartier, co-organisatrice du rassemblement, il dit craindre que la présence de ce QG n’attire les terroristes à commettre des attaques, comme ils l’ont fait à Sévaré, QG initial du G5 Sahel en juin 2018. « Ici nous ne sommes que des civils. Et s’il y a des attentats, les victimes seront des civils », dira-t-il.
Rappelons que le Quartier général de cette force lancée en 2017 par le G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) à Sévaré (Mopti, dans le centre du Mali), a été frappé le 29 juin 2018 par une attaque djihadiste et déménagé par la suite à Badalabougou, un quartier de Bamako. Dans son dernier rapport publié le 6 mai concernant cette force, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, fait état de la signature d’un accord avec les autorités maliennes « par lequel un siège provisoire a été mis à la disposition de la force conjointe au Mess des officiers à Badalabougou ».
Au 18 mars 2019, 75% des membres des contingents étaient déployés, selon M. Guterres, ajoutant que « des contributions d’un montant d’environ 430 millions d’euros ont été annoncées à l’appui de la force conjointe ». Bien que le budget de cette force de 5.000 hommes ait été bouclé lors de réunions de donateurs internationaux, les fonds tardent à arriver et empruntent des canaux multiples, à la fois multilatéraux et bilatéraux. En deux ans, elle a mené une série d’opérations, sans réel impact sur le terrain, où elle n’a pas encore croisé le fer avec les djihadistes.
Soulignons que le G5 Sahel a été créé en 2014 à Nouakchott où est basé son secrétariat. Avec la situation d’insécurité qui prévaut dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences djihadistes, souvent mêlées à des conflits intercommunautaires, les pays du G5 Sahel ont réactivé en 2017, avec l’appui de la France, leur projet de force conjointe, initialement lancé en 2015.
Bamakonews