L’assaillant, un jeune homme vêtu d’un jeans et d’une chemise blanche, est mort en détention, relançant les inquiétudes sur les traitements inhumains et dégradants au niveau de certains centres de détention
L’agression du président de la transition dans la mosquée lors de la prière de Tabaski avait provoqué au Mali et ailleurs dans le monde une émotion et une polémique considérables. Les commentaires étaient très influencés par une grille de lecture fondée sur une application stricte de la loi islamique : l’exécution de l’auteur. La sévérité de ce point de vue est surtout imprégnée par des visées d’exemplarité. Elle très des théories positivistes du droit pourtant en plein essor qui veulent qu’un présumé monstre puissent bénéficier de procès équitable. Les émissions radiophoniques interactives ont donné lieu à des invectives dont a fait l’objet un avocat en vacances invité à brosser les contours juridiques de cette affaire.
Le décès de l’homme accusé d’avoir tenté le 20 juillet d’assassiner à l’arme blanche le président de transition au Mali a mis un terme au débat sur le sort à lui réserver.« Au cours des investigations (…), son état de santé s’est dégradé. Admis au CHU Gabriel-Touré, puis au CHU du Point G, il est malheureusement décédé », a indiqué le gouvernement dans un communiqué lu sur la télévision publique ORTM. « Une autopsie a été immédiatement ordonnée pour déterminer les causes de son décès », selon le communiqué.
L’assaillant, dont l’identité n’a pas été dévoilée, s’était précipité vers le président de la transition Assimi Goïta durant la prière de l’Aïd el-Kébir dans la grande mosquée de Bamako et avait tenté de lui asséner un coup de couteau au niveau du cou.
Le colonel a reçu immédiatement le soutien de ses gardes du corps qui ont réussi à maîtriser l’agresseur. Il en est sorti sain et sauf.
Son agresseur, un jeune homme vêtu d’un jeans et d’une chemise blanche, avait été appréhendé et conduit sous bonne gardepar la Sécurité d’Etat.
« C’est inquiétant une mort en détention »
Une enquête a été ouverte « pour fait de tentative d’assassinat et d’atteinte à la sûreté de l’Etat », selon les autorités. Les investigations « ont permis de mettre en évidence des indices corroboratifs des infractions susvisées », a souligné dimanche le gouvernement. « Le gouvernement rappelle toutefois que son décès ne fait pas obstacle à la poursuite de l’enquête déjà en cours au niveau du parquet de la commune II , surtout que les premiers indices collectés et les informations recueillies indiquent qu’il ne s’agissait pas d’un élément isolé », a relevé le gouvernement, qui n’avait jusqu’ici privilégié aucune hypothèse.
Apparu quelques heures après l’agression sur le petit écran, le président de la transition a indiqué qu’il se portait « très bien » et relativisait le geste « Quand on est leader, il y a toujours des mécontents, il y a des gens qui, à tout moment, peuvent vouloir tenter des choses pour déstabiliser, tenter des actions isolées ».
La France, par la voix de son ambassade à Bamako, avait condamné « vivement l’agression », un « acte choquant survenu de surcroît un jour particulier de paix et de tolérance ». Paris avait appelé à la « sérénité pour la poursuite de la transition jusqu’à son terme ».
Par ailleurs, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a demandé l’ouverture d’une enquête. « C’est toujours inquiétant une mort en détention. Cela corrobore vraiment nos préoccupations depuis un certain moment. Dans nos différents rapports, nous évoquons les cas de violation des droits des détenus : en plus de la surpopulation carcérale, il y a des traitements inhumains et dégradants pour ne pas parler des tortures au niveau de certains centres de détention », a précisé son président Aguibou Bouaré.
Georges François Traoré
Source: L’Informateur