Malgré la situation financière du Mali, les dirigeants continuent à vivre comme des petits princes pendant et après leur passage au pouvoir. L’entretien des anciens présidents et premiers ministres mais aussi ceux de certaines institutions de la République dont l’Assemblée Nationale coute cher au trésor de l’Etat. Et il interroge sur, à la fois, l’utilité de cette décision et le principe de droit qui le sous-tend.
Selon l’article 30 de la Constitution du 25 février 1992, « le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours des élections présidentielles. » Donc, il est le choix de la majorité des électeurs. En cas d’empêchement de ce dernier, selon l’article 36, ses fonctions seront exercées par le Président de l’Assemblée nationale. Ce fut le cas, après le coup d’État 2012, Amadou Toumani Touré a décidé de démissionner et ce qui a permis le retour à l’ordre constitutionnel, en amenant Dioncounda Traoré comme président par intérim.
Aujourd’hui nous avons deux anciens (vivants) président de la République, Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keita et un Président par intérim, Dioncounda Traoré et un ancien président de la Transition, Bah N’Daw. L’article 52 de la Constitution stipule que : « La loi fixe les avantages accordés au Président de la République et organise les modalités d’octroi d’une pension aux anciens Présidents de la République jouissant de leurs droits civiques ».
Selon le Professeur du droit constitutionnel, Dr. Boureima Fomba, c’est le Président de la République qui a le droit aux avantages et non le président de la Transition. Il indique qu’un président issu d’un coup d’État contre la Constitution ne doit pas bénéficier des avantages constitutionnels réservés au président de la République.
« A mon avis les présidents de la transition ne doivent jouir d’aucun avantage du président de la République qui est élu par les suffrages du peuple. Mais à la rigueur le président par intérim qui est constitutionnel qui est diffèrent du président de la transition, ne doit pas avoir les mêmes avantages que le président de la République. Il est juste là pour organiser les élections présidentielles. De ce fait, il ne doit pas jouir des mêmes avantages que le président de la République, à plus forte raison le président de la Transition, la transition qui est vraiment l’exception anticonstitutionnelle. Donc il ne devrait bénéficier d’aucun avantage. Ils sont en train de gaspiller les ressources publiques », laisse-t-il entendre.
Par ailleurs, Dr. Fomba énoncera que les autorités de la Transition ne doivent même pas avoir le droit de décorer les maliens, parce qu’ils ne sont pas légitimes. Donc ces prorogatives du président de la République doivent être suspendues. En plus de lui, nombreux sont les maliens qui estiment que les dirigeants ne font que penser à leur seule personne et à leur avenir en s’accordant les conforts nécessaires, pendant leur règne et aussi après leur départ du pouvoir.
Le cabinet des anciens présidents
Un cabinet d’un ancien président est budgétivore et pris en charge par l’État malien. Il est composé d’un directeur de Cabinet, de chargés de missions et d’un aide de camp. Ces personnes sont payées par l’État et le cabinet existe jusqu’à la mort du président concerné. Par ailleurs, il est à savoir que ces différents cabinets en plus d’autres charges prises par l’État (véhicules, frais médicaux pour eux et leur famille, prise en charge de leur déplacement hors du pays) pour les anciens présidents, elles sont estimées à des centaines millions de F CFA voire des milliards F CFA qui sont dépensés par an.
De ce fait, aujourd’hui on peut affirmer parmi les anciens présidents de la République, c’est Ibrahim Boubacar Keita qui dispose d’un Cabinet de l’ancien Président. Il a été mis dans ce droit quelques mois seulement après le renversement de son pouvoir par les militaires. Dioncounda Traoré, ancien président par intérim qui a dirigé la Transition en 2012, dispose aussi de son Cabinet. De même pour Bah N’Daw qui est aujourd’hui ancien président de la Transition après 09 mois de gestion, dispose ainsi d’un Cabinet. Quant à Alpha Oumar Konaré, il ne déroge pas à la règle du cabinet présidentiel.
Ce que gagnent les anciens présidents
En plus de la charge de cabinet de nos anciens présidents de la République et ceux de la Transition, voilà un bref aperçu sur ce qu’ils gagnent personnellement. Selon certaines informations, une loi a été adoptée par l’Assemblée nationale en 2013, sous Dioncounda Traoré, relative aux émoluments des anciens présidents de la République. Il en résulte que le coût d’entretien mensuel d’un ancien Chef d’Etat se chiffre à 26 475 000 F CFA. Il s’agit de 6,6 millions F CFA comme l’émolument mensuellement. Il dispose de 12 millions de F CFA pour ses voyages (2 à 3 en Afrique, en France et aux U.S.A etc… en classe première), accompagné d’au moins d’un garde-corps. Un million pour le frais de l’eau et l’électricité. Il a 1000 litres de carburant soit 700 000 F CFA. Son cuisinier fonctionnaire est payé à 125 000 FCFA. Son chausseur dispose 150 000 F CFA et pareil pour celui de sa femme. Une dizaine d’Agents de sécurité mis à sa disposition pour un coût de 2 000 000 F CFA. Ses deux gardes du corps ont un salaire de 500 000 F CFA et 250 000 FCFA pour celui de sa femme. En outre, il dispose de 3 millions de F CFA pour une provision mensuelle pour la prise en charge médicale. Selon la même source, ils sont dotés d’un véhicule 4×4 et d’une voiture berline de ville, tous les cinq ans avec un 4×4 pour son escorte.
Seydou K. KONE
Source: Bamakonews