L’augmentation générale du capital (AGC) est la procédure par laquelle les gouverneurs de la Banque africaine de développement décident d’un apport de capital supplémentaire. Il y a eu six AGC depuis 1964, date à laquelle la Banque a commencé ses activités avec un capital initial de 250 millions de dollars.
Quel est le montant de ressources additionnelles que recevra la Banque ?
Les gouverneurs de la Banque africaine de développement ont approuvé une augmentation massive d’environ 115 milliards d’USD du capital de la Banque. S’établissant actuellement à un peu plus de 90 milliards d’USD, le capital autorisé de la Banque passera à environ 208 milliards d’USD, le montant le plus élevé jamais reçu, dotant la Banque des ressources en capital dont elle a besoin pour accélérer l’exécution de sa mission de développement et réaliser des progrès décisifs vers la réalisation des High 5 et des ODD en Afrique.
Pourquoi cette augmentation générale de capital maintenant ?
Les projections financières établies en 2010 laissaient à penser qu’une nouvelle augmentation de capital serait nécessaire dans une dizaine d’années. L’AGC-VI devait fournir un capital suffisant pour la période 2011-2020 et permettre à la Banque d’obtenir, en moyenne, 4,9 à 5,2 milliards d’USD de prêts par an au cours de cette période décennale avant d’atteindre les seuils de déclenchement pour certains de ses principaux ratios.
En quoi l’AGC est-elle importante ?
La transition de l’Afrique de sa situation actuelle vers une croissance durable et inclusive est réalisable en l’espace d’une génération. Mais pour parvenir à cette croissance durable afin de réaliser les ODD d’ici 2030 tout en respectant les objectifs d’adaptation au changement climatique fixés par les États africains dans leurs contributions déterminées au niveau national, il faut procéder à une augmentation rapide et substantielle des volumes d’investissement provenant des ressources propres de l’Afrique, des investisseurs privés et des partenaires internationaux au développement.
Il y a de sérieux défis à relever. La pauvreté dans les zones reculées et dans les petits pays enclavés est un problème particulier, notamment dans les zones rurales. L’Afrique doit accélérer son intégration économique, en particulier en améliorant la connectivité, afin que les régions en retard de développement puissent également bénéficier de la croissance. Les inégalités de genre coûtent en moyenne 95 milliards d’USD par an à l’Afrique subsaharienne, soit 6 % du PIB de la région. Plus de 250 millions de personnes en Afrique sont touchées par la fragilité. Le secteur agricole africain a un besoin urgent de modernisation et d’industrialisation pour attirer plus d’investissements et créer plus d’emplois, en particulier en faveur des jeunes.
Cette augmentation de capital aura un impact important et immédiat sur la capacité de la Banque à servir ses pays membres régionaux, à mobiliser d’autres ressources et à promouvoir un changement porteur de transformation.
Il est essentiel d’investir davantage dans l’intégration régionale et les infrastructures régionales, en particulier dans la fourniture de services de transport et d’énergie, pour stimuler la croissance des marchés régionaux dont ont besoin tous les pays africains.
L’augmentation de capital permettra des investissements à grande échelle pour stimuler la diversification essentielle à une croissance économique durable.
La mobilisation des investissements du secteur privé et la promotion de son développement sont essentielles pour parvenir à la transformation économique dont le continent a besoin. Ces avancées doivent aller de pair avec des changements dans les politiques fiscales nationales, et parallèlement, une place plus grande doit être accordée à l’Afrique dans les décisions touchant la politique fiscale internationale afin de permettre une plus grande mobilisation des ressources nationales.
Pour les pays à faible revenu, les nouvelles approches adoptées par la Banque permettent aux pays FAD d’accéder à un financement du secteur privé et à des options de financement combinées pour répondre à leurs énormes besoins de financement. De plus en plus de pays FAD sont sur le point d’être reclassés et sont donc éligibles au financement souverain de la BAD. Cela représente une opportunité majeure d’accroître les investissements dans les infrastructures.
