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Axe Kati-Didiéni: chacun pour soi, le calvaire pour tous !

Après une journée bien chargée ce jeudi 26 avril 2018, mon rédacteur en chef m’annonce de me préparer pour une mission le lendemain à Kayes. Point surprenant, en cette période de précampagne relative à la présidentielles de 2018. Ces voyages improvisés sont très fréquents dans les Quotidiens. En bon soldat de l’information, j’ai accepté sans murmures.

Sans beaucoup de détails sur ladite mission, j’ai décidé de câbler les organisateurs. Contrairement, aux autres cas de mission où ce sont souvent un 4X4 climatisé qui transportent les journalistes, les initiateurs m’apprennent que je devrais prendre un transport en commun pour rejoindre le reste de la délégation à Kayes.
Avec cette éventualité, je décide de faire un tour au marché de Médina-coura, histoire de prendre les renseignements sur les meilleures compagnies du moment sur l’axe Bamako-Kayes avant de rentrer chez moi.
Au tournoi du Stade Omnisport, un apprenti, qui était en train de laver son car, me guide sur la compagnie Benso. Au guichet, on me fait savoir que le 1er car du lendemain quitte dans l’après-midi à 16 heures. Cette proposition m’enchante, car j’aurais le temps de m’acquitter de mes obligations religieuses en ce vendredi saint avant de plier bagages.
Mais, comme on dit en Afrique, la nuit porte conseils. Une fois à la maison, des habitués de ce voyage Bamako-Kayes me conseillent de tout faire pour être à l’heure indiquée, au risque de rater le car.
Chez les compagnies en direction de Kayes, le respect de l’heure est une vertu cardinale. Et ce n’est pas ma belle-sœur qui me dira le contraire, elle qui a vu son voyage reporté à 2 reprises, en raison de fait qu’elle s’était pas lever tôt.
Malgré mes courses folles de citadins, je suis arrivé à moins de 10 minutes du départ. Aussitôt que je présente, une dame me demande le billet que je lui montre. Et elle m’a fait signe de monter à bord.
Heureusement que j’avais écouté les conseils de la veille. A peine installé dans le véhicule, le conducteur, comme si j’étais son dernier passager, démarre.
A quelques mètres de la sortie de la gare, c’était déjà le train-train quotidien de Bamako. Les conducteurs de véhicules sont obligés de s’armer de patience pendant que les passagers ont commencé à s’étouffer là-dans.
Du marché de Médine à la sortie de Samé, le spectacle est le même avec les conducteurs de Djakarta et de taxi qui se disputent les meilleurs rectangles.
Comme si cela ne suffisait pas, en plus de l’embouteillage, l’état de la route également laisse à désirer. Jonchée par de nids de poules et de crevasses, ce qui oblige les automobilistes à rouler au ralenti.
Malgré cet inconfort, une autre situation plus risquée nous attendait à Kati. En effet, malgré le mauvais état de la route, notre chauffeur est obligé de rouler une partie des pneus sur le bas-côté de la route. Sur une bonne distance, notre véhicule était légèrement penché pour ne pas heurter le fil indien de mastodontes (camions) qui attende la tombée du jour pour lever le camp.
A la fin de cette chaine, on était soulagé parce que le véhicule n’a pas complètement balancé dans le fossé. Mais, on n’imaginait pas qu’on n’était pas encore au bout de nos peines. Car l’axe Bamako-Kati-Kolokani-Didiéni, long de 165 km, est un véritable calvaire pour ses usages.
En la matière, la haussée est parfois abandonnée, et la meilleure manière de se tirer d’affaire est de zigzaguer. Dans ce jeu, il n’est pas rare de voir les véhicules rouler dans le rectangle de gauche pendant qu’ils doivent serrer la droite. Pourvu qu’on ne rencontre pas un autre véhicule. Même si c’est le cas, la solution est vite trouvée car chacun roule à vitesse mesurée.
Balancés de gauche à droite, les passagers ne font qu’une seule prière, à savoir : arriver à bon port sans que l’un des trous soit fatal.
Alors que nous étions dans cette prière profonde, un événement vient nous donner la chair de poule : Au sortir d’un détour, notre chauffeur tente de doubler un autre car qui roulait devant nous, sans visiblement faire de sommation, il lance l’assaut au moment où ce dernier avait décidé de revenir vers la gauche. Tout d’un coup, les deux cars étaient à un doigt de la collision quand notre chauffeur freine brutalement balançant tous les passagers de leurs fauteuils sous des cris de Allahou Akbar (Dieu est grand).
Le pire évité, nous reprenons la route et les causeries reprennent de plus belles, mais les esprits agiles.
De Kati où nous étions à 17 heures, nous arrivions à Didiéni aux environs de 21 heures, soit 4 heures de route sur une distance de moins de 200 km.
Mais avec beaucoup de chance, nous sommes arrivés à Didiéni sans panne majeure. A cette escale semblait montrer des signes de défaillances et les spécialistes s’en ont occupé au bout de deux heures.
Et on a repris la route. Cette fois-ci, l’état de la route était visiblement plus praticable. Pour preuve : les bruits des amortisseurs, de freins et autres frottements de métaux ont disparu et le véhicule a commencé à siffler comme une sortie d’usine jusqu’à Kayes où nous sommes arrivés aux environs de 5 heures du matin.
Dans la ville de Kayes, l’état de la route revient très souvent dans les causeries et discussions.
Face à mon angoisse, un responsable de la Direction régionale des routes à Kayes me confie que le projet de construction de cette route est dans les starting-blocks du gouvernement.
Après quelques investigations, nous avons appris qu’en 2010, le gouvernement avait mis en projet la construction de cette route, et sa réalisation était estimée à plus de 13 milliards de FCFA.
Le projet de construction du tronçon routier Bamako-Kati-Kolokani-Didiéni, apprend-on, serait financé sur le 8è FED (Fonds européen de développement. Et que ledit se compose de 3 lots : Bamako-Kati (22 km dont 3 km de contournement de Kati) pour plus de 3 milliards de FCFA ; Kati-Tioribougou (78 km) pour une enveloppe financière de 5,3 milliards de FCFA ; et enfin Tioribougou-Didiéni (63 km) pour 5,4 milliards de FCFA.
Le délai d’exécution des travaux est respectivement de 18 mois pour le 1er lot ; et de 24 mois pour les deux autres lots.

De retour de Kayes,
Abdoulaye OUATTARA

Info-matin

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