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Avec la hausse de la valeur du Lithium : Et si le Mali renégocie les conditions d’exploitation de ses mines ?

Au Mali, la compagnie minière Kodal Minerals détient désormais les 100 % d’intérêts dans le projet de lithium Bougouni. En effet, elle a annoncé le 3 novembre 2021 l’acquisition des 10 % de parts minoritaires détenues par les anciens propriétaires Gorutumu Mining et Triumvirat Mining Company. Ces derniers recevront chacun 600 mille dollars et conserveront une redevance de 0,6 % sur les revenus nets de fonderie. Une bonne affaire pour cette société d’autant plus que le lithium est un métal de plus en plus convoité, donc très coté sur le marché mondial des matières premières. Est-ce le cas (une bonne affaire) pour le Mali ?

 

«Ces acquisitions permettent à Kodal et à ses actionnaires d’être propriétaires à 100 % des concessions de Bougouni [et] renforcent encore la capacité de Kodal à négocier des opportunités de développement et des structures de financement génératrices de valeur», a déclaré Bernard Aylward (photo), PDG de la compagnie minière Kodal Minerals le 3 novembre dernier. Il faut rappeler que la future mine de Bougouni peut produire 1,94 million de tonnes de lithium sur une durée de vie de 8,5 ans, grâce à un investissement de 117 millions dollars. C’est du moins ce que rapporte l’étude de faisabilité de janvier 2020 qui fait également état de revenus de plus de 1,4 milliard dollars.

Une fois en activité, la mine de Bougouni peut produire près de 2 millions de tonnes de lithium en 8,5 ans. Kodal Minerals espère trouver rapidement des investisseurs capables de financer les travaux de construction. Le hic, c’est que ce trésor risque d’être exploité à nos dépens alors que le Mali a le potentiel pour devenir l’un des plus grands producteurs mondiaux de lithium. Si le Zimbabwe fait exception en Afrique avec la mine de Bikita, la diversité des projets, la qualité et l’importance des ressources seraient favorables à la R.D. Congo et le Mali qui viennent en tête des plus gros potentiels producteurs africains de lithium. Même si leur exploitation n’est pas toujours effective, notre pays dispose de deux grands projets de lithium (Goulamina et Bougouni), un métal indispensable à la fabrication des batteries, voitures électriques…

Acquis en 2016, le projet de Goulamina est géré par Mali Lithium Limited, un explorateur d’or actif au Mali. Une étude de préfaisabilité réalisée en 2018 et mise à jour en août 2020, estime le potentiel à 109 millions de tonnes à 1,45% Li2O avec 1,57 million de tonnes de Li020. La mine pourrait produire 362.000 tonnes par an de concentré de spodumène (minerais de lithium) à 6% Li2O durant 16 ans. Un potentiel qui fait de Goulamina l’un des plus grands gisements de lithium au monde.

Mais, comme l’or, il faut craindre que le Mali ne se contente de la portion congrue alors que les sociétés d’exploitation vont faire fortune à partir d’un minerai qui ne cesse de gagner de la valeur sur le marché international. En effet, sans être une valeur refuge comme l’or, le lithium est très convoité et cette attractivité risque de ne pas s’estomper de si tôt. En effet, selon de nombreuses statistiques l’offre en lithium n’arrive plus à satisfaire la demande qui ne cesse d’augmenter. Et cela au point de provoquer une pénurie en ce moment sur le marché mondial. Ce qui explique la flambée du prix du carbonate de lithium (élément essentiel pour la fabrication des batteries)​ ​ces derniers temps !

Pour les chroniqueurs des matières premières, «le lithium aiguise ainsi les appétits de l’industrie automobile qui est en train d’abandonner les moteurs thermiques en faveur des voitures électriques. On estime que 75 % des véhicules produits en Europe seront électriques en 2030 et 40 % dans le monde. Dans ce contexte, la demande mondiale en lithium va exploser».

Selon certaines statistiques, elle va même être multipliée par six d’ici à 2030. Autant dire que les compagnies minières Kodal Minerals et Mali Lithium Limited vont faire de très bonnes affaires dans les mois à venir, surtout si elle parvient à utiliser la méthode d’extraction innovante moins gourmande en eau que l’exploitation conventionnelle. Ce qui ne sera pas forcément le cas du Mali !

Naby

Source : Le Matin

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