Pour les pays à revenu intermédiaire, une augmentation générale du capital permettra aux pays qui ont actuellement une marge de crédit limitée ou inexistante de bénéficier du financement de la Banque, et donc d’attirer un financement du secteur privé, décuplé par les prêts de la Banque.
Quel est l’impact financier et sectoriel d’une augmentation générale du capital de 125 % et à quel niveau se fera-t-il ressentir ?
Une augmentation générale de capital de 90 à 208 milliards d’USD fournira à la Banque les capitaux et les ressources humaines nécessaires à la réalisation de sa mission de développement.
Les estimations de prêt sont fondées sur la demande des clients, comme l’indique par exemple le portefeuille d’opérations de la Banque pour les trois prochaines années. En 2020 et 2021, cette réserve représentera respectivement un volume total d’opérations de 15 et de 13,6 milliards d’USD, soit près de deux fois les objectifs de prêt indicatifs fixés pour ces années. Ces opérations pourraient donc, théoriquement, être financées.
La Banque affectera une part de plus en plus importante de ses fonds à l’énergie (25 %) et à l’agriculture (20 %) d’ici à 2031-2032, contre 12 % et 10 % respectivement entre 2019 et 2021.
La Banque utilisera ses ressources supplémentaires en capital de manière stratégique et sélective pour atteindre les objectifs de ses High 5, débloquer d’autres ressources et accélérer des processus de développement plus vastes.
Dans le cadre de ses cinq grandes priorités, la Banque se concentrera davantage sur ses avantages comparatifs. Elle réalisera notamment des investissements stratégiques, assurera la promotion d’initiatives régionales et mobilisera d’autres sources de financement. En plus de ces efforts, la Banque offrira un appui aux pays membres africains pour qu’ils renforcent leurs politiques, leurs institutions et leurs capacités de mise en œuvre.
Le capital autorisé de la Banque sera augmenté de 115 milliards d’USD, dont 6,9 milliards seront exigibles sur la période considérée et 108 milliards sous la forme de capital appelable. Avec ces ressources supplémentaires, la Banque prévoit de fournir environ 100 milliards d’USD au cours de la période couverte par l’AGC-VII.
Quel est l’impact prévu d’une augmentation générale du capital de 125 % sur l’humain et le développement ?
105 millions de personnes bénéficieront de raccordements électriques nouveaux ou réhabilités.
11 248 MW de nouvelle capacité électrique totale installée.
6 971 MW de nouvelle capacité d’énergie renouvelable installée.
244 millions de personnes bénéficieront des améliorations apportées à l’agriculture.
15 millions de personnes tireront profit des projets dans lesquels la Banque a investi.
252 millions de personnes bénéficieront d’un meilleur accès aux transports.
33 338 routes seront construites, réhabilitées ou entretenues.
128 millions de personnes auront un accès nouveau ou amélioré aux services d’eau et d’assainissement.
31 millions d’emplois seront créés.
L’impact des prêts de la Banque va bien au-delà des résultats directs et des avantages estimés ci-dessus. Ces prêts contribuent à la croissance, à la création d’emplois, à l’augmentation des revenus des ménages et des recettes publiques, au développement des opportunités économiques en aval et des exportations.
Quelle est la contribution des pays africains au capital de la Banque ?
Le statut de la Banque africaine de développement exige que 60 % des actions de la Banque soient détenues par des membres africains et 40 % par des membres non africains. Les membres non régionaux de la Banque africaine de développement doivent devenir donateurs du Fonds africain de développement avant de rejoindre la Banque.
De manière générale, comment le financement est-il réparti entre les pays africains ?
La Banque africaine de développement peut financer des projets et des programmes dans les 54 pays du continent. Cependant, ses prêts souverains sont limités aux pays solvables et ayant un certain RNB par habitant. Tous les autres pays sont financés par le Fonds africain de développement, lui-même alimenté principalement par des donateurs non régionaux, sous forme de dons et de prêts concessionnels.
DA/aBamako