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Autrement dit : La Nature a horreur du vide…

La République de Kidal est née. C’est ce que se sont dit plusieurs de nos compatriotes en lisant le communiqué dans lequel les responsables de la Cma (les maîtres de Kidal) s’octroyaient de robustes prorogatives dans le cadre de la gestion de cette ville, dans le souci, ont-ils avancé, de «règlementer» certains secteurs.

Des mesures qui interdisaient la vente et la consommation d’alcool à Kidal ; mettaient l’accent sur le Cadi (juge religieux musulman) et soumettaient les étrangers à un titre de séjour ou à avoir un tuteur légal à Kidal.

Le document qui a circulé sur Internet et dans quasiment toutes les rédactions, à travers le monde, était très clair et précisait que,désormais, les contraventions, les délits et les crimes devenaient des secteurs réglementés par la Cma qui s’arrogeait, même, le droit de désigner un  juge musulman chargé de trancher les litiges.

«Les contraventions sont réprimées par les services de répression et rendent compte aux cadis à travers un procès-verbal». Les délits et crimes ne sont traités que par la justice «Alqada», précise la Cma dans son communiqué, faisant référence au cadi. Il ne fallait pas plus pour susciter une levée de boucliers au sein du gouvernement et des partenaires du Mali.

La Minusma, les Etats-Unis, la France, la CSA (Comité de Suivi de l’Accord), tous, ont dit non à cette charia déguisée qu’Algabass et ses amis voulaient instaurer à Kidal pour faire plaisir à leur mentor qu’est Iyad.

La Cma, en réalité, a profité de deux choses voire trois : l’absence de l’Etat, la recrudescence de la violence à Kidal, mais aussi la situation politique confuse au sud avec toutes ces contestations et ces mouvements. L’occasion faisant le larron, ils se sont dit qu’ils pouvaient s’engouffrer dans ces grosses brèches. Ils ont, a-t-on appris, rapproché le gouverneur à qui il a été proposé des mesures pour lutter contre les assassinats ciblés qui commençaient à faire légion dans la zone.

Le gouverneur de l’exécutif qui, selon l’accord, n’exerce, au nom de l’Etat, qu’un contrôle à posteriori sur les décisions des ex-mouvements, a, naturellement, donné son accord, car il s’agissait, pour lui, de protéger les populations de Kidal mais, nulle intention, en ce qui le concerne, de cautionner l’instauration d’une quelconque charia à Kidal.

Aussi, la Cma, à cause de l’absence de l’Etat à Kidal, se permet certains comportements. Des actes pour le moins compréhensifs quand on sait que toute une communauté a besoin d’organisation pour sa bonne marche. Et c’est ce que la Cma met en avant pour justifier certaines de ses décisions.

Heureusement que, depuis, la Cma est revenue sur tout et se dit prête à discuter avec le gouvernement au sujet de ces mesures. Comme s’il manquait un cadre de discussion.

 

Makan Koné

 

Nouvelle Libération

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