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Au Tchad, les opposants se mobilisent contre le président

Alors que le président Idriss Déby Itno entamera lundi 8 août son cinquième mandat, les opposants organisent une série de manifestations contre son investiture.

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Élu le 10 avril 2016 dès le premier tour à 61,56 % des voix, le président Idriss Déby Itno fait face à une opposition virulente qui conteste la légitimité de son élection. Six des 13 candidats déchus à la présidentielle se sont réunis avec vingt-six partis politiques et forment le Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (FONAC) pour lutter contre l’investiture du président.

Une élection contestée

Dès le week-end précédant l’investiture d’Idriss Déby, lundi 8 août, des meetings seront organisés par les responsables de l’opposition pour contester le résultat des élections. Selon eux, le vote d’avril n’était qu’une pure mascarade servant à asseoir le régime d’Idriss Déby, et les résultats officiels sont très éloignés de la réalité.

Florent Geel, responsable du bureau Afrique à la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), explique qu’il est fort probable qu’il y ait tricherie, malgré l’utilisation pour la première fois du vote biométrique : « Les votes étaient particulièrement contrôlés. Des membres de l’armée qui étaient accusés de ne pas avoir voté pour Déby ont disparu après le scrutin. Officiellement, ils sont partis en mission. Certains restent encore introuvables. »

Trois jours de mobilisations

Face à cette dictature qui ne dit pas son nom, les opposants tentent de réveiller la population. Trois journées de mobilisations sont programmées le week-end du 6 et 7 août, ainsi que le lundi 8 août pour l’investiture du président Idriss Déby.

Outre les meetings de sensibilisation, une marche pacifique est annoncée le dimanche 7 août. L’action la plus marquante, mais aussi la plus incertaine, est planifiée lundi 8 août avec l’opération « ville morte ». Il s’agira pour les Tchadiens de rester chez eux toute la journée pour stopper l’activité du pays.

Cependant, l’ampleur des manifestations reste très incertaine. Le journaliste tchadien Makaïla Nguebla rappelle que « le Tchad n’a pas une tradition militante », donc qu’il peut être difficile de mobiliser les habitants.

Un appel à la démocratie

« C’est une lutte de longue haleine, mais nous voulons que Déby reconnaisse qu’il n’est pas le président légal du Tchad, déclare à La Croix le chef de l’opposition Saleh Kebzabo. Nous souhaitons engager un dialogue national inclusif pour redessiner un nouveau schéma politique. »

Mais le président au pouvoir depuis 26 ans tient son pays d’une main de fer. Les arrestations sont fréquentes, et les disparitions ne sont pas rares, comme celle de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh disparu en 2008 et dont le corps n’a jamais été retrouvé. « Être un opposant au régime n’est pas sans risque au Tchad, explique le spécialiste Florent Geel. Les leaders du mouvement prennent de gros risques. »

Reste que le pouvoir est fragilisé par un contexte économique difficile. De nombreux chantiers en cours ont été arrêtés, les salaires sont payés avec beaucoup de retard et le pays règle ses dettes au compte-gouttes, selon le chef de l’opposition. Une partie de l’aide internationale et de l’argent du pétrole est détournée pour les besoins de l’armée. « La population en a marre, nous sommes à deux doigts d’une explosion sociale », avertit Saleh Kebzabo.

Une évolution possible ?

La crise nourrit une vague de mécontentements au sein la société civile que tente de capter l’opposition. Un mouvement de jeunes est en marche depuis environ un an, en particulier dans la capitale, et l’affaire Zouhoura, jeune fille victime d’un viol collectif par des enfants de dignitaires et le fils du ministre des Affaires étrangères, a eu un lourd retentissement sur la population tchadienne.

L’alliance de tous les candidats contre le président est aussi inédite, même si elle a échoué. Florent Geel pense néanmoins que les effets immédiats seront minces : « Les têtes de l’opposition tchadienne sont les mêmes depuis une vingtaine d’années, ce qui est bien trop long. Mais un nouveau souffle vient des mobilisations des jeunes générations qui ont toujours connu Idriss Déby au pouvoir et qui veulent du changement ».

Un allié des Occidentaux

Contesté à l’intérieur de son pays, le président continue de bénéficier du soutien de la communauté internationale. La France et plus largement l’Union Européenne ont fait d’Idriss Déby et du Tchad un pilier de la lutte antiterroriste, notamment contre le groupe terroriste Boko Haram. La capitale N’Djamena est d’ailleurs le QG de l’opération militaire française Barkhane.

Pour le journaliste et blogueur Makaïla Nguebla, la communauté internationale doit mettre fin à son attitude conciliante vis-à-vis du président Idriss Déby. Il conclut : « Le Tchad aussi a besoin de démocratie. »

Source : autre presse

